Kurt Schwitters : invitation à une
soirée Merz à son domicile.
Schwitters avait été refusé par Huelsenbeck au club Dada berlinois, même s’il était déjà connu de Tzara en 1918 : il décide donc de créer son propre mouvement, baptisé Merz, nom issu de « Commerzbank » (comme le nom Dada, il ne veut rien dire). contrairement aux dadaïstes berlinois très provoquants, il garde toujours un véritable humour dévastateur .
Page de titre d’Anna Blume, 1919
En 1919, Kurt Schwitters devient célèbre par la publication dans la revue expressionniste Der Sturm de son poème « Anna Blume », son chef d’oeuvre.
O toi, bien aimée de mes vingt-sept sens, je t’aime
A toi ! – Tu, de toi, toi à toi, toi à moi. – Nous ?
Cela (soit dit entre nous) n’a rien à faire ici.
Qui es-tu femme jamais dénombrée ? Tu es – es-tu ?
Les gens disent que tu serais -laisse les dire, ils ne savent pas comment
le clocher se tient debout.
Tu portes ton chapeau sur tes pieds et tu te promènes sur les mains,
Sur les mains, tu te promènes.
Hello, tes robes rouges sciées en plis blancs.
Rouge je t’aime, Anna Fleur, rouge, j’aime, de toi ! – Tu de toi, toi à toi
Je à toi, toi à toi, toi à moi – Nous ?
Cela appartient (entre nous) à l’ardeur froide.
Fleur rouge, rouge Anna Fleur, comment disent les gens ?
Concours :
1. Anna Fleur a un oiseau
2. Anna Fleur est rouge
3. Quelle est la couleur de l’oiseau ? [...]
Personnification de le jeune fille allemande sentimentale, Anna Blume(« Anna fleur ») sert de prétexte à la reproduction de coupures de journaux, de chansons, de slogans incompréhensibles et d’évocations absurdesinfluencés par August Stramm, le futurisme et l’expressionnisme. Schwitters restera longtemps proche des expressionnistes qui publieront ses textes de Schwittersjusqu’en 1923. Toutefois, à partir de 1923, il soulignera son indépendance en éditant la revue Merz .
Couverture de la revue Merz n°1, janvier 1923
Couverture de la revue Merz n°2, avril 1923
Couverture de la revue Merz n°4, juillet 1923
L’Ursonate (1923-1932), est une « l’imitation d’une sonate classique d’après les lois de l’harmonie ». Elle est construite comme une sonate, analogue par la rythmique et la mélodie, mais avec des moyens phonétiques, comme ceux mis en oeuvre par Hausmann dans ses poèmes phonétiques.
Page de la Ursonate, scherzo -1932 -
Ses toiles reflètent la même passion pour le non-sens et les rencontres d’objets les plus hétéroclites. Toute sa vie, il a visité les boîtes à ordures et les dépotoirs pour y trouver les matériaux de sa création. Son génie, c’est de transmuer les objets les plus triviaux (fragments de bois ou de métal, bourre à matelas, ressorts de sommier, rouages rouillés, vieux journaux et déchets de toutes sortes) en d’invraisemblables collages, rehaussés de teintes bariolées et délavées. Il y transforme les déchets en véritables oeuvres d’art.
Ce sont les mêmes objets qui lui servent aussi à édifier la Colonne Merz, création inexposable et invendable qui s’identifie plus ou moins à sa propre vie. Détruite au cours des bombardements en 1933, Schwitters la reconstruira en exil, en Norvège, en 1940 puis en Angleterre, décorant une grange de ses fantastiques collages.
Merzbau -original de la maison
de Schwitters à Hanovre 1919 -1933.
Assemblage : morceaux de bois, papiers
divers (journaux, étiquettes) métaux
(pièces de monnaie, gonds….) objets
les plus variés.
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