Formes biographiques

Formes biographiques. Jean-François Chevrier. éd. Hazan.

Cet ouvrage est le catalogue de l’événement, aussi bien de la première que de la seconde exposition. La première partie de l’ouvrage revient sur l’idée de « mythologie individuelle » inventée dès le romantisme.Gérard de Nerval y est omniprésent, tant ce qu’il définit ici est capital. Le célèbre « je est un autre » de Rimbaud doit lui être rattaché :Jean-François Chevrier analyse comment la biographie s’invente comme genre littéraire, où se raconte une histoire que l’artiste fabrique peu à peu. Les chapitres de l’ouvrage sont tous construits autour d’un artiste qui témoigne d’une nouvelle approche de la biographie. L’auteur nous montre d’abord comment la biographie se fonde toujours autour d’un lieu.C’est la « chambre 202 de l’Hôtel du Pavot » de Dorothée Tanning, ou les lieux imaginaires crées par frottage ou grattage par M. Ernst. Ce sont aussi et surtout les fameuses demeures d’Etienne-Martin, qui doivent aussi être envisagée comme des matrices. Tous ces lieux imaginaires sont lieu de la naissance, lieu de la création, lieu d’où « l’homme regrette les obscures poussées de son origine qui l’enveloppaient de parois humides où le sang battait tout près de l’œil avec le bruit de la mère ».Parmi les œuvres d’Etienne-Martin, l’abécédaire referme ce chapitre : c’est en effet un système complexe créé par l’artiste. Chaque lettre de l’alphabet correspond à la fois à une pièce de sa maison d’enfance, à une période de sa vie et enfin à une ou plusieurs sculptures. C’est sans doute à ce titre que J-F. Chevrier lui donne une place déterminante dans son analyse :dans l’abécédaire, Etienne-Martin accumule les dessins, schémas, les cahiers et les objets sculptés. chaque élément relie à la fois la vie à loeuvre et à la maison de son enfance.La seconde partie de l’ouvrage est véritablement consacrée à la construction de la biographie, et dès le départ, à l’exemple de Kafka, l’invention de la biographie est entrevue comme constitutive de l’invention de l’œuvre : en 1922, Kafka écrivait ainsi « l’écriture se refuse à moi. D’où mon plan d’enquêtes autobiographiques. Non biographie, mais recherche et découverte d’éléments aussi réduits que possibles. C’est là-dessus que je m’édifierai ensuite ». Les exemples convoqués sont innombrables qui montrent tous l’artiste aux prises avec le réel, qu’il réinvente au moment même de la création.

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