le contour

« L’âme juge le plus beau ce dont elle peut se faire une idée dans le plus petit espace de temps » écrit Hemsterhuis dans « lettre sur la sculpture » en 1769. Le philosophe prend le contre-pied de l’esthétique qui prévalait au début du XVIIIeme siècle.

« Le dessin est la probité de l’art » écrit Ingres à la génération suivante.

on peut faire le même usage de la ligne pour représenter à la fois

  • le volume (les contrastes entre les traits appuyés et les traits léger sont plus forts dans ce qui est proche de vous)
  • votre choix de ce qui vous intéresse dans la feuille (ce qui vous intéresse sera plus travaillé que le reste)
  • la compréhension de la feuille (les traits de construction peuvent être laissés et témoigne de votre recherche et de votre copréhension de la forme et de sa logique)

 

 

voici le dessin fait au trait par Mercédès, en suivant ces conseils, ceux de Ingres en particulier.

 

dans le premier dessin, le coquillage au centre en bas est particulièrement réussi. Les inflexions sur la gauche creusent le coquillage. De même sur le coquillage qui est à sa droite, qui est presque abstrait, mais a beaucoup de relief.
sur la deuxième feuille, les hachures qu’on s’était interdites sont moins présentes comme dans le coquillage en haut à gauche. Les inflexions donnent là aussi beaucoup de relief.
le coquillage en bas à gauche est Très beau. La difficulté est sans doute de comprendre la forme de l’hélice et de la rendre par les inflexions seules du trait, tout en laissant beaucoup de liberté au crayon (ce qui n’est pas le cas de deux coquillage juste au dessus des deux derniers. Dans le coquillage en bas à gauche, on a l’impression que Mercédès s’amuse à jouer avec l’objet. Notre regard est attiré par le deux parties sombres et nous passons sur l’arrière à la recherche de la suite de la spirale.
Cela me fait un peu penser aux dessins abstraits de Kandinsky ou de Arp

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

voici quelques dessins réalisés avec ces consignes :


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Comme dans le dessin de Florence, il faut varier les inflexions données au trait. A gauche du trou de la coquille, Florence varie son trait depuis la nervosité en haut jusqu’à l’hésitation ou la violence.
Par contre en haut de la coquille le crayon passe trop vite de la légèreté à la dureté. Cela parait trop artificiel. Et les ombres sont inutiles, me semble-t-il.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Vasarely ou quelques autres graphistes proches de l’Op art des années 60-70 ont eux aussi beaucoup travaillé sur la qualité d’une ligne très variée.
Ils utilisent la ligne et la font varier de largeur pour signifier les volumes sans utiliser les ombres et les dégradés.


Le monotype
on peut travailler sur des drapés avec des tissus rayés comme celui-ci
Le monotype
voici quelques dessins obtenus avec ces consignes.

On peut regretter la trop grande régularité des largeur du trait chez Jean-Luc (ce qui ne crée pas de volume ni d’expression) et les chevauchements de traits chez Catherine (ce qui entraine une confusion dans notre perception, même si le dessin est beau en lui-même). Cela est moins vrai chez Pascale, et Emilie et Michel construisent de très beaux dessins par cette méthode.
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 

Dans un second temps, nous nous sommes moins astreints à suivre les plis du drapé pour créer un espace plus imaginaire.


Le paysage d’Emilie invite au voyage imaginaire.
 
 

 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
je vous propose maintenant d’utiliser ces études graphiques pour réaliser une nature morte ou un paysage, en nous basant sur les exemples suivants de dessins au bambou et à l’envcre réalisés par Van Gogh:


 
 

 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 

 
 
 
  
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  
 
 
 
tentons d’appliquer cette façon de faire sur un des paysages grecs suivants :


 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 

 
 
 
  
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 

 
 
 
  
 

 
 
 
 
 
 
 
  
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

voici quelques dessins réalisés

Jean-Luc sur son dessin de la Baie de Vlikhos ne me semble pas assez jouer avec les signes graphiques.
Il faudrait en inventer davantage, plutôt que de varier les valeurs. Van Gogh joue davantage sur les contrastes entre les signes, comme il le fait avec les couleurs sur ses toiles. Mais il ne travaille plus plutôt les valeurs.
Sans doute est-ce la volonté de ne pas donner trop de présence aux objets représentés. Les ombres permettent aux objets de s’incarner, de leurs donner une présence. Mais pas les couleurs, ni les signes graphiques. Cette réflexion est au centre de nombreuses toiles de la renaissance, de même qu’en cette période charnière, peu avant l’apparition de l’art abstrait.

 
 
 

C’est justement ce qu’on voit sur le deuxième paysage de Jean-Luc. Les zones sombres sont mieux intégrées au reste du dessin et permettent au regard de vagabonder sur la feuille.


 
 
 
 
 
 
 
 

De même sur le paysage d’Emilie qui intègre même le ciel dans le reste de son travail sur les feuilles.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La dernière étape de ce travail graphique aura pour but d’aller plus loin dans notre création personnelle, plus loin dans l’utilisation des lignes, points et autres signes graphiques que nous avons utilisés ces dernières semaines. Le paysage lui-même ne serait plus qu’un prétexte. Le mieux serait de partir de nos derniers dessins, comme ceux reproduits ci-dessus, et de nous nourrir des rythmes établis dans leurs dessins par Kandinsky dans Klänge ou par de Staël, ou Kupka, dont je vous donne quelques exemples ci-dessous, dans lesquels les artistes se concentrent sur le rythme des lignes de leur motif



Dans le premier paysage, De Staël se concentre sur le rythme. Dans le second, il n’y a presque plus de présence du motif. Seule la ligne s’exprime, tout en gardant une mémoire du réel qui a suscité notre émotion.


De nombreux artistes travaillent ainsi à partir de la mémoire de ces rythmes observés, comme Kirkeby.

voici quelques dessins réalisés à partir de la photo de Avanato à Chio, reproduite un peu plus haut.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Ces dessins sont très beaux dans l’équilibre établi entre les lignes et les surfaces pleines ou vides. Il faut en effet prendre garde à établir un rythme entre tous les éléments du dessin et toutes les surfaces.
Ces deux dessins restent très figuratifs. Celui de Catherine en particulier. On peut profiter de ce dessin pour donner encore plus de liberté aux lignes trouvées sur le papier. Je vous recommande à ce sujet l’exposition actuelle au Centre Pompidou, qui réunit les dessins que Penone à donnés pour la collection du MNAM.



Penone incorpore souvent des empreintes dans son travail, qu’il traite avec des matériaux divers. Mais la compositions des formes continue à suivre les mêmes règles de composition qu’autrefois. Il continue à tenir compte des rythmes.

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