RODIN, LA CHAIR, LE MARBRE musée Rodin. Paris jusqu’au 3 mars au musée Rodin jusqu’au 3 mars 2013

Rodin est aujourd’hui considéré comme le maître du modelage. Ses bronzes, et la manipulation des motifs qu’ils permettent ont fait leur célébrité, à juste titre. Les analyses de Rosalind Krauss ont fait de Rodin un des principaux sculpteurs modernes. Il multipliait les versions d’un même motif, reprenant sans cesse ses petits modèles, les modifiant ou les intégrant à d’autres ensembles où ils prenaient parfois une tout autre signification. Cet façon nouvelle d’utiliser ses propres œuvres, de les modifier sans cesse est une des caractéristiques de l’art du XXème siècle. Pour autant, la vision qui était celle de la fin du siècle dernier, celle d’un Rodin chantre de la taille directe – devant lui, « le marbre tremble » disait-on alors – doit être reconsidérée. La fermeture de l’hôtel Biron pour restauration est l’occasion de réunir dans la chapelle du musée des marbres représentatifs de toute sa carrière. Les œuvres sont classées suivant quelques chapitres très éclairants comme « l’illusion de la chair » ou « la figure dans le bloc » qui permet de considérer l’inachèvement de ses sculptures.

cRodin. La chair, le marbre. Ed. Hazan
chacun des chapitres du catalogue est présenté par un texte clair avant que toutes les sculptures ne soient analysées en détail. Mais l’intérêt du catalogue est surtout dans les textes l’introduisent. La réflexion menée est nécessaire : notre conception de la sculpture a changé. A la fin du XIX°, tous les sculpteurs en taille directe avaient recourt à des praticiens pour les aider à donner forme à leur projet. A partir de leur modelage, ils réalisaient la sculpture en marbre. Le « maître » donnait des indications, intervenait parfois, mais une grande part du travail était faite par un autre. On connaît le nom des praticiens de Rodin, Falguière ou Bourdelle ont travaillé pour lui. Mais on sait aussi le grand tort porté par quelques scandales après la mort du maître (un praticien, par exemple a réalisé des œuvres après sa mort). Aline Magnien, François Blanchetière et Paul-Louis Rinuy ont analysé ce problème en détail, car il pose la question de l’œuvre même de Rodin : qu’est-ce qui fait de ses marbres des œuvres à part entière. Sont-elles ou non de vulgaires copies de ses modelages originaux ? La question devait bientôt être reprise par les artistes modernes. Elle est, depuis Duchamp, un lieu commun de l’art contemporain (mais lorsqu’il ne fait rien , c’est l’artiste qui, par son choix fait l’œuvre… et non le praticien). Rodin ne la posait pas, car il n’y avait pas de problème de paternité. Il avait simplement besoin de praticiens pour répondre à ses multiples commandes. Cela pose un problème esthétique sans doute, mais cela lui permet aussi de multiplier les interprétations différentes d’un marbre à un autre. Car il reprend parfois le même sujet à plusieurs années d’intervalle. Il s’agit bien de variations, de réflexion, de vision, et non seulement d’un savoir faire technique.

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