« Van Gogh, rêves de Japon » et « Hiroshige, l’art du voyage » à la pinacotheque de jusqu’au 17 mars

Van Gogh s’est nourri des estampes japonaises. Dès 1874, il les découvre, alors qu’il travaille encore à la galerie Goupil & Cie avec Théo. Bientôt, ils réunissent une véritable collection, qu’il exposent même au café tambourin en mars 1887. « pour ce qui est de rester dans le midi, même si c’est plus cher – voyons on aime la peinture japonaise, on en a subi l’influence – tous les impressionnistes ont ça en commun – et on irait pas au Japon c’est-à-dire ce qui est l’équivalent du Japon, le midi ». Cette phrase consigne dans ses carnets, l’admiration qu’il portait aux estampes : leur usage de la perspective notamment est tout à fait nouveau pour le regard occidental. Plutôt que de faire converger systématiquement toutes les parallèles vers un point de fuite unique, on se promène dans leurs estampes. Dans la perspective occidentale, le point de fuite est unique et reflète notre position dans la toile. En allemand, point de fuite se dit Augenpunkt, « point de l’oeil » : le point de fuite permet de placer le peintre dans l’oeuvre réalisée. Mais pour que la magie de la perspective soit efficace, il faut que le spectateur reprenne cette même place. il faut aussi qu’il y reste immobile, qu’il impose à son oeil de rester immobile et d’être unique. Toutes ces contraintes sont de plus en plus inacceptables à la fin du XIXème siècle. Van Gogh trouve dans les estampes japonaises une véritable invitation à la mobilité de l’oeil. le spectateur est inviter à se déplacer.  Les oeuvres de Van Gogh qui ne voyagent quasiment jamais ont été prêtées par le musée Kröller-Müller d’Otterlo.  C’est un évènement extraordinaire, tant les assurances nécessaires pour déplacer ces tableaux sont élevées.  Le choix des oeuvres a été fait avec soin de façon à montrer quelques toiles antérieures à ses influences impressionniste face aux chef-d’oeuvre où Van Gogh célèbre la couleur. Ses lumières sont alors plus marquées par la peinture hollandaise. Mais dès qu’il vient à Paris, sa palette se modifie. Ses rencontres avec les peintres impressionnistes puis les couleurs des estampes japonaises sont une révélation pour Van Gogh. A cette influence, il faut aussi ajouter ses lectures. « Madame Chrysanthème » de Pierre Loti par exemple le pousse à imaginer de fonder une communauté dans le midi, avec Gauguin et E. Bernard. On connaît l’échec de cette tentative.

Mais cette exposition ne veut pas insister sur cet échec. Il s’agit avant tout de comprendre ce que Van Gogh reprend des estampes. En France, on connaît surtout Hokusai, son cadet. Hiroshige est pourtant le plus célèbre des deux à la fin du XIXème, mais il n’avait jamais fait l’objet d’une exposition de cette ampleur en France. La deuxième partie de l’exposition, place de la Madeleine est une révélation aussi pour nous qui avons été privé de voir ces estampes pendant si longtemps.

on remarquera également une très belle exposition des photos réalisées au Japon par Denis Rouvre, après le tsunami et le désastre récent vécu par les japonais. la précision des visages réunis ici méduse notre regard.

2 commentaires

  1. Merci pour cet article. Je ne savais pas que Van Gogh s’était inspiré des étampes du Japon. Très joli.

  2. Excellent article. j’apprécie énormément votre site

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