Braque semblait plongé dans un purgatoire infin depuis la rétrospective de 1973. Après l’éloge funèbre prononcé en 63 par Malraux lui-même, après le plafond du Louvre et les funérailles nationales qui font de lui le peintre français par excellence, les institutions semblaient avoir un peu honte de ce peintre trop français : en 64, un an après sa disparition, le prix de la biennale de Venise, pour la première fois, était donné à un artiste extérieur à l’Europe et à l’hexagone, entérinant le divorce du monde avec la peinture, avec la France. La commissaire Brigitte Léal dégage aussi Braque de la trop grande proximité de Picasso. Ainsi peut-on apprécier l’entreprise de cette exposition qui place Braque sous le patronage de Cézanne « notre père à tous », disait-il. Les toiles fauves sont présentes, comme les grandes toiles cubistes qui témoignent du regard radicalement neuf de Braque. Une salle est consacrée aux papiers collés inventés par Braque qui, pour la première fois intègre le réel dans le champ pictural. La beauté et la légèreté de ces œuvres sont toujours aussi frappantes ! La suite de l’exposition sur les « ateliers », les « oiseaux », les paysages de Varengeville que Giacometti appréciait tout particulièrement est extraordinaire
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