Quelques toiles de Courbet peuvent témoigner d’un souci de grandiose :
- les paysages de la fin de sa vie
en 69, il séjourne à Etretat. C’est pendant ce séjour qu’il peint beaucoup de marine.
Le second tableau est réalisé pendant sa captivité, de mémoire : un collectionneur lui a commandée en soutien moral et politique. Dans les deux toiles, l’horizon est très bas, ce qui donne un grand ciel, mais la matérialité est à l’opposé de ce que pouvait faire Corot qui dématérialisait ses paysages dans la brume. Courbet construit, comme en témoigne son souci d’atténuer la frontalité, comme dans le « bord de mer à Palavas » de 54.
Courbet évite toute anecdote, contrairement à Boudin (Honfleur1824-Deauville1898) ou Monet, qu’il fréquente pourtant, alors que l’ « impressionnisme » est sur le point d’apparaître. Néanmoins, c’est au contact de Boudin, que Courbet éclaircit sa palette. La toile de 72 montre cependant combien Courbet reste dans la matière. Le ciel est aérien, comme chez son ami, mais le sable est travaillé au couteau. Sa personnalité se concrétise sans doute dans cette opposition. Comme le dit Lionello Venturi en 1947 : « la mer et le ciel son géant, mais si Courbet se sent géant comme eux, les barques peuvent être des points chétifs : celui qui voit de la sorte est un géant ? Personne au XIXème siècle, même Delacroix, n’avait senti en face de la mer une puissance aussi grandiose, une force à ce point héroïque. »
- les trombes
en 65 ou 66, à Trouville, il observe ce phénomène météorologique. il place son horizon très bas pour lui donner beaucoup de place, et est encouragé par le succès de ces toiles qui rappellent les paysages romantiques comme deux de Joseph Vernet.
- les vagues
Courbet passe plusieurs semaine à Etretat en août et sept 1868-69 et peint sur le motif ou à son retour à l’atelier.
Au salon de 1970, « la vague » est présentée avec « la falaise d’Etretat » et le succès est énorme. Le commentaire de Cézanne est clair : « celle de Berlin, prodigieuse, une des trouvailles du siècle, bien plus palpitante, plus gonflée, d’un vert plus boueux, d’un orange plus sale, que celui-ci [la toile d’Orsay], avec son enchevêtrement écumeux, sa marée qui vient du fond des âges, tout son ciel loqueteux et son âpreté livide ? On le reçoit en pleine poitrine, on recule, toute la salle sent l’embrun ».
Pour sentir ce que la toile a de réaliste, qui nous fait sentir l’embrun, il faut la comparer avec la vision sublime et désespérée des romantiques, ou avec le tourisme des Boudin ou jeune Monet. Chez Courbet, il n’y a pas d’anecdote comme chez les impressionnistes, mais il n’y a pas non plus d’emphase romantique, ni d’anthropomorphisme comme parfois chez Victor Hugo.
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