Tobey or not to be

Tobey or not to be.
exposition jusqu’au 16 janvier 2021 à la galerie Jeanne Bucher-Jaeger
Catalogue et Textes de Jean-Gabriel de Bueil & Stanislas Ract-Madoux, Véronique Jaeger & Emmanuel Jaeger, Cécile Debray, Laurence Bertrand Dorléac, David Anfam, Thomas Schlesser, Etienne Klein et Stéphane Lambert.éd. Gallimard

Le monotype


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Cet ouvrage est le catalogue de l’exposition monographique Tobey or not to be ?, présentée à la Galerie Jeanne Bucher Jaeger, en collaboration avec la Collection de Bueil & Ract-Madoux, et le Centre Pompidou. Dans son texte « il était notre Picasso américain » (J. Cage) , Cécile Debray insiste d’emblée sur plusieurs paradoxes : Tobey(1890-1976) est de la génération de Hopper alors qu’on le rapproche plus souvent de Pollock, né 18 ans plus tard. De plus, ajoute-t-elle, sa formation dans les années 1910 à l’Art Institute de Chicago, pendant la grande vogue des régionalistes (Hopper, Benton…), sera surtout marquée par la découverte… du cubisme à l’Armory Show en 1913. Troisième particularité qui le met définitivement à part, sa découverte du Japon. Dès 1925, nous dit C. Debray, « Tobey relie de façon originale la question de la transcription du mouvement et de la temporalité portée par les recherches cubistes, celles de Picasso ou de Duchamp, à la posture contemplative, immersive et gestuelle de l’art oriental calligraphique ». Les compositions cubistes éclatent les objets en de multiples facettes, mais restent toujours centrées. L’auteur cite Tobey : « où est le centre ? Mes peintures sont telles que le regardeur ne peut se poser sur rien. Son regard rebondit, sans cesse en mouvement. » Contrairement à ce qu’on pourra voir dans l’expressionnisme abstrait de Pollock, ou dans l’abstraction lyrique, les écritures blanches qui rendront Tobey célèbre ne relèvent pas du geste, mais d’une écriture influencée par la calligraphie. Greenberg écrit dès 1944  qu’elles « construisent une masse rectangulaire verticale atteignant presque les bords de la toile : cela produit une vibration de la surface en profondeur – ou plutôt , vers le spectateur. » Cécile Debray insiste sur un nouveau paradoxe né sous la plume du grand critique. Greenberg fonde ses analyses sur le rejet de toute illusion de profondeur. Il n’hésite pas cependant à parler dans ce texte de la « profondeur » des toiles abstraites de Tobey. Il n’hésite pas à remettre en question les bases même de ses analyses. En effet, la grande rétrospective que le MoMa lui consacre en 1962, est clairement placée en parallèle avec l’émergence de cet « l’impressionnisme abstrait » : La référence à Monet devient incontournable, tant la seconde génération des expressionnistes abstraits, Sam Francis, Guston, Mitchell… se rangent derrière son oeuvre. C. Debray cite ainsi une lettre capitale qui nous permet de comprendre la révolution qui s’est opérée dans l’histoire de l’art : A. Barr, premier directeur du MoMA, voyait en Cézanne, le père du cubisme et de tout l’art moderne. Mais à la fin des années 50, W. C Seitz le remplace par Monet à qui il consacre un grande exposition en 1960. La peinture de Tobey qu’il expose en 1962 est proche de Monet : « L’écriture blanche s’est révélée à mon art à la manière des fleurs qui s’épanouissent sur toute la terre à un moment donné » écrit Tobey. L’œuvre de Tobey restait injustement méconnue en France. Cette exposition et cet ouvrage réparent un peu cette erreur. Cet ouvrage propose en effet de multiples analyses de son œuvre, et réunit des documents indispensables (dont les textes écrits par François Mathey pour son exposition au musée des arts décoratifs en 1961 , la dernière qui lui fut consacrée en France jusqu’à aujourd’hui). Dans « immensités intimes » par exemple, David Anfam analyse la « fascination de Tobey pour l’idée d’unicité ». il écrivait en 1950, «  le monde de la forme intérieure (de la vision intérieure ou de l’intime ) – en un sens, toutes mes peintures sont des vues intérieures ou intimes… j’aimerais développer mon travail à partir d’une infinité de dessins d’états de conscience ou d’inconscient ? Je veux [introduire] la profondeur et le temps dans mon travail »

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