dessin cubiste

La première étape du cubisme a lieu juste après l’aventure des « demoiselles d’Avignon », tableau réalisé par Picasso en 1907. Pendant l’été, Braque digère la révélation que ce tableau a crée, ainsi que l’exposition rétrospective des oeuvres de Cézanne. Les oeuvres qu’il rapporte après l’été sont toutes refusées au Salon d’automne. Il décide de les exposer chez un jeune galeriste allemand encore inconnu, D. Kahnweiler. Le catalogue de l’exposition est préfacé par Apollinaire.

Picasso et Braque, à partir de qu’ils ont observé chez Cezanne, les primitifs, Greco, Gauguin et Van Gogh… en sont arrivé à des œuvres, vers 1910-12 qui ont les caractéristiques suivantes :
• refus de tout mimétisme
• autonomie du tableau par rapport au réel
• refus de la troisième dimension : le tableau ne doit pas se « trouer »  comme une fenêtre ouverte sur le monde (Bonnard)
• conservation du plan du tableau (cela annonce Mondrian)
• conserver le sujet : Picasso et Braque refuse de perdre le contact avec la réalité. Ils refusent l’abstraction (cf. ce que disait Picasso à l’entrée de l’exposition « les musiques de Picasso » des défenseurs de l’abstraction qui comparent la peinture à de la musique pour défendre l’abstraction)


A ce stade, on observe que le violon et la palette continuent à garder une grande présence. Le plan du tableau est détruit par les ombre forte projetées à droite de l’instrument par exemple. De même pour le clou qui en haut du tableau soutient la palette dont parle le titre. Le tableau ne réussit pas encore à présenter la cohérence dont je parlais ci-dessus.Pour ce faire, ils ont du
• limiter des couleurs à quelques terres plus ou moins chaudes ou froides ( chaude = terre de sienne brulée ou terre d’ombre brulée plus sombre ; froide = ocre ou terre de sienne naturelle ou terre d’ombre naturelle plus sombre)
• privilégier les « passages » entres les différents plans des objets, de façon à relier les avancées et les reculs : cela permet aux regards d’aller de l’avant vers l’arrière ou inversement.
• « casser » les objets représentés dès qu’ils se détachent trop du fond.
• Alternativement placer des points de fuite devant ou derrière les objets, de façon à empêcher les« trous » dans le tableau.

Sur cette eau forte, Braque continue à montrer une nature morte, dominée par une bouteille. Vers 1911-12, Braque et Picasso, sentant le réel leur échapper, réintroduisent des signes pour le signifier. La bouteille est signifiée par son goulot. Les deux verres par leurs pieds. Mais chaque plan qui se gonfle est aplati par une ombre qui le creuse. Cela est visible par exemple sur le verre à pied sous la bouteille, dont le ventre est recouvert d’ombre.

Par delà le plaisir que nous avons à mieux comprendre les œuvres de Picasso et Braque et ce moment précis de l’histoire de l’art, qui présida à l’invention de l’art moderne, ce travail est important car il nous conduit à :
• considérer notre travail comme une recherche et non un beau travail.
• Privilégier notre travail comme un tout autonome
• Privilégier la composition.

à vous de jouer avec la nature morte que je vous ai montrée ces derniers cours

Le monotype

voici les dessins que vous m’avez envoyés :


 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
Ces quatre premiers dessins ne correspondent pas tout à fait aux consignes que nous nous sommes imposées : ceux de Mireille et Elena sont toujours réalistes, alors que Picasso et Braque ont déjà conscience que le langage classique de l’art ne correspond plus au monde moderne. Face au développement de la photographie et à l’essor de la modernité (avion, train, machine, vitesse…) l’immobilité d’un point de vue unique et stable est impossible à tenir. Ils refusent tout mimétisme.
De plus, pour que la vision ne soit pas trop morcelée, ils privilégient les passages entre ces différents points de vue grâce à de multiples dégradés de valeur : les dessins linéaires comme que Colette et Jean-Luc ne peuvent suffire car ne nous permet pas de passer d’un objet plastique à un autre. Il faut davantage unifier la surface du plan de votre image pour faire passer nos regards d’un objet à l’autre.

Ces deux dessins correspondent davantage à ce qui était demandé par rapport aux points qui viennent d’être soulignés, mimétisme et passages entre les plans. Mais celui de Florence privilégie trop un espace mou, comme si les objets se fondaient les uns dans les autres. Ce regard évoque davantage le surréalisme que le cubisme : les objets se métamorphosent les uns dans les autres comme dans un rêve. Pour les cubistes, il n’en est rien. Ils restent dans le réel, mais leur regard est mobile et leur esprit aussi qui passe sans cesse d’un objet à l’autre, mais par cassure. Catherine est davantage dans cet esprit, même si les objets donnent davantage l’impression d’être transparents, comme s’ils étaient évanescents. Picasso et Braque sont plus contingents : certains historiens ont souligné leur volonté d’être présents au monde. Leur prédilection pour la nature morte montre leur intérêt pour le réel immanent. Cela est sans doute dû aux manque de dégradés entre les différents points de vue et autre renseignements donnés sur la nature morte.
 
 
 
 
 
Ces trois dessins correspondent pleinement aux buts que nous avions fixés et préparent le travail suivant, la semaine prochaine.

Celui d’Eléonore crée un passage entre le plan de la table à droite et le dessus de la guitare où semblent posés les autres objets. Mais la diagonale ascendante permet aussi le lien entre les deux plans. Le haut à gauche me paraît moins lié au reste du dessin, et la verticale laisse trop facilement sortir notre regard vers le haut. Cela montre un intérêt de ce dessin préparatoire : les dessins cubistes sont des dessins autonomes par rapport au réel mais cherchent à centrer notre regard sur l’œuvre, comme un objet autonome, qui se suffit à lui-même. Aucun extérieur au tableau n’est suggéré, contrairement à ce que nous verrons chez les abstraits américains ou Mondrian, par exemple.


Les passages dans le dessin de Marie-José sont nombreux et permettent au regard de circuler sur la surface. Les objets sont concrets, ils sont présents, mais ces passages les empêchent de trop se détacher du plan du dessin. Attention ce pendant à la composition du manche de la guitare qui me paraît trop arbitrairement « cassé ». Les formes de la composition doivent tous se répondre, comme dans une mélodie. Ce manche me semble apporter une note trop dissonante, mais peut-être est-ce ton but?
De même pour le fusain de Mercédès, le regard passe bien entre les différents plans échelonnés dans la profondeur de la nature morte. et la diagonale descendante me paraît moins arbitraire, car sans doute reliée au plan de la table en bas à droite. Attention cependant à ce que les différents cercle dans le quart en bas à droite ne soient pas trop répétitifs ( rayons trop proches?). il faudrait davantage les retravailler en lien avec les courbes de la guitare? le demi verre en abs à gauche me semble guider le regard vers la gauche, donc en dehors du dessin? ou il faudrait le repenser avec la courbe encore plus à gauche, celle de la guitare?

Pour terminer, je vous envoie une aquarelle de Bernard qui annonce déjà le travail suivant : elle montre à quoi serviront les différentes terres que je vous ai conseillé de trouver (terre de sienne naturelle et brulée, terre d’ombre naturelle et brulée, ocre, blanc et noir). Elles permettent de suggérer une troisième dimension, par des tons chauds qui avancent et des froids qui reculent. Mais on retrouve ici les problèmes évoqués plus haut, de présence trop importante du dessin par rapport aux dégradés de valeur (comme dans l’ouïe du violon à droite, ce qui fractionne le dessin) et certaines fractures trop arbitraires dans la composition. La technique à l’aquarelle est bien utilisée ici, mais la peinture serait rpéférable car permet davantage de recherche. Et pour Picasso et Braque, c’était essentiel!
Le matériel nécessaire pour la séance prochaine est de la peinture terre de sienne naturelle et brulée, terre d’ombre naturelle et brulée ocre blanc de titane et noir d’ivoire, pinceau et brosses et un support. Si c’est de l’huile, il faut aussi de l’essence de térébenthine et un plastique pour protéger chez vous et un carton toilé ou un papier préparé (au gesso). Sinon, gouache ou acrylique. Le format serait environ format raisin comme l’esquisse (50x65cm). Marie José m’envoie à l’instant un superbe dessin préparatoire, qui réussit un équilibre difficile entre présence et abstraction, variation et dispersion….








   
 
 
 
 
 
 
 
  
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
   
 
 
 
 
 
 
 
 
  
 
 
 
 
 
 
 
 
   
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Le dessin de Mireille 1 et 2 restent trop réalistes. La vision reste trop proche de ce qu’on verrait à une instant donné, avec un point de vue unique, ce dont ne veulent plus les cubistes : cet instant est menteur par rapport à la permanence qu’ils veulent trouver, et par rapport à notre regard réel, toujours changeant.
Celui d’Elena trop linéaire, ce qui nous empêche de relier nos différentes notations. De même pour le dessin de Marina dans lequel les objets semblent être juxtaposés sans avoir été traités ensemble, dans le même espace : il faut les relier par des passages de dégradés. De même pour le dessin de Katia, dans lequel les objets, bien que traités avec une multitude de valeur, ne semblent pas reliés dans l’espace. La bouteille est à côté du verre qui est à côté du citron, alors que dans la vérité, notre regard passe sans cesse de l’un à l’autre, jusqu’à les interpénétrer.
Celui de Marie-Hélène n’est pas assez précis pour que les jeux de formes puissent être construits, mais il est davantage dans le sens de ce qu’il faudrait. La construction doit être renforcée.
Les deux dessins de Gilles sont bons (surtout le second dont la partie centrale autour du verre intégré à la bouteille sont bien réussis et intégrés au reste, mais il faudrait réussir à intégrer le fond avec le motif principal. Les dessins de Simone vont dans le bon sens : les objets sont intégrés les ins aux autres sans prendre trop de présence cependant. Certains d’entre eux restent trop imbriqués cependant, comme la guitare et le verre de la deuxième version (ton premier dessin restait trop linéaire, sans dégradé).

Les cubistes ne veulent plus d’un sujet traités au milieu de la page. L’uniformité du traitement plastique a été parfois jugé quasi politique, comme un refus de toute position prééminente du motif. Le dessin de Simone vas dans le bons sens, mais me semble davantage être du cubisme « synthétique », c’est-à-dire que les objets ne sont pas assez analysés comme une succession de facettes juxtaposées. Ici, la guitare et les différents motifs sont devenus des signes plus clairement identifiables, même s’il sont abstraits. Cette phase sera caractéristique du travail de Picasso et Braque après 1912. Mais ce n’est pas notre sujet. Ici, il faut partir de ce qu’on observe et l’analyser. Non en faire la synthèse dans des signes quasi linguistiques.

La suite de ce cours sera dans le cours sur la peinture cubiste analytique
quelques dessins m’arrivent encore, que je vais m’efforcer de commenter (rapidement car nous sommes maintenant passé à la peinture)…


Pour le dessin de Sylvie, les passages entre les surfaces de lumière et d’ombre me semblent suffisants pour relier le volume du verre de gauche par exemple au plan qui est derrière sur lequel est écrit « guitare ». cela neutralise un peu le verre, surtout que l’écriture a aplati la surface derrière! Cela est aussi le cas pour les objets de droite qui s’imbriquent les uns dans les autres, verre, bouteille et guitare. mais ces fractionnement restent insuffisants : les objets restent trop présents. Et surtout, cela ne débouche pas sur une composition : les objets semblent posés sur le bord de la feuille, alors qu’ils devraient être composés en fonction de leur forme. Le dessin de Katia ne présente pas assez de dégradés. Ceux-ci devraient nous aider à passer d’une ombre à la lumière ou du manche de la guitare à la clarté qui l’entoure. Ici, le manche est entouré de trop de blanc, ce qui l’isole. Comme pour Sylvie, la composition n’est pas assez travaillée. Ces remarques ne concernent pas la partie droite qui me semble assez correcte avec le verre et la bouteille qui se mêlent à un morceau de guitare. mais cet ensemble devrait être rattaché à la guitare de gauche qui me semble cassée de manière arbitraire.

Les dessins de Pascale et de Florence réussissent à intégrer les objets avec le fond. Chez Pascale par exemple, le de gradé à droite permet de faire avancer le profil de la guitare. Si on monte en haut, on voit une sorte de verre qui nous permet de revenir à gauche dans une nouvelle guitare traitée en sombre cette fois. les plans clairs et sombres sont alternativement devant et derrière. Cela est aussi le cas chez Florence avec des contrastes moins marqués, ce qui permet de rendre la composition encore plus plate, ce que cherchait les cubistes. Ils voulaient tout de même signifier la guitare, ce que Florence réussit à faire par la sa représentation des cordes et du trou. Dans ces deux dessins, la perspective aurait cependant pu être davantage suggérée. Christophe choisit la même composition, mais ses contours sont plus marqués. Cela isole les objets, mais a l’avantage demieux signifier les objets.

Les trois dessins que vous m’avez envoyés après le cours de la semaine dernière sont à améliorer si vous le pouvez d’ici samedi le prochain cours : Eléonore a bien composé son dessin, mais doit continuer le travail fait sur le citron en bas de la composition : le fait de ne pas avoir cerné le fruit permet de réaliser un dessin plus dynamique. Cela doit )être poursuivi sur les autres motifs. Le travail de dégradé entre la guitare, la bouteille et le verre de même, au besoin en t’aidant des autres dessins montrés ci-dessus. Ulysse réalise une bonne étude des lumières et des dégradés sur les verres ou motifs du centre, mais cela est mal relié à la guitare et au fond qui n’est pas travaillé. Les cubistes cherchent à composer une toile plus homogène, avec moins de différence entre le sujet et le fond. Attention aussi à la mise en page. Lili, ton dessin est assez bon, car tu fais un vrai travail de dégradé entre les différentes parties du dessin, et empêche ainsi qu’aucun des objets ne sortent trop de l’ensemble. Attention cependant à la partition qui sort du reste, avec un travail sans doute plus classique : ses courbures pourraient être rattachées à celle de la guitare. Attention surtout au fond qui ne peut rester vide.

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