Annette messager. Catherine GRENIER. Editions FLAMMARION / CNDP

 

A l’occasion de l’exposition du Musée de Strasbourg jusqu’au 3 février, les éditions Flammarion actualisent la grande monographie de Catherine Grenier, directrice adjointe du Centre Georges Pompidou et auteur de nombreux ouvrages dont « Dali, l’invention de soi » (éd. Flammarion) dont je parlais il ya quelques mois. L’ouvrage retrace tout le parcourt de l’artiste, pour mieux nous faire comprendre et aimer les sentiments étranges qui nous assaillent lors des visites de ses expositions. Née et élevée à Berck, ville du Nord, réputée pour son sanatorium où se concentre toute une population de malades ou d’anciens malades, Annette Messager est très vite confrontée à des objets de dévotion populaire, comme les œuvres votives qu’elle découvre dans les églises où elle se réfugie pour fuir et montrer sa différence face à des parents athées. En effet, dans les années 70, elle divise son appartement en deux, une partie pour les activités artistiques, une autre pour ses activités de collectionneuse, celle-ci étant vite devenue l’envers de la première, avec ses petites dessins ou photographies qu’elle assemble au gré des expositions. La série des « Chimères » des années 80 montre pour la première fois la synthèse de ces deux ensembles dans des œuvres qui tiennent à la fois du conte de fée et du cauchemar. Puis les « vœux » ou les « trophées » montrent une nouvelle attention au corps humain, souvent démembré, avant que les œuvres plus sophistiquées comme « sous vent », mise en scène en 2004 au couvent des cordelier, ou « Casino » en 2005 à la Biennale de Venise n’insiste à nouveau sur une esthétique drôle et inquiétante mais qui relève plus de la fête foraine. Le dernier chapitre permet mieux comprendre aussi les « continents noirs » exposés à Strasbourg. Elle s’insipire des voyages de Gulliver où celui-ci  est accueilli  dans une île volante, « microcosme insulaire qui se déplace dans les airs ». Sur les continents, des formes géométriques noires évoquent « l’espace métaphysique de  G. de Chirico ou de Carra. Mais l’absence de toute présence humaine ou organique rapproche les œuvres de formes cristallines souterraines. C. Grenier parle d’un monde d’ « anticipation » : comme l’expliquait J.G. Ballard, l’anticipation « s’appuie sur une conscience aiguë des fantasmes et des peurs générés par le temps vécu par le narrateur ». Comme le livre de Jonathan Swift, l’œuvre de A. Messager est un conte philosphique et politique.

 

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