Cette exposition était un des moments forts de cet hiver. Les œuvres de la collection Decharme avaient été choisies avec soin, et classées suivant 12 thèmes, comme « à l’orignie le chaos » ou « les jeux de langage »… Mais ces thèmes étaient suffisamment vastes et imprécis, pour que l’on évite un exposé trop didactique du sujet. Parallèlement à ces thèmes, quelques artistes phares faisaient l’objet d’une présentation monographique ou étaient présentés en dialogue avec un ou deux autres artistes, comme Wölfli qui fut le premier artiste acheté par Decharme.
collection ABCD. Bruno Decharme. art brut. éd. flammarion.
L’ancien assistant de Jacques Tati, Bruno Decharme s’est transformé en l’un des principaux collectionneurs d’art brut, avec les 3500 œuvres que compte son association ABCD, crée en 1999 pour l’ouvrir au public. Ce catalogue reprend le schéma de l’exposition, construite autour des 12 thèmes qui oriente notre découverte. Après les recherches des véritables découvreurs l’art brut comme Hans Prinzorn, André Breton ou Jean Dubuffet, qui ont véritablement déplacé ces créations vers le champ de l’art, il ne peut plus être question d’aborder l’art comme auparavant. Tous ces artistes sont en proie à des « désordres intérieurs » ou à des difficultés importantes, touchant à leur vie ou à leurs visions. On ne peut les, considérer comme les autres artistes car ils ne créent pas en général avec l’intention de produire de l’art. Ce sont des « messages à Dieu » des communication avec des esprits, des œuvres de protection –« des œuvres magiques » comme Picasso le disait des œuvres primitives…. Les textes qui referment l’ouvrage souligne la richesse des œuvres toutes reproduites avec soin. Philippe Dagen, par exemple, souligne combien le nom d’art brut nous induit en erreur. Ces œuvres sont d’une richesse prodigieuse et on est loin d’une quelconque brutalité. Ces textes permettent de comprendre un peu l’énigme qu’elles recèlent, loin d’une démarche simplement culturelle.
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