Le monotype

Pissaro, Vacherie le soir, 1890

Un monotype (ci-dessus  par Pissaro), est une estampe unique obtenue par un procédé non reproductible. Contrairement à la technique de la gravure, dans laquelle la plaque est creusée, où une « matrice » garde la mémoire du travail de l’artiste, le dessin est  réalisé  directement sur la plaque recouverte d’encre avec divers outils. Avec cette technique, l’artiste ne peut réaliser qu’un seul exemplaire, voire deux tout au plus.

Étapes de création

1. support

Choisir le support sur lequel sera fait le dessin. Il peut être plat et uni comme le faisait Degas par exemple. dans ce cas le rendu sera fin et soigné.



The Fireside, 1876-1877, Edgar Degas


 
Mais il peut aussi être choisi de façon à créer une matière , comme celle d’une vieille planche nervurée ou des matières comme un papier froissé ou du tissu.



Gauguin. monotype





Degas « la loge ». monotype


 
Gauguin choisit volontairement d’avoir une couche d’encre non uniforme, comme si son support avait du grain. Et Degas choisit d’avoir des rainures verticales ou horizontales suivant la forme du motif.
2. encrage

On peut encrer la planche entière au rouleau d’imprimerie, ou au contraire faire déjà des réserves. Les grandes masse du dessin sont alors choisies.
Le choix de la couleur est très important.

3. dessin en réserve

On modifie alors le dessin par essuyage au pinceau, au chiffon, au coton tige… on peut aussi ajouter par endroit de l’essence de façon à rendre l’encre plus « aqueuse », comme le fait parfois Degas (ici dans la partie droite sur le talus, au-dessus des sillons réalisés au couteau)



Degas, Paysage de Bourgogne, 1890-1892

4. choix du papier d’impression

Pour l’impression,  il faut choisir un papier comme pour une gravure normale, le meilleur papier étant alors le velin (d’Arches par exemple), mais dans ce cas une presse est indispensable.
Si vous n’en avez pas, il faut choisir un papier plus fin, comme le papier de riz, et vous contenter d’une presse manuelle comme font les japonais. Vous pouvez aussi tirer « à la cuillère » : avec une cuillère à soupe, vous appuyez sur le dos de la feuille posée sur la matrice encrée. Pour ne pas déchirer la feuille, il faut la recouvrir d’un papier léger mais résistant. Il faut passer la cuillère partout en trait parallèles puis recommencer dans tous les sens, comme si on entrecroisait des hachures.

Le mieux est d’humidifier le papier pour qu’il soit plus propice à recevoir l’encre. Cela est très difficile dans le cas de papier de riz. Cela est très difficle aussi dans le cas d’encre à l’eau du type de aquawash de la marque charbonnel. Cela est faisable, mais tout est un problème de dosage. Pour humidifier, il faut alors se contenter d’un spray.

5. empreinte

en posant directement un objet plat sur votre plaque préalablement encrée, vous obtenez une empreinte, comme s’il s’agissait de rayogramme.




monotype de Catherine Soulié


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Je vous propose de travailler en nous limitant au contour à partir de ce document :



doc.1



doc.2



doc.3


 
 
 
 
 
 
 
Et j’ajoute à ces documents de départ, quelques exemples de dessins.



E. Kelly. Philodendron

Né en 1923 près de New York, et mort en 2015 Ellsworth Kelly est un peintre et sculpteur abstrait américain souvent restreint au seul Color Field painting et au minimalisme. Ses dessins de feuilles ont fait l’objet d’une exposition au centre Pompidou, qui le confrontait au travail de Matisse. Le rythme des espaces sur la feuille donnent une grande monumentalité à ses œuvres.



Szafran. Philodendron. eau forte de 1982


 
 
 
 
 
Dans cette eau forte, on voit que le travail de Szafran se concentre lui aussi sur les espace entre les feuilles autant que sur les feuilles elle-même. Comme Kelly, la disposition des feuilles sur la page blanche crée un rythme. Mais contrairement à Kelly, Szafran dose la clarté de son contour, pour le rendre plus ou moins présent, plus ou moins proche. Szafran fait davantage intervenir la profondeur de l’espace.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Je vous propose de travailler en ajoutant les hachures ou des valeurs, qui déterminent les plans et donc l’espace à partir de ces documents :



document 4





document 5


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
et voici deux autres dessins de Szafran qui font intervenir des valeurs :



Szafran. Philodendron





Szafran. Philodendron