1917. Duchamp : quelques citations

quelques citations sont répertoriées ci-dessous, en deux paragraphes.

Mais auparavant, quelques remarques développées par P.sers  dans « l’énigme Marcel Duchamp » (éd. Hazan) permettent de mieux les comprendre.

  1. quelques analyses :

Les jeux de mots de MD sont à mettre en relation avec les mouvements fin de siècle comme les Hydropathes ou le Chat Noir. Mais pour lui, ils sont davantage un instrument de découverte.

Le rire ou la plaisanterie lui permettent de dépasser les conventions. En effet, à côté de jeux de mots simplement drôles ou grivois, comme « à charge de revanche , à verge de rechange », on trouve surtout des sous-entendus qui enrichissent le sens et cachent des significations plus riches que le sens commun. Ainsi par exemple pour critiquer le « Sacre du printemps », ballet de Stravinsky, écrit-il « il faut dire : la crasse du tympan, et non le Sacre du Printemps ».

Plus encore que ces remarques cryptées, P.Sers en appelle à Kierkegaard qui distinguait ironie, humour et comique. Selon lui, l’ironie neutralise le domaine esthétique, l’humour naît de l’expérience existentielle au cours de laquelle l’individu prend conscience de son incapacité à répondre aux exigences éthiques imposées par le  monde, et le comique permet de dépasser la douleur et la contradiction de cette incapacité.

P.Sers conclue que MD « utilise la plaisanterie et le hasard méthodique pour ouvrir la connaissance à ces nouvelles régions qui dépassent les frontières de la logique et de la perception ». L’exemple donné par P.Sers est le suivant :

« parmi nos articles de quincaillerie paresseuse, nous recommandons un robinet qui s’arrête de couler quand on ne l’écoute pas »

C’est l’expérience du robinet qui fait silence dès qu’on parvient à l’oublier. Ce paradoxe ne peut s’énoncer en terme logique, car il est du domaine de l’expérience. Ainsi la phrase fait sourire un instant, avant que je prenne conscience de la profondeur de sa reflexion : le robinet coule bien en réalité, même s’il s’arrête pour moi dès que je ne l’écoute plus.

de même, « faut-il réagir contre la paresse des voies ferrées entre deux passages de trains »

En effet, les voies ferrées ne sont utiles que lors des passages de trains. Le reste du temps, elles sont « paresseuses » (par bonheur, car si elles bougeaient les trains dérailleraient), et cette paresse leur permet d’être disponible pour leur fonction future.

La question posée par MD est celle d’une réaction qu’on pourrait ou non attendre contre toute forme de paresse. MD s’organisa en effet une véritable paresse comme gage d’une disponibilité nécessaire pour créer.  Ainsi s’explique son mariage avec Lydie Sarazin-Levassor, dont il espérait qu’elle le mettrait à l’abri du besoin. Entre deux passages du train – c’est-à-dire entre deux périodes créatrices, il voulait paresser pour  rester disponible. Lydie Sarazin-Levassor rapporte les propos suivants : « pourquoi ne par essayer de se débarrasser de toutes les préoccupations concernant la fonction d’entretien, c’est-à-dire éviter l’encombrement matériel ou intellectuel et la corvée accaparante dite de « gagner sa vie »? Il est indispensable de se libérer en la réduisant à un strict minimum et d’autre part, s’assurer d’y pourvoir d’une manière régulière et efficace (rentes, mécénat ou autre) pour quiconque veut accéder à la fonction créatrice, celle de l’artiste ».

on peut rapprocher cette volonté de séparer la disponibilité nécessaire à la création des taches « d’entretien » de  la célèbre porte du 11 rue Larrey crée en 1927, entre la chambre et la salle de bain ou l’atelier. Comme pour les jeux de mots, on pourrait d’abord croire à un simple gain de place pour le jeune MD mal logé, qui réalise ainsi une porte qui ferme alternativement deux pièces.

Marcel Duchamp " Porte 11 rue larrey

Marcel Duchamp. Door 11 rue Larrey .1927″ 1901

Ce qui n’était au départ qu’un jeu sur l’espace, ou un jeu verbal sur le proverbe « il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée » s’avère en fait une vision de la l’art de vivre qui lui impose de dissocier les trois espaces. La salle de bain appartient à l’espace « d’entretien » pendant que l’atelier est réservé à la création. Depuis la chambre à coucher, l’espace qui reste ouvert à tout, on va vers ou vers l’autre, mais on ne peut aller vers les deux. Il faut choisir.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

  1. les plus célèbres :

« se servir d’un Rembrandt comme planche à repasser » repris du dictionnaire du surréalisme à l’article « ready made »
« Ce sont les regardeurs qui font les tableaux. » (in « marchand de sel ». Paris, Le terrain vague. 1958)

« Faut-il réagir contre la paresse des voies ferrées entre deux passages de trains? »

« Un mauvais art est quand même de l’art, comme une mauvaise émotion est quand même une émotion. »

« J’ai simplement pensé à l’idée d’une projection, d’une quatrième dimension invisible …,
autrement dit que tout objet de trois dimensions, que nous voyons froidement,
est une projection d’une chose à quatre dimensions, que nous ne connaissons pas. »

« Peut-on faire des oeuvres qui ne soient pas «d’art»? »

« Lorsque quelqu’un s’avise de mettre cinquante boîtes de soupe Campbell sur une toile, ce n’est pas le point de vue optique qui nous préoccupe.
Ce qui nous intéresse, c’est le concept qui fait mettre cinquante boîtes de Campbell sur une toile. »

« Un tableau, même abstrait, est de l’art dès qu’on accepte de le regarder comme un tableau, un readymade est tout simplement de l’art. »

« Tout ce que j’ai fait d’important pourrait tenir dans une petite valise. » (Marcel Duchamp, interview au magazine Life, avril 1952)

« Le grand ennemi de l’art, c’est le bon goût. »

« L’art est une chose beaucoup plus profonde que le goût d’une époque.
Le goût est une source de plaisir, l’art n’est pas une source de plaisir, c’est une source qui n’a pas de couleur, pas de goût. »

« Le titre est une couleur apporté à l’oeuvre. »

2.Quelques citations dans « Duchamp du signe »

Rrose Sélavy trouve qu’un incesticide doit coucher avec sa mère avant de la tuer; les punaises sont de rigueur.

Rrose Sélavy et moi esquivons les ecchymoses des esquimaux aux mots exquis.

Question d’hygiène intime:
Faut-il mettre la moelle de l’épée dans le poil de l’aimée?

 

Abominables fourrures abdominales.

Parmi nos articles de quincaillerie paresseuse, nous recommandons le robinet qui s’arrête de couler quand on ne l’écoute pas.
 

La mode pratique, création Rrose Sélavy :
La robe oblongue, dessinée exclusivement pour dames affligées du hoquet.

La différence entre un bébé qui tète et un premier prix d’horticulture potagère est que le premier est un souffleur de chair chaude et le second un chou-fleur de serre chaude.

 

Nous livrons à domicile :
Moustiques domestiques (demi-stock).

 

Des bas en soie… la chose aussi.

 

À charge de revanche; à verge de rechange.

 

À coups trop tirés.

 

Litanie des saints:
Je crois qu’elle sent du bout des seins.
Tais-toi, tu sens du bout des seins.
Pourquoi sens-tu du bout des seins?
Je veux sentir du bout des seins.

 

Opalin; O ma laine.
Avoir de l’haleine en dessous.

 

Un mot de reine; des maux de reins.

 

Caleçons de musique (abréviation pour :leçons de musique de chambre).

 

Le meilleur des savons est le savon aux amendes honorables.

 

Il faut dire :
La crasse du tympan, et non le Sacre du Printemps.

 

La bagarre d’Austerlitz.

 

My niece is cold because my knees are cold.

 

Daily Lady cherche démêlées avec Daily Mail.

 

Une cinq chevaux qui rue sur pignon.

 

Une nymphe amie d’enfance.

 

Ovaire toute la nuit.

 

Se livrer à des foies de veau sur quelqu’un.

 

Le système métrite par un temps blénorrhagieux.

 

Du dos de la cuiller au cul de la douairière.

 

Paroi parée de paresse de paroisse.

 

Prendre 1 centimètre cube de fumée de tabac et en peindre les surfaces extérieures et intérieure d’une couleur hydrofuge.

 

Aiguiser l’ouïe (forme de torture).

 

Quand on a un corps étranger entre les jambes,
il ne faut pas mettre son coude près des siennes.

 

Faut-il réagir contre la paresse des voies ferrées entre deux passages de trains.

 

Si je te donne un sou, me donneras-tu une paire de ciseaux?

 

Une boîte de Suédoises pleine est plus légère qu’une boîte entamée parce qu’elle ne fait pas de bruit.

 

Bains de gros thé pour grains de beauté.

 

Fossettes d’aisances.

 

Nous nous cajolions (nounou  cage aux lions).

 

M’amenez-y.

 

Étrangler l’étranger.

 

Orchidée fixe.

 

Abcès opulent.

 

Anemic cinema.

 

Lits et ratures.

 

2. divers

« se servir d’un Rembrandt comme planche à repasser » repris du dictionnaire du surréalisme à l’article « ready made »
« Ce sont les regardeurs qui font les tableaux. »
« Faut-il réagir contre la paresse des voies ferrées entre deux passages de trains? »
« Un mauvais art est quand même de l’art, comme une mauvaise émotion est quand même une émotion. »

« J’ai simplement pensé à l’idée d’une projection, d’une quatrième dimension invisible …,
autrement dit que tout objet de trois dimensions, que nous voyons froidement,
est une projection d’une chose à quatre dimensions, que nous ne connaissons pas. »

« Peut-on faire des oeuvres qui ne soient pas «d’art»? »

« Lorsque quelqu‘un s’avise de mettre cinquante boîtes de soupe Campbell sur une toile, ce n’est pas le point de vue optique qui nous préoccupe.
Ce qui nous intéresse, c’est le concept qui fait mettre cinquante boîtes de Campbell sur une toile. »

« Un tableau, même abstrait, est de l’art dès qu’on accepte de le regarder comme un tableau, un readymade est tout simplement de l’art. »

« Tout ce que j’ai fait d’important pourrait tenir dans une petite valise. » (Marcel Duchamp, interview au magazine Life, avril 1952)

« Le grand ennemi de l’art, c’est le bon goût. »

« L’art est une chose beaucoup plus profonde que le goût d’une époque.
Le goût est une source de plaisir, l’art n’est pas une source de plaisir, c’est une source qui n’a pas de couleur, pas de goût. »

« Le titre est une couleur apporté à l’oeuvre. »

Un commentaire

  1. Il faut savoir prendre Duchamp et la poudre d’escampette.

Pingbacks

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

  • Archives

  • Catégories

  • Recherche