complémentaires

« Deux couleurs pigmentaires qui, mélangées, donnent du gris-noir neutre, nous les désignons sous le nom de couleurs complémentaires. Physiquement, deux lumières colorées qui, mélangées, donnent de la lumières blanches sont également complémentaires. » (Itten)

J. Itten distingue ici ce qu’on appelle la synthèse soustractive des couleurs qui mène au gris ou au noir… de la synthèse additive qui, dans le cas de rayons de lumières mène au blanc, comme dans les églises ou les vitraux colorés reconstituent la lumière blanche

 
 


« Deux couleurs complémentaires sont une paire de couleurs étranges. Elles sont opposées, elles s’exigent réciproquement, elles se renforcent jusqu’à la luminosité la plus grande l’une à côté de l’autre et se détruisent par le mélange, en gris – comme le feu et l’eau.
Il n’y a chaque fois qu’une seule couleur qui soit complémentaire d’une autre. Sur notre cercle chromatique, les couleurs complémentaires sont diamétralement opposées.
(…)
la loi des complémentaires est le fondement d’une cxréation harmonieuse, car en lui obéissant, on réalise un équilibre complet de l’œil.
(…)
Chaque couple de couleurs complémentaires a en outre ses propres particularités.

  • Le groupe de couleurs jaune : violet ne renferme pas seulement le contraste des complémentaires, mais aussi un fort contraste clair-obscur.
  • Le couple de couleurs rouge-orangé : bleu-vert est complémentaire et en même temps il montre sa plus grande force le contraste froid-chaud.
  • Les couleurs rouge : vert sont complémentaires, elles sont d’égale clarté et leurs valeurs de rayonnement sont égales. »

Ces extraits de l’ouvrage de Itten permettent de comprendre ce que sont réellement deux couleurs complémentaires.
Je vous propose donc dans un premier temps de choisir une couleur et de trouver sa complémentaire. Pour cela, il faut les mélanger jusqu’à obtenir le gris neutre.


Choisissons comme couple de couleur le vert:rouge. je vous propose de partir du rouge. Cherchez un vert qui vous paraît être son exact opposé. Leur mélange va donner une couleur assez indéfinissable et assez sombre. Pour voir ce qu’il en est, prenez en un peu (il faut conserver votre mélange intact pour pouvoir le réutiliser ou le retrouver) que vous mélangerez à du blanc. Le gris qui en résulte doit être neutre :
• ni vert ni rouge (sinon vous rajoutez inversement, du rouge ou du vert)
• ne pas tendre vers du jaune (sinon, cela signifie que le vert trouvé serait trop jaune et il faut lui ajouter du bleu dans ce cas.
• ne pas tendre vers le bleu (sinon, cela veut dire que votre vert serait trop bleu, et il faudrait alors lui ajouter du jaune)

Lorsque vous avez trouvé votre vert complémentaire qui fait un gris neutre (ni jaune, ni bleu), faites-vous un nuancier de 7 valeurs de dégradés du rouge au vert, comme sur la figure 0. Nous avons choisi le couple de complémentaires dont la luminosité est la plus proche : toutes ces nuances ont la même clarté. A partir de ces nuances entre le rouge et le vert, vous allons obtenir tous leurs dégradés vers le blanc et vers le noir.
Je vous propose de réaliser un paysage avec ces nuances en aplat, et pour cela de chercher d’abord toutes les teintes que nous pourrons utiliser, dans un tableau de 7×7 cases de nuances (1,5×1,5cm).
Il faut être très méthodique. Dès que vous avez une case du vert au rouge, remplissez toutes la verticale vers le blanc et vers le noir. Voici les étapes de sa fabrication :


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  • Plus les teintes se rapprochent des deux points de départs vert et rouge (milieu à droite et à gauche), plus elles seront vives.
  • Si des teintes vives se rapprochent l’une de l’autre, le contraste sera fort
  • Si des teintes désaturées (par ajout de la complémentaire ou de noir ou de blanc) se rapprochent l’une de l’autre, le contraste sera faible

il faut organiser ces contrastes plus ou moins forts, sachant que notre œil est attiré et sollicité par cette force, et glisse plus rapidement sur les contraste faibles.

Je vous propose de réaliser ensuite une gouache, en n’utilisant que ces différentes nuances. Voici quelques exemples réalisés sur ce principe :

  • Dans la figure 10, les contrastes forts guident nos regards près de l’horizon, autour des toits. Le ciel est réalisé avec un violet rompu par du jaune ce qui crée un gris teinté qui donne de la résonance aux violet et jaune vif du premier plan.
  • Dans la figure 11, les contrastes sont moins forts, car le feuillage est réalisé avec du vert rompu par du noir ou du blanc, et le rouge du ciel est rompu par du blanc. Le rouge vif est éloigné des deux uniques touches de vert vif dans le feuillage de l’arbre de droite.Le soleil n’est pas mis en contraste fort car ne sollicite que le contraste de clair-obscur, et non les complémentaires
  • Dans la figure 12, au contraire, le soleil attire notre regard car est en complémentaire avec le ciel rouge. Les deux points forts sont donc ce soleil et le tronc de gauche
  • Dans le portrait de sa fille, Rubens utilise lui aussi ces contrastes de complémentaires : les joues rouges et ses lèvres sont mises en évidence par le fond et le vêtement traités avec des verts rompus par un peu de rouge et de noir.
  • Je vous propose de partir de ces quatre dessins au bambou de Van Gogh, mais de les réaliser en aplat. Le premier est celui qui a été choisi comme point de départ des dessins 11 et 12.

    Le monotype


     
     
     
     
     
     
     
     
    Voici les premiers dessins reçus :
    Ce premier ensemble de Pascale Dagron me permet de préciser le but de ce travail. Il s’agit d’abord de mieux maîtriser les lois sur la couleur.

    Il faut d’abord être capable de trouver (vite et bien) la complémentaire de la couleur que vous avez choisie au départ. Une fois que vous avez trouvé votre couple de complémentaires, vous avez (virtuellement au moins) tout un damier de valeurs-couleurs comme celui que je vous avez décrit ci-dessus en vert-rouge. Pascale a choisi le jaune violet qui permet aussi de travailler en clair-obscur (le jaune est la couleur la plus claire et le violet la plus sombre). Sur son premier dessin, elle montre la compréhension de tous ces paramètres : le toit jaune concentre notre attention sur la maison, car c’est la touche la plus vive du dessin et elle est juxtaposée avec des violet assombris de noir des cyprès. Cette couleur est ensuite reprise pour le premier plan où quelques touches de tons « rompus » (gris-brun) font le passage entre le jaune pâle et le violet pâle. Comme chez les fauves, elle laisse de large plage de papier vierge autour de chaque touche de couleur pour faciliter les passage entre ces accents colorés.
    Cette légèreté me paraissaient néanmoins trop forte, comme si mon regard n’était pas accroché par son dessin. Sans doute, notre regard est influencé par un siècle de modernisme et sa gouache aurait déjà parue trop hardie pour un amateur du début du XXème siècle. Mais je lui conseillais de force un peu ses couleurs.
    Le second dessin perd sans doute en lisibilité,mais me paraît nettement plus intéressant. La maison garde la primeur de notre regard, mais sa proximité avec un violet plus pur rend ce centre plus dynamique! les tons rompus « de passage » sont remontés sous la maison et un contraste au premier plan reprend celui de la maison en plus léger, comme un rappel.

    Dans cette gouache aussi, les choix sont francs et déterminants. Le soleil de Van Gogh est son sujet principal, repris en rappel par le champ entre les deux arbres traités en tons rompus. le contraste maximum y est donc concentré.
     
     
     
     
     
     
     
     
    Comme chez les fauves, Valérie a choisi de changer la couleur des troncs en fonction de la couleur du ciel qui l’entoure. Mais son traitement n’est pas tout à fait abouti. le contraste entre le haut de l’arbre de gauche rompu(2) et le soleil jaune vif (3) devrait être le même que celui de la partie jaune du tronc (5) et le ciel rompu (6) près de l’horizon, à sa droite. Et ces contrastes devraient être les mêmes sur la partie gauche de l’arbre (1) et (4).
     
     

    C’est pour cette raison que Derain modifie par exemple ses troncs dans « le pont de Charing Cross ». S’il ne l’avait pas fait les contrastes avec la tamise aurait fait percevoir le tronc plus ou moins loin de l’eau, ils l’auraient déformé.
     
     
     
     
     

     
     
     
     
     
     
     
     
     
    Marie-Hélène BOUVIER-COLLE n’avait pas de gouache blanche et a donc tenté l’exercice à l’aquarelle. Mais le résultat ne peut être le même car le blanc à la gouache rend la couleur moins vive que l’aquarelle légère que Marie-Hélène utilise par exemple dans le champ vert. D’autre part, les complémentaires de Marie-Hélène ne me semblent pas stables : le vert oscille entre un vert assez proche de « vert de vessie » à gauche dans l’arbre ou terre verte au premier plan, à un quasi-jaune dans le champ ou le soleil. Pour l’exercice, il faut un vert toujours identique sur tout le dessin pour répondre au rouge toujours identique.
    Il faut aussi essayer de réduire les zones blanches pour mesurer les effets de contrastes entres les couleurs, comme je l’ai dit plus haut à propos du dessin de Pascale Dagron. Ici, le ciel devrait être traité avec une nuance.
    Enfin, il faut aussi et surtout organiser les contrastes. Ici, le plus fort doit-il être celui près du soleil? ou près du tronc de gauche? ou dans le feuillage de gauche. Essayez si c’est possible de le reprendre en choisissant davantage.
     
    Les versions de Mariane Genetine et Elisabeth Sabatie montrent des choix très différents. Par rapport aux contraintes imposées par l’exercice, il ne me semble plus trop y avoir de problème. Toute les zones sont traitées et les couleurs sont relativement stables et obtenues à partir de complémentaires vert-rouge.
    Tout au plus Mariane me semble avoir un peu fait varier son vert vers plus de jaune vert au premier plan. Il n’est donc plus tout à fait complémentaire du rouge choisi. On s’en aperçoit bien en comparant les troncs rouges avec ce qui les entoure. à droite, le tronc est en contraste fort avec le champ ou la forêt, mais le dialogue entre les couleurs est harmonieux : il y a dialogue entre ces couleurs opposées. à gauche, le tronc avoisine un vert plus jaune et le dialogue est rompu (sans doute est-on plus proche de ce que les expressionnistes allemands réalisent). Mariane a choisi de concentrer notre attention sur les tronc et les champs plutôt que sur le ciel traité en tons rompus qui permettent de calmer le jeu entre tous ces tons contrastés.
     
    La version d’Elisabeth est plus tourmentée, semble-t-il, à cause de sa touche plus variée. L’utilisation de cette touche tour à tour sèche ou humide accentue l’expressivité de l’ensemble du dessin.
    Comme on peut le voir sur ce détail, les contrastes les plus forts sont l’horizon à gauche de l’arbre de gauche, puis les deux feuillages. j’établis un ordre chronologique entre ces deux contrastes car le premier est supérieur au second. Cela introduit un ordre dans notre lecture. Plus la couleur est pure, plus elle est vive. à droite, l’ajout de blanc dans le rouge l’affaiblit, et de même dans le feuillage de l’arbre qu’on ne voit donc qu’après(ou au premier plan du dessin peut-être un peu trop grand et trop bleu(?)).

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