homo faber

Jéôme zonder à la galerie C à Neuchâtel jusqu’au 21 décembre
Après une exposition plus décevante ce printemps à l’ENSBA, Jérôme Zonder revient à ce qui a fait son excellence. A nouveau, il questionne la place qu’il a choisit de tenir, celle d’un artiste du début du XXIème siècle qui choisit à la fois de regarder le monde, sa beauté et ses errances, mais aussi de se regarder regardant. Il assume sa place d’artiste et ne cesse de la réinterroger.
La main et l’oeil sont les deux motifs clefs de l’exposition.

Picasso. " la mort de casagemas" 1901

« portrait de main » de J. Zonder. 2019. poudre de fusain et de graphite sur papier. 200x150cm

Comme dans l’exposition Fatum de 2015 à la maison rouge à Paris, Zonder peint ses mains avec les doigts chargés de graphite. Ses doigts déposent des empreintes digitales qui représentent la main elle-même. Au delà de la beauté de ces dessins, on est médusé par deux types de regard qui semblent entrer en conflit ou en résonance. Les mains sont verticales, mais relâchées, représentées en pleine page.

 

 

Picasso. " la mort de casagemas" 1901

« portrait de main » de J. Zonder. 2019. poudre de fusain et de graphite sur papier. 200x150cm

 

La précision de l’image tient à l’utilisation de la photographie : l’image est neutre, distante, comme pouvaient l’être les clichés pris par le ZonderCommando dans les chambres à gaz réinterprétés par zonder et exposés à la maison rouge en 2015. Ces clichés neutres entrent en conflit avec l’expressivité du sujet. Christian Egger, directeur de la galerie C dit que Zonder « fouille la matière de l’image et sa densité, interrogeant l’identité d’un sujet, sujet qui se réfléchit, qui se fabrique et qui se pense dans le réel. » En effet, l’image exacte, objective de la main est interprétée par les empreintes digitales de l’artiste. Ces dessins sont à la fois objectifs par la précision du dessin, et expressifs par la présence de l’artiste déposant une trace, une empreinte, un indice de sa présence. Sur certains d’entre eux, on voit les empreintes errer sur la feuille, comme si elles étaient à la recherche de l’image en train de se faire.

 

Picasso. " la mort de casagemas" 1901

J. Zonder. 2019. poudre de fusain et de graphite sur papier

 

L’autre motif récurrent dans l’exposition est l’oeil. Oeil reptilien, oeil mécanique, l’œil est une citation souvent issue de films cultes sur le regard, « Oedipe roi » de Pasolini, « 2001″ de Kubrick (cf la première photo de cet article, «Fruit du cinéma #18 »,24×32cm,2019)… Zonder insiste sur le regard posé sur le monde et sur lui-même aujourd’hui. Ces réalisateurs nous montraient combien le cinéma changea notre appréhension du monde et de l’homme. C’est au tour de l’artiste dessinateur de nous montrer ce que le regard peut aujourd’hui nous faire prendre conscience de nous-même.

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