le portrait

Appliquons le travail de dégradé au portrait. Il faut commencer par décrire l’objet qui nous occupe.
C’est sans doute un des motifs les plus durs à traiter, mais aussi un des plus intéressants. Depuis la renaissance, nombreux sont ceux qui ont cherché à le définir, en partant de l’anatomie.

Pendant des années, les artistes et philosophes ont cherché les clefs de proportions qui régleraient toute mesure du corps humain.
Certains ont pris le nombril comme centre du corps à partir duquel tout se déduirait, d’autres le sexe ou la tête. Ce choix n’est pas neutre, et explique souvent notre philosophie. De même pour le choix d’une unité de mesure à partir de laquelle se déduirait tout le corps.

On pourrait croire ces théories inutiles. mais lorsqu’on sait que l’architecture, et donc toute notre appréhension de l’espace, s’est longtemps déduite des mesures de ce corps (c’est encore le cas chez Le Corbusier par exemple)…. on comprend que ce choix n’est pas si anodin.
Lorsque Brunelleschi dessinait par exemple les plans de la loggia de l’ hôpital des Innocents (érigée à partir de 1419 dans un espace encore informe de ce qui allait devenir la place Santa Annunziata à Florence), l’espace entre les colonnes est basé sur ces proportions humaines, et tout le bâtiment s’en déduit… et bientôt toute la ville elle-même.

Toutes les théories de proportions(Vinci, Dürer, Vésale…) se sont avérées fausses. Sans doute n’existent-elles pas. Ces théories ont mené à la phrénologie qui prétendait reconnaître le caractère de chacun en observant son anatomie. Ces dérives ne sont pas bien grave peut-on penser…. sauf quand elle menèrent aux pires théories raciales.

comme cela est résumé ci-contre de manière un peu simpliste, la tête peut être ramenée à un schéma simple pour avoir un point de départ.

Verticalement, les yeux coupent la hauteur du visage en deux. dans la moitié supérieure, les cheveux poussent à partir du quart. Et dans la moitié inférieure, le nez est au quart. Les oreilles commencent au bas du nez et finissent au niveau des yeux.
horizontalement, il y a quatre yeux dans la largeur d’un visage : un entre les deux yeux et un demi de chaque côté.
Comme je le disais au départ, tout cela est un peu faux, mais ce schéma permet d’aller vite et de se concentrer sur les particularités de chaque visage, comme on peut le voir sur ces dessins de L. de Vinci qui après s’être intéressé aux canons du corps humain, s’attarde sur ce qui nous rend tous particuliers.

Avant de pouvoir jouer avec ces déformations, et pour parler de ces particularités, Il faut d’abord revenir au crâne.

Nous avons tous un crâne assez similaire. Néanmoins, le crâne, comme de nombreuses parties de nos corps est sexué. Bien sûr, nous avons tous des caractéristiques à la fois masculines et féminines.

Mais notre façon de voir les têtes nous permet de comprendre comme féminin :

  • un front vertical et haut
  • un maxillaire peu marqué et circulaire

Mais notre façon de voir les têtes nous permet de comprendre comme masculin :

  • un front fuyant
  • un maxillaire très marqué avec un angle fort
  • des arcades sourcilières prononcées

Tout ce que je viens de résumer n’est valable que de face ou de profil.
Ce qui n’est pas le cas en général. Soit nous sommes de 3/4, soit nous sommes en plongée ou en contre-plongée… ou les deux à la fois.
Pour résoudre ce problème, il est utile de voir la tête comme une association d’une sphère (la boite crânienne) et d’un 1/2 cylindre (la face) qui vient le prolonger de façon tangente selon des axes qui permettent de le centrer.

Les axes de la face, qui restaient verticaux et horizontaux dans les figures 1,2,3, 4 sont maintenant des courbes.
Les parties qui étaient autrefois au même niveau, se décalent. L’oreille qui commençait par exemple à la base du nez remonte plus haut dans la figure 6 en plongée, mais reste sur la même courbe circulaire (comme sur une même courbe de niveau), comme sur la figure 7.

Pour dessiner rapidement…

    1. une bouche
      Pendant la gestation du foetus, les lèvres restent longtemps séparées en 5 morceaux, dont je vous propose de repartir pour dessiner la commissure des lèvres. N’en faites pas plus que dans le schéma 8. Il ne suffit alors que de rajouter quelques ombres (fig.9)(en général le visage est éclairé d’en haut donc la lèvre supérieure est dans l’ombre au contraire de l’inférieure et une ombre apparaît en dessous).

    1. le nez
      Pour le nez, il faut partir des trois cartilages, sa partie centrale et les deux narines. Dans la figure 10.b, ils sont représentés d’abord par trois sphères au même niveau. Il suffit alors de les relier par un trait, avant d’oublier les trois sphères.

 

      Attention cependant à placer les narines au bon niveau. En plongée comme dans la figure 10.a, les narines sont plus hautes que le bout du nez.

 

 

 

 

      En contre-plongée, les narines sont plus basses que le bout du nez (fig.11).

    1. l’oeil

 

      Contrairement à ce qu’on croit au premier abord, les courbures de l’œil sont dissymétriques, à cause de la courbure du visage. Dans la figure 12, la courbure est plus circulaire près du nez en haut (haut à droite sur la figure 12), ou à l’extérieur du visage (bas à gauche).

 

    Ce travail sur les courbures doit correspondre à l’emplacement choisi pour la pupille comme on le voit dans la figure 13

 

 

 

 

 

 

Le premier exercice que je vous propose donc est d’utiliser votre maîtrise des dégradés pour travailler d’après quelques portraits célèbres.
Attention, je choisis délibérément des portraits qui ne soient pas de face, de façon à s’habituer à trouver ces axes courbes qui relient chaque partie des visages. Il faut concevoir le visage comme un tout.

Je vous propose de travailler au crayon. Après avoir mis en place le ou les visages (mais ces traits de construction ne doivent pas se voir), vous pourrez passer à la hachure, au contour et au dégradé comme nous l’avons vu ces dernières semaines. Mais comme je vous l’ai déjà dit, il ne faut pas utiliser les trois techniques pour dire la même chose. Chacune a une fonction propre.

les premiers dessins réalisés arrivent le 10/04/2020
Je les classe par sujet, en commençant par quelques dessins des cours précédents, qui ont suscité mon cours actuels davantage orienté sur la morphologie


Les deux premiers dessins d’après Prud’hon montrent une bonne analyse du dégradé, mais attention à) ne pas perdre le volume de la tête. Mireille insiste trop sur un problème qu’elle a rencontré autour de la bouche(elle est trop haute, trop près du nez). Du coup, on ne voit plus que le problème. Il aurait fallu nous attirer plutôt sur les yeux et le front plus réussis.

Le dessin aux trois crayons de Catherine Perrot est réussi. Dessin acéré autour des yeux, crayons blanc pour éclairer l’aile du nez et le muscle sous l’oreille. Cette réussite l’a poussé à entreprendre des groupes, comme la mère et son enfant. La douceur de la pierre noire du premier lui a permis de maîtriser son motif, avant de travailler à l’encre, de façon plus directe.
 


 
Les deux dessins suivants montrent aussi la nécessité du cours actuels. Ils tentent d’être plus créatifs, Catherine Vidal en cherchant la limite de la figuration comme Man Ray (mais où disparaît le visage alors?) et Catherine Perrot en cherchant la position de la tête d’une danseuse, mais en perdant son volume à force de chercher la ligne.
Ce cours cherche à concilier l’expression de votre sentiment avec la force d’une présence qui pour l’instant reste absente , comme par exemple dans la très belle et fragile tête de Monique Goudet.

Eleonore me demandait récemment comment améliorer son dessin. Je crois qu’il vaut souvent mieux pousser son dessin au maximum avant de le reprendre en effet sur une autre feuille. Il faut chercher d’abord ce qui pose problème, comme la bouche chez Mireille, tenter de réparer (mais ici, cela était sans doute impossible de déplacer le bouche), et continuer soit sur une autre feuille qu’on pose dessus, ou sur un calque, juste pour voir… On peut ensuite alors reprendre le tout sur une autre feuille. C’est l’avantage du dessin, qui par la légèreté de son dispositif et de son coût, permet de vite recommencer.


Degas est un des meilleurs exemples à à suivre : il envisage le dessin comme une recherche, reprenant sans cesse les positions de ses danseuses, jusqu’au trait qui suggérera le mieux le mouvement en suspens. Lorsque la feuille devient trop noire, il n’hésite pas à poser un calque et continuer dessus. Où à changer de technique comme ici, et souligner le meilleur profil par la technique des trois crayons. Paul Valery dans « Degas danse dessin » (éd. Gallimard. 1936) écrit « Je ne sais pas d’art qui puisse engager plus d’intelligence que le dessin ». Ou encore
« Il y a une immense différence entre voir une chose sans le crayon dans la main, et la voir en la dessinant.
Ou plutôt, ce sont deux choses bien différentes que l’on voit.
Même l’objet le plus familier à nos yeux devient tout autre, si l’on s’applique à dessiner : on s’aperçoit qu’on l’ignorait, – qu’on ne l’avait jamais véritablement vu»

 


Éléonore et Lola nous montrent aussitôt la difficulté du portrait. Il faut être précis, sans pour autant bloquer ntore regard sur des détails. chaque motifs traité par Éléonore, pris isolément, semble bon. mais l’ensemble ne donne pas la fierté exprimée par ce personnage politique.
 
 
 
Si on compare les deux yeux -celui trop haut d’Éléonore et celui trop tombant de Lola – on a l’impression qu’elles n’ont pas assez joué avec cette position. Cela est du sans doute au manque d’appréhension de la tête comme un tout.
Il faut penser aux lignes courbes que je décrivais, qui permettent de placer les yeux comme sur des courbes de niveau. Ces courbures parallèles permettront d’envisager celle des yeux et de la bouche comme sur la même face.

Mercedes a la ténacité nécessaire pour reprendre plusieurs fois le même labeur. Cette solution est payante. Elle a commencé par un travail en hachure, à la fois directionnelle (ce qui donne se sens du volume, comme à droite sur le front) et plus en tension, pour souligner une direction ou un contour, comme sur le nez particulièrement réussi. Ma seule remarque sur cette réussite,est que pour ma part, j’aurais laissé quelques parties en suspens pour alléger l’ensemble. Cela aurait eu l’avantage de rendre tes choix plus évident.
Donatello voulait surtout créer des portraits qui servent d’exemples. Comme chez les romains, qui lui servent de modèle, Donatello montrait le courage et la ténacité des hommes dont il faisait le portrait. Cela passe par la position du buste et de la tête et surtout par le regard dirigé loin devant lui, comme un homme politique qui a prévu l’imprévisible (tiens… n’est-ce pas qu’on peut reprocher de ne pas faire aujourd’hui, à beaucoup de ceux qui nous gouvernent?). Son célèbre Habacuc a été vu comme cela par ses contemporains, lorsqu’il l’a disposé à l’Orsanmichele, au niveau des passants dans la rue, près de la place de la Seigneurerie. Encore aujourd’hui, quand on passe devant, ce regard nous perce et nous intime l’ordre de tenir une certaine droiture morale…. simplement par son exemple!
Dans cette intention, j’aurais peut-être laissé un peu de chose plus légère autour de l’arrière du visage , près de l’oreille pour donner plus de force au nez et au regard.


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
(17 avril 2020) En voyant tous les portraits faits ces derniers jours d’après Donatello, je pense le but de ce cours atteint pour la plupart. Ce visage de 3/4, en légère contre-plongée est restitué de façon convaincante. Catherine et Marianne n’ont cependant pas dessiné les yeux et la bouche en suivant les lignes de niveau qui entourent la tête est sont donc courbes. Dans ces deux dessins, les yeux semblent avoir été dessinés sur une ligne droite horizontale ou ascendante (comme chez Lola aussi), alors que la contre plongée aurait du les mettre sur une ligne descendante et convexe. Cela rend le visage plus plat, comme si on avait gommé son volume pour en faire un masque. De plus, les proportions que vous avez données au visage tiennent compte de la contre plongée (front plus petit), sans que cela soit cohérent avec la courbure des yeux ou de la bouche. Ce souci se retrouve aussi chez Véronique, qui pourtant a réussi un véritable travail de valeur sur les joues ou le nez (mais ce travail reste fait par morceaux, et non pour l’ensemble). En règle générale, ces problèmes de proportion peuvent être corrigés en reprenant l’ensemble plutôt que les détails. Il faut toujours commencer par l’ensemble légèrement, c’est-à-dire avec les seules lignes de construction, avant de monter les valeurs et de préciser la forme de chaque partie. Cela impose de travailler d’abord un peu en aveugle, ce qui est frustrant. En effet, même si vous en avez envie, il faut s’empêcher de faire les détails tant que la forme globale n’est pas satisfaisante.
Si on regarde les dessins de Danielle et Nicole Resche et de Pascale, on voit justement que les positions ont gagné en cohérence. Les choix de chaque dessinatrice sont différents, pour les inclinaisons du visage par exemple, mais ces choix se répercutent sur les autres parties du visage de façon cohérente. Nicole, par exemple, semble lui avoir relevé le menton, comme si Niccolo da Uzzano voulait en imposer un peu plus à son auditoire, mais du coup, la courbure des yeux est davantage horizontale. A l’inverse, Danielle a dessiné un arête du nez quasiment verticale, mais les yeux sont très tombants, ce qui le rend plus triste. Le mouvement de la bouche est en accord avec cette moue décidément moins arrogante. Le travail des hachures que nous avions mené sur les écorces avant le confinement est bien compris sur les joues : les inclinaisons des hachures indiquent la courbure des plans autour des paumettes. Et l’inclinaison du visage de Pascale se retrouve aussi dans les arcades ou les plis du cou. Cette position est parfaitement bien soulignée par le travail d’ombre et le dessin du buste.
Je vous disais de dessiner la tête comme un tout, mais en fait, c’est le corps comme un tout qu’il faut prendre. En effet, la position de ces trois têtes se répercute sur les épaules. L’épaule droite qui était assez haute chez Nicole à cause du menton levé, se rabaisse chez Pascale. Comme on le voit, la cohérence de l’ensemble du dessin rend ces trois visages est plus convaincants. Ils peuvent vraiment exprimer un sentiment!


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Simone doit pousser davantage son analyse. Ce que je disais plus haut sur l’impossibilité de voir la tête comme un tout est encore vrai ici. Simone reste bloquée sur la bouche, puis la joue gauche et l’œil. Il faut pousser davantage, et au besoin la rater tout à fait… avant de la reprendre sur une autre feuille!
De même pour Lola qui devrait davantage chercher par le crayon, en reprenant sans cesse sa feuille jusqu’à la noircir de crayon, avant d’attaquer le lavis qui est tout de suite définitif. Catherine réussit bien à faire un ensemble, même si chaque détail reste présent encore. La difficulté en effet de ce faune est due à l’impossibilité pour un être normal à conjuguer ces expressions dans le même temps (ce sera développé dans un des prochains cours, sur les expressions).
Par contre, Catherine insiste sur le rictus de la bouche et le regard perçant, et souligne ainsi ce côté diablotin. Tout semble se jouer dans la partie droite, et l’œil de gauche, nécessaire pour souligner son maléfice, devrait apparaître plus tard à notre regard (et donc être un peu moins visible), comme le blanc trop fort à gauche.


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Le dessin de Daphné est encore trop travaillé par morceau. En prenant plus d’habitude pour ce type de travail, tu vas gagner en rapidité sur chacune des parties du visage. Tu pourras te concentrer en même temps que sur la bouche par exemple, et sur le rapport de ce sourire bizarre avec le nez qui projette une ombre sur les lèvres, et qui donc nous empêche de bien voir la commissure des lèvres, que tu dessines pourtant. Malgré la séance que nous avons faite des objets blanc sur un fond blanc, qui nous engageait à ne dessiner que ce que nous voyons, du montres les contours du nez, ou le maxillaire gauche par exemple, que l’on ne voit pas. C’est bien. Continues ainsi.
Pour le dessin de Mercedes,je suis moins convaincu que par son portrait de Niccolo da Uzzano qui était extra. La difficulté de ce portrait tien en effet à ses bizarreries, comme je l’ai déjà dit. Ce qu’on sent bizarre nous pousse à retravailler par détail. Néanmoins, les hachures mises en oeuvre sont superbes. Cela nous pousse à voir la t^te comme un volume. Et cela la conduit à reprendre ce portrait en lavis. La aussi, je trouve les détails trop travaillés de manière indépendante. Mais c’est un très beau travail, surtout dans le front et la chevelure. Le bas du visage me semble trop marqué, ce qui isole les parties. Cette nécessité de travailler l’ensemble non comme une somme de partie est en effet très difficile à réaliser avec ces techniques d’encre car le travail doit être progressif. Il faut monter petit à petit le visage en laissant les clartés en réserve. Mercedes est sans doute montée trop vite dans les sombres, ce qui l’a conduit à marquer ses noirs.

Les dessins ne sont pas comparables, mais la 3ème version de Catherine Vidal dit plus en faisant moins (mais il fallut pour cela investir le temps de trois versions). Ce dessin concentre notre regard sur quelques parties du visage, sans que cette économie nuise à notre lecture, au contraire! on croit voir vraiment la lumière tomber sur la paumette droite sans contour et donc mettre en évidence le regard espiègle. De même,l’ombre sous le nez dont je parlais à propos du dessin de Daphné, attire notre regard sur le sourire bizarre. Ces accents mis que la bouche et l’œil droit nous disent plus que d’avoir essayé de tout dire.

Ces nouvelles versions du faune montrent les progrès de tous dans la compréhension du volume de la tête, même si ce n’était pas jusqu’ici une de leur priorité. Attention pour Mariane aux photos, ou aux contrastes insuffisants sur le dessin lui-même, car on ne voit pas bien le dessin ici. Comme je l’ai dit depuis le début dans cette séance, il faut voir la tête comme un tout, et non se focaliser sur les yeux ou la bouche comme ici. Le travail semble meilleur sur la joue gauche qui est reliée au cou. Il faut faire ainsi des ensembles liés entre eux. Je vous encourage à continuer comme je le vois depuis quelques temps, à reprendre le motif plusieurs fois. Béatrice a ainsi fait deux versions du faune. Dans sa première version, l’axe du haut du visage ne semble pas correspondre à celui du bas du visage, ce qui nous empêche de le voir comme un tout. Dans la seconde version, ce n’est plus le cas, et le visage est assez convaincant. Comme des contopurs ont été ajouté dans la partie lumineuse du visage, à droite, il ne serait pas nécessaire d’ajouter des valeur blanche comme au trois crayons. Par contre dans une troisième version, cela serait possible de travailler aussi avec le blanc : cela rendrait les contours inutiles, comme dans le menton à droite, et lui donnerait plus d’éclat. Dans la version de Marie-Jose, le travail en fine hachures est convaincant et agréable. Cette précision du trait s’accorde avec ce visage espiègle. Mais il manque un choix entre les motifs. Les yeux sont particulièrement réussis, mais le nez me semble un peu trop de face et coins de la bouche trop marqués. Le mieux aurait sans doute été de choisir de mettre un accent sur son regard…?

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Ce 3eme motif est plus difficile car associe trois visages. A nouveau le même reproche peut être fait pour le dessin de Simone, qui devrait estomper certaines parties pour n’attirer que sur ce qui l’a intéressée. Ici, la bouche et la joue font un bel ensemble qui aurait pu suffire. Simone me demandait dans son mail ce qu’il fallait faire pour attirer le regard du spectateur vers les sourires dans ses deux dessins. En effet, elle a souligné les deux sourires qui sont plus contrastés que le reste de son visage. Pour que ce choix soit plus convaincant, j’aurais estompé davantage le reste. Mais dans ce cas, il faudrait que le sourire soit vraiment plus travaillé. Dans le cas de ce visage de danseuse, le sourire n’est pas convaincant (la forme de la bouche serait à reprendre).
De même pour le dessin d’Éléonore, qui montre trop son intérêt pour les trois visages pris successivement. Néanmoins, pour ce dessin et celui de Sylvie, on remarque le choix d’un traitement différent pour les visages du fond et celui au premier plan. Cela accroît le volume et concentre plus facilement notre regard sur différentes parties. Éléonore a particulièrement bien réussi le visage étonné du fond. Le reste devrait lui être subordonné. Les yeux de la deuxième danseuse sont trop sombres et attirent notre attention sur le fait que leur courbure ne correspond pas à celle de la bouche (penser encore aux courbes de niveau). Le même problème a été rencontré par Sylvie, qui réussit cependant un bel ensemble grâce au contraste entre les deux visages.
L’encre de Mercedes me paraît à nouveau trop marquée. Cela aurait l’intérêt de d’augmenter l’expression brutale qu’on pourrait ressentir devant ces visages, mais il faudrait dans ce cas une technique plus relâchées, plus rapide sans doute (ce qui ne l’est assurément pas en fait, car il faut s’exercer pour cela sur d’autres feuilles préparatoires). Attention à ce que j’ai appelé les courbes de niveau du deuxième visage (celles des yeux n’est pas parallèle à celle de la bouche, ce qui nous empêche de voir le volume de sa tête… ce qu’on imagine très bien dans le dernier dessin de Catherine.
Picasso. " la mort de casagemas" 1901

Audrey Pichot

Ces portraits nous permettent d’apprécier les choix de chacun.
Audrey regrettait de ne pas maîtriser assez le regard. Je ne trouve pas que cela soit gênant ici : le regard perdu correspond à la moue de la bouche. La différence entre les deux yeux est satisfaisante, mais on peut regretter la petitesse de l’oeil à gauche et la pupille trop grosse à droite. Il faudrait faire un oeil qu’on voit plus que l’autre. Ici, ce serait celui de gauche, mais qui est décidément trop petit et léger.

Picasso. " la mort de casagemas" 1901

Catherine Vidal 1


Picasso. " la mort de casagemas" 1901

Marie-Noëlle


 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Ces deux versions de l’Habacuc de Donatello sont superbes et montrent toutes les deux le profit qu’on peut trouver dans le contraste entre le gris du graphite et le noir de la pierre noire. Attention, la pierre noire plus sèche, tient mal sur le graphite assez gras. Mais cela permet de renforcer les valeur comme chez Catherine, ou d’augmenter l’expressivité comme chez Marie-Noëlle.

Picasso. " la mort de casagemas" 1901

Catherine Vidal 2


Picasso. " la mort de casagemas" 1901

Catherine Vidal 3


La richesse des valeurs de ces deux dessins est grande, et le dessin exprime une réelle douceur. Le regard semble un peu dans le vague (la différence entre les deux yeux est mal maîtrisée : il faut qu’un oeil l’emporte sur l’autre. Ici, celui de droite est trop appuyé…), mais la bouche est superbe. Sans doute la sculpture polychrome de Donatello se prêtait-elle à ce traitement, mais je m’interroge sur cette richesse du dessin. Ne va-t-elle pas trop loin?

Est-il souhaitable de dire autant? Cela risque en effet de ne plus laisser assez de marge d’interprétation au spectateur. Dans le cas d’une sculpture polychrome religieuse, cela peut sembler nécessaire ou souhaitable pour obliger le spectateur à croire et s’engager dans la foi. Mais aujourd’hui?

Ces deux dessins sont très beaux, mais je ne sais pas ce que tu penses devant eux. Je ne vois pas la position de leur créatrice, comme si tu t’effaçait toi-même de ta création. Ce qui n’a pas été le choix de toute l’histoire de l’art depuis au moins le romantisme.

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