Valadon et ses contemporaines

Valadon et ses contemporaines. Peintres et sculptrices. ,1880-1940. Edition in fine.
Cet ouvrage est le catalogue d’une exposition des m sées de Limoges et de Brou, consacrée à l’oeuvre de Suzanne
Valadon et de
t o u t e s l e s
f e m m e s
artistes qui
contribuèrent
à donner enfin la place aux femmes dans la
création artistique. Dès l’avant-propos rédigé
par les deux commissaires de cette exposition,
Anne Liénard et Magali Briat-Philippe, leur
émancipation est posée comme le sujet principal
de cet évènement. Valadon n’était en effet
pas du tout prédisposée à devenir artiste. De
condition sociale modeste, elle fut d’abord
acrobate puis modèle, avant de passer de l’autre
côté du chevalet. Souvent rattachée aux oeuvres
de son conjoint André Utter ou de son fils
Utrillo, le parti de l’exposition est bien sûr de
la sortir de cette dépendance. C’est Valadon
qui fut leur maître et non l’inverse. De nombreux
textes de cet ouvrage analysent cette libération :
ce n’est qu’en 1897 que les femmes sont admises
aux Beaux-Arts, sous la pression du collectif
de l’union des femmes peintres et sculpteurs.
Auparavant, elles étaient contraintes de se
rabattre sur les académies privées. L’académie
Julian fut une des plus importantes, créée en
1868 à proposer une alternative sérieuse aux
Beaux-Arts. Son créateur, Rodolphe Julian,
remarquait alors que dans les ateliers de
femmes, le travail « n’est pas seulement égal
mais [est]considérablement plus sérieux que
dans les ateliers masculins. » Et ce n’est qu’en
1903 qu’elles peuvent concourir au prestigieux
prix de Rome. Charlotte Foucher Zarmanian
analyse les stratégies alors mises en place pour
se former puis pour exposer, dans un contexte
qui ne leur était pas favorable : cela est vrai
pour l’enseignement dont elles ont longtemps
été exclues, mais aussi des réseaux d’exposition,
qui étaient alors exclusivement menés par des
hommes. L’ensemble de ces textes permet enfin
de rendre hommage à ces femmes qui ont
réussi à renverser une situation qui paraît
aujourd’hui inconcevable.