1908. Cubisme de Picasso et Braque

I. invention du cubisme

Après les effusion des fauves en 1905, le cubisme veut réagir au pouvoir dissolvant de la couleur.

1. Picasso avant le cubisme.

Vers 1900 ,Picasso se lie d’amitié avec  Carlos Casagemas. Ils partent à Paris, le centre artistique incontournable de l’époque, et s’installent sur la butte Montmartre. Picasso commence à fréquenter Odette, et Carlos tombe amoureux de Germaine Gargallo. Après une approche facile, Germaine le rejette et Carlos sombre dans l’alcool. Picasso décide de le ramener à Malaga.

Au début de l’année 1901, Casagemas retourne sans Picasso à Paris. Le 17 février, il convie quelques amis, dont Germaine, au restaurant « L’Hippodrome », au 128 boulevard de Clichy. Il y prononce un discours en français, puis il sort un pistolet et vise Germaine, qui se protège derrière un convive. Carlos retourne alors l’arme contre sa tempe et tire.

 

Picasso. " la mort de casagemas" 1901

Picasso.  » la mort de casagemas » 1901

 

A son retour en France, Picasso apprend la nouvelle. Sa peinture est rapidement hantée par le drame. il peint par trois fois le portrait de Casagemas dans son cercueil. On y reconnaît ses influences du moment, entre Toulouse Lautrec, Gauguin et le symbolisme. La flamme de la bougie en forme de vulve fait face au trou dans tempe : l’amour impossible face à la mort. Picasso entame aussitôt après ces toiles sa période bleue.

 

 

 

 

 

La toile la plus importante de cette période est « la vie » de 1903, où Picasso devait au départ représenter un autoportrait, mais où il a finalement décidé de représenter son ami disparu tenant Germaine dans ses bras.

picasso." la vie". 1903

picasso. » la vie ». 1903

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

en 1904, après des mois pendant lesquels, sans le moindre revenu, en l’absence aussi de vente de toile, il s’était limité à quelques couleurs froides…Picasso rencontre Fernande Olivier.

La couleur revient vite et le succès!

 

En 1905, Il veut pour la première fois frapper un grand coup avec « la famille de Saltimbanque ».La toile est de grande dimension. l’arlequin est sans doute une allégorie de l’artiste qui alors se cherche, et copie à droite et à gauche tout ce qui lui tombe sous la main. Comme son costume, il est fait de pièce rapportées. La couleur témoigne de l’évolution générale de la peinture de cette époque. Cette toile est contemporaine du travail des fauves. Pour la première fois, Picasso tente de rivaliser avec le sucès de Matisse, en faisaont une grande toile.

Picasso. "la famille de saltimbanques". 1905 212x296.jpg

Picasso. « la famille de saltimbanques ». 1905 212×296.jpg


Pourtant, le succès reste mitigé, Picasso reste un peintre, non des plaisirs du cirque, mais de l’envers du décor du spectacle.

Chacun semble muré dans son propre monde, sans communication avec son voisin.
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Avant l’été 1906, Gertrude Stein lui commande son portrait. Elle vient poser dans son atelier une centaine de fois.
Pourtant, le peintre n’accepte pas le résultat. Il ne cesse d’effacer de de reprendre son travail. C’est dans ces mois qu’il découvre l’art primitif ibérique dans les statuettes que lui vend le secrétaire d’Apollinaire( il s’avéra ensuite que celui-ci les avait volées au Louvre).Dans le visage, on retrouve cette façon de traiter les formes de façon simple.
 

picasso." la vie". 1903

portrait de Gertrude Stein (Picasso. 1906)


Avant de partir en vacances pour l’été, il efface le visage.
Au retour, il le refera de mémoire, sans même avoir revu son modèle!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2.Braque fauve.

Braque naît en 1882. Son père le forme avant qu’il n’aille aux BA du Havre.

En 1900 il va à Paris entre dans l’atelier Bonnat, adhère au fauvisme où il retrouve Dufy et Friesz.

Picasso. "la famille de saltimbanques". 1905 212x296.jpg

Braque. « le bateau blanc ».1906

d’octobre 1906 à fevr 1907, il est avec Friesz à l’Estaque :

« c’est dans le midi, que j’ai senti monter en moi toute mon exaltation. Pensez donc, je quittais les ateliers parisiens, tristes, sombres, où l’on travaillait encore au bitume ! là, au contraire, quelle révélation quel épanouissement »

En fevrier 1907, il a du succès au salon des indépendants.

En mai 1907 il repart à la Ciotat pour l’ été, et se confronte à la couleur et à la touche fauve. Braque est alors sur les pas de Matisse et Derain ou Vlaminck.C’est pendant cet été, qu’il peint « la petite Baie de la Ciotat, auquel il restera toujours très attaché.Il avait vendu ce tableau, mais devant l’attachement qu’il ressentait, il le racheta, puis gle garda toute sa vie. Le pointillisme nous rappelle combien Braque avait été ému par la rétrospective Seurat aux indépendants de 1905.

Picasso. "la famille de saltimbanques". 1905 212x296.jpg

Braque. « petite baie de la Ciotat ».1907

Après l’été, il retourne sur les pas de cézanne et rompt avec le fauvisme. Les tons sont rompus. Mais surtout, il cherche une écriture plus tendue, il cherche à mettre au point un espace court, de faible profondeur, comme si déjà plusieurs points de vue se mélangeaient. Le paysage semble de face, et les maisons de biais.

en septembre 1907, il voit toutes ses toiles refusées. il peint encore à l’Estaque, sur les traces de Cézanne.

Au salon d’automne, une rétrospective de Cézanne le conforte dans cette direction.

braque. "maisons à l'Estaque". 1907

braque. « maisons à l’Estaque ». 1907

 

 

Mais surtout, il cherche une écriture plus tendue, il cherche à mettre au point un espace court, de faible profondeur, comme si déjà plusieurs points de vue se mélangeaient.

Le paysage semble de face, et les maisons de biais.

 

En septembre 1907, il voit toutes ses toiles refusées au Salon. il peint encore à l’Estaque, sur les traces de Cézanne.

Au salon d’automne, une rétrospective de Cézanne le conforte dans cette direction.

3.Les demoiselles d’Avignon.

Le Harem"(Picasso. 1906)

Le harem (Picasso. 1906)

Cette toile « le harem » est peinte en réaction au succès de Matisse avec « la joie de vivre ».

Le Harem"(Picasso. 1906)

la joie de vivre (matisse. 1906)


 

les deux tableaux ont la même origine « le bain turc » récemment exposé.
Picasso reprend le même sujet, la volupté et l’amour, mais plutôt que d’entrer en concurrence avec son rival Matisse, il préfère inverser le sujet. Plutôt que de représenter l’amour heureux, version un retour à l’origine très rousseauiste, il se tourne vers le bordel ou la dérision comme ici. la jeune femme qui dans le bain turc avait les jambes entrouvertes en bas à droite du tableau d’Ingres, dans « le harem », devient un hercule de foire qui montre, non plus son sexe, mais ses muscles.

Le Harem"(Picasso. 1906)

le bain turc (Ingres. 1862)


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
dans les premiers croquis de la future toile, il reprend le même sujet, de la dérision. L’amour est tourné en dérision. Ce n’est plus l’amour, mais le bordel qui devient le sujet. On est rue d’Avignon, à Barcelone, réputée pour ses bordels.  des femmes nues aguichent le futur client, un marin comme il se doit. dans certains croquis, le médecin arrive même pour soigner la syphilis future.

Le Harem"(Picasso. 1906)

croquis des demaoiselles d’avignon(Picasso. 1907)


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Bientôt, le véritable sujet de sa peinture n’est plus le bordel ou la violence de cette vision de l’amour… mais le tableau lui-même.
Le tableau devient plus AUTONOME.
La composition et les formes trouvent leur justification dans le tableau lui-même.
Céanne est mort en 1906 : il est à l’honneur avec une rétrospective  et la publication des souvenirs d’Emile Bernard. Cézanne influence Vlaminck ou Matisse : tous prennent exemple sur lui pour aller vers plus de composition. l’autonomie du tableau va dans le même sens.

 

La véritable transformation a lieu lors d’une soirée chez Gertrude Stein. Vlaminck y avait apporté une statuette primitive achetée le soir même dans un bar. Tous admirent ses formes. Picasso s’en empare et reste muet pendant toute la soirée, sous le choc. Il s’en expliquera bien plus tard à Malraux : Vlaminck lui conseille ce soir-la d’aller au musée d’ethnographie au Trocadéro. Il y découvre vraiment l’art africain. Picasso raconte à Malraux (propos rapportés dans « la tête d’Obsidienne »), combien sa visite est capitale: ces statuettes y sont qualifiées de « magiques », et leur art d »exorcisme »

« Quand je suis allé au Trocadéro [Musée ethnographique] c’était dégoûtant. Le marché aux puces. L’odeur. J’étais tout seul. Je voulais m’en aller. Je ne partais pas. Je restais. Je restais. J’ai compris qu’il m’arrivait quelque chose. Non ?
Les masques, ils n’étaient pas des sculptures comme les autres. Pas du tout. Ils étaient des choses magiques [...]
Tous les fétiches, ils servaient à la même chose. Ils étaient des armes. Pour aider les gens à ne plus être les sujets des esprits, à devenir indépendants. [...] Tout seul dans ce musée affreux, avec des masques, des poupées peaux-rouges, des mannequins poussièreux. Les demoiselles d’Avignon ont dû arriver ce jour là mais pas du tout à cause des formes : mais parce que c’était ma première toile d’exorcisme, oui. »
 

  • Les Réactions : scandale car Picasso s’attaque à la figure humaine.

- fin 1907, il découvre dans l’atelier de Picasso avec un premier état des « trois femmes »

« ta peinture, c’est comme si tu nous faisais manger de l’étoupe et boire du pétrole pour cracher du feu »

-          Leo stein : vous voulez peindre la 4° dimension ?

-          Matisse par le de mystification !!

-          Fénéon dit que P est très doué……..pour la caricature.

 

 

 

4.Réaction de Braque aux Demoiselles.

Le Harem"(Picasso. 1906)

trois femme. (dessin de Braque. 1908)

Le Harem"(Picasso. 1906)

Nu bleu (souvenir de Biskra) de Matisse. 1907


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Dans une toile avec trois femmes, Braque  réagit à « nu bleu souvenir de Biskra » de Matisse qui avait fait scandale aux indépendants de 1908… mais aussi aux demoiselles vue fin 1907.
La toile est exposée par Braque aux Indépendants de 1908 de mars à mai.
Vauxcelles écrit dans la presse : «  c’est là de l’art canaque, agressivement inintelligible ! »

 
Les « grand nu » est déjà commencé alors   
Haynes Irwin , un américain raconte : « un tableau épouvantable d’une femme exhibant les muscles de sa jambes, un ventre comme un ballon gonflable qui aurait commencé à se ramollir, un sein en forme de cruche (…) des épaules carrées. »

La toile est emportée à l’Estaque et finie en parallèle aux paysages où apparaît le cubisme.

Le Harem"(Picasso. 1906)

Le grand nu ‘Braque. 1908)

 
 
 
 
 
 
 

La femme peut être lue horizontalement comme verticalement. La forme se construit par des lignes et des plans. Ce n’est plus la lumière et les ombres portées qui créent le volume. On a l’impression que la lumière est interne.

 

5. Braque cubiste. La cordée. Cubisme cézannien.

Le Harem"(Picasso. 1906)

maisons à l’Estaque (Braque. 1908)

Le Harem"(Picasso. 1906)

maisons à l’Estaque (photographie de Braque. 1908)

« quand je suis retourné pour la troisième fois dans le midi, je me suis aperçu que l’exaltation qui m’avait rempli lors de mon premier séjour et que j’avais transmis à mes tableaux n’était plus la même. J’ai vu qu’il y avait autre chose. Il fallait trouver d’autres moyens à ma nature. Quand on réfléchit, cela change la couleur même d’une chose…. J’avais été impressionné par Cézanne … Je sentais qu’il y avait quelque chose de plus secret dans cette peinture. »

Le Harem"(Picasso. 1906)

instruments de musique (Braque. 1908)

Braque considère ces « instruments de musique » comme sa première œuvre « cubiste ». Le volume de la mandoline est rabattu. Le manche aussi et le bandonéon est traité non plus de façon réaliste mais comme un volume qu’il reconstruit. Braque recherche un espace tactile.

 
 
 
 
 

Au salon d’automne 1908, Braque envoie 6 paysages de l’Estaque.
Guérin, Marquet, Matisse et  Rouault sont dans le jury où Matisse domine.
Pourtant, le jury refuse les Braque.
Le règlement du salon prévoie  que chaque juré a le droit de rattraper une des œuvres refusées. Seuls Guérin et Marquet le font. Braque aurait donc pu exposer deux œuvres.

Braque retire toutes ses toiles, et accuse Matisse d’être le coupable. Il les présente dans la galerie de Kahnweiler, avec un catalogue préfacé par Apollinaire. Vauxcelles en parlera dans la presse en parlant de « petits cubes ». Le cubisme est né.

Picasso emprunte « le grand nu » pour le juger un peu plus, et en discuter avec d’autres amis. dès lors la « discussions » entre les deux peintres commence.

 
 

6. Braque cubiste. La cordée. Cubisme cézannien.

1. La lumière
Jacques Rivière fait paraître dans la « Revue d’Europe et d’Amérique » en mars 1912 une analyse qui montre la nécessité de leur travail.
« Nous comprenons maintenant par son origine quel est le sens véritable de la peinture. Elle représente les objets tels qu’ils sont, c’est-à-dire autrement que nous les voyons. Elle tend toujours à nous donner leur essence sensible, leur présence : c’est pourquoi l’image qu’elle forme ne ressemble par à leur apparence. »

Jaques Rivière ajoute :
« [l'éclairage] est le signe d’un certain instant (…). Si donc l’image plastique sert à révéler l’essence et la permanence des êtres, elle doit être dépouillée de tout éclairage.
L’éclairage n’est pas seulement une marque accidentelle, il a pour effet d’altérer profondément les formes. (…) On peut donc dire que l’éclairage empêche les choses d’apparaître tels qu’elles sont. (…) Contrairement à ce qu’on pense, la vue est un sens successif ; il nous faut combiner beaucoup de ses perceptions pour arriver à bien connaître un seul objet. Mais l’image peinte est fixe. »

Jacques Rivière ajoute un peu plus loin qu’il ne faut pas renoncer pour autant à la lumière.
« Il suffit qu’il remplace la répartition brutale et injuste des lumières et des ombres par une répartition plus subtile et plus égale, il suffit qu’il distribue impartialement entre toutes les faces l’ombre qui se tassait sur certaines : de la petite portion à chacune décernée il se servira, en la posant contre le bord le plus voisin d’une autre face éclairée, pour marquer l’inclinaison et la divergence des parties de l’objet ».
c’est exactement ce qu’on voit sur les « maisons sur la colline à Horta de Ebro » peintes par Picasso en 1909 : chaque mur semble aller de la lumière à l’ombre, comme si chaque plan devait se rapprocher du plan suivant.
« Ce procédé aura l’avantage de marquer non seulement la division, mais aussi la jointure des plans; au lieu d’une succession de saillies claires et de trous noirs, nous verrons des pentes appuyées les unes aux autres et doucement solidaires. Comme elles seront à la fois séparées et raccordées, les exigences de la multiplicité et celles de l’unité se trouveront à la fois satisfaites.

2. La perspective.

Cézanne avait déjà remis la perspective en question : dans « la table de cuisine », les niveaux ne semblent plus correspondre, ce qui trahit la « vision successive » dont parle Jacques Rivière. Notre regard n’est jamais statique.
 
 
 
 
 
 
 
Jaques Rivière ajoute encore : « la perspective est chose aussi accidentelle que l’éclairage (…) elle indique la situation d’un certain spectateur. (…) c’est pourquoi en dernière analyse, la perspective est aussi le signe d’un instant, de l’instant où tel homme s’est trouvé en tel point. On voit combien elle est peu représentative de la permanence des objets.
De plus, comme l’éclairage, elle les altère, elle dissimule leur forme véritable. En effet, elle est une loi d’optique.(…) Sans doute c’est ainsi mutilés que la réalité nous montre ces objets. Mais dals la réalité nous pouvons nous déplacer : un pas à droite et un pas à gauche complètent notre vision. La connaissance que nous avons d’un objet est, nous l’avons dit, une somme complexe de perceptions. L’image plastique, elle, ne bouge pas : il faut qu’elle soit complète du premier coup, donc elle renoncé à la perspective ». (article cité dans « art en théorie » de Harrison et Wood.Ed. Hazan p220)

3. Introduction de repères


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

4. Utilisation de lettres.


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

5. Abstraction et all over.


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

III. Papier collé


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

IV. Cubisme synthétique
Picasso. arlequin.1915
Picasso les joueurs de cartes. 13-14
Picasso. mandoline et clarinette. 1913  

V.Retour à l’ordre
Picasso.portrait d’Olga dans son fauteuil.1917
Picasso.rue de la boetie.1922 mine de plomb et fusain

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