dossier de spécialité au Bac L

programme du bac 2020

  1. L’étude des pratiques artistiques en collaboration et en co-création, des années 1960 à nos jours, à partir de démarches d’artistes significatifs, a pour objectif de soutenir l’investigation de l’entrée de programme portant sur le « chemin de l’œuvre » (extrait du programme fixé par l’arrêté du 21 juillet 2010, BOEN spécial n° 9 du 30 septembre 2010), dans la visée globale du programme qui interroge ce qu’est « faire œuvre ».

    Une certaine vision de l’artiste en génie solitaire s’est progressivement imposée au XIXe siècle avec la montée en puissance du sujet créateur tendant à laisser en retrait d’autres conceptions de l’artiste, de l’œuvre et de l’art. Pourtant, les pratiques artistiques dites « à plusieurs mains » ne sont pas nouvelles. Historiquement, elles croisent la notion d’atelier et ses évolutions ; elles interrogent la répartition des savoirs et des tâches au service de l’œuvre d’un artiste. Certaines, plus récentes, naissent au sein de regroupements d’artistes désireux de penser et produire ensemble autour de modes de vie et de création choisis, d’engagements esthétiques, sociaux ou politiques, etc. À l’instar de la participation ou de l’interaction avec le spectateur, avec lesquelles elles ne se confondent pas, mais qu’elles peuvent inclure, les collaborations, co-créations et co-conceptions entre artistes conduisent à repenser le processus de création et statut de l’œuvre comme celui de l’auteur.

    Une sélection d’œuvres, de démarches, de mouvements et de pratiques significatifs pourra être opérée par chaque enseignant, afin de travailler les points suivants :

    - les évolutions à partir des années 1960 des notions d’œuvre et d’auteur dans le cadre des pratiques en collaboration, en co-création et en co-conception, au sein de duos, de groupes et de collectifs d’artistes : désir de non-hiérarchisation entre les créateurs et parfois entre les arts, gestes et manifestations de « singularité collective » – par exemple au sein de Fluxus -, apparition dans les années 1970 et 1980 de la catégorie du couple d’artistes – duos artistiques et dans certains cas dans la vie, etc. ;

    - les diverses modalités de partage d’objectifs et de ressources entre artistes : centrées sur la conception et la production ponctuelle d’une œuvre présentée à un public, visant à favoriser des associations et des coopérations dans le contexte d’un projet collectif de plus ou moins longue durée, relevant de collaborations qui peuvent articuler les langages et les pratiques des arts plastiques avec ceux du théâtre, de la danse, du cinéma, de la vidéo, etc. ;

    - l’émergence de nouvelles pratiques « à plusieurs » liées au numérique (technologies, processus, concepts), à la constitution de collectifs de création numérique (plus ou moins pérennes, pouvant varier au gré des projets) ;

    - les contextes particuliers de certaines œuvres collaboratives, tel celui de l’espace public ou, plus largement, celui suscité par les réflexions actuelles sur la mondialisation ;

    - plus généralement, les pratiques singulières développées dans le cadre d’œuvres collaboratives ou coopératives : pratiques de la conversation, de la conférence-performance, etc.

  2. Auguste Rodin (1840-1917)En s’appuyant sur des œuvres, des démarches et des processus significatifs de l’œuvre d’Auguste Rodin, l’objectif est de soutenir l’investigation de l’entrée de programme portant sur « l’espace du sensible ». Il s’agit d’articuler cette approche précise à l’apport d’autres références dans la visée globale du programme qui interroge ce qu’est « faire œuvre ».Imprégné des références esthétiques qui lui sont contemporaines, Auguste Rodin en dépasse régulièrement les normes, questionnant nombre de conventions et de canons de la statuaire. Les grandes commandes dont il bénéficie dans le domaine de la sculpture publique témoignent des liens que l’artiste entretient avec la société dans laquelle il vit : les monuments qui en sont issus, en prenant leurs distances avec une rhétorique propre à l’époque, suscitent controverses et polémiques, mais ils apportent à Rodin le soutien et l’intérêt d’un cercle artistique convaincu.Par une perpétuelle interrogation de l’univers des signes, Auguste Rodin sert l’idée d’une création toujours en mouvement, jamais interrompue, jamais achevée. Fidèle à la « Nature », le sculpteur perçoit les « vérités intérieures sous les apparences ». Entretenant une relation singulière aux processus artistiques, tirant parti des langages plastiques et des matériaux, il élargit les répertoires formels de la sculpture et renouvelle le travail de l’atelier. Les ruptures plastiques et les gestes artistiques qu’il affirme élaborent un nouvel espace sensible. Ce faisant, il invente une autre économie de l’œuvre sculptée, d’une saisissante modernité.Une sélection d’œuvres emblématiques d’Auguste Rodin sera opérée par chaque enseignant, afin de les mettre en relation en tenant compte de leurs dimensions formelles, techniques, symboliques et sémantiques, à partir des repères ci-après indiqués, sans pour autant devoir s’y limiter :- les fondements et transformations du rapport de Rodin à la sculpture : références à l’antique, aux cathédrales, à Michel-Ange ; question du mouvement ; problématique du socle ; statut du matériau et matérialité de l’œuvre ; traitement de la lumière ; possibilité du non fini ;- l’expérimentation au cœur du processus de création : prise en compte du hasard et de l’accident, fragmentation, assemblage, réutilisation, recombinaison, changement d’échelle, répertoire de formes ;- les temps et lieux de la fabrique de l’œuvre : techniques de la sculpture, organisation matérielle des ateliers, liens avec les assistants, relations avec les modèles, usages du dessin et de la photographie ;- les grands ensembles sculptés : commande publique, langages et dispositifs plastiques de l’échelle monumentale, conditions de réception, dialogue avec l’environnement et le spectateur.Collaboration et co-création entre artistes : duos, groupes, collectifs en arts plastiques du début des années 60 à nos jours
  3. Machines à dessiner, protocoles ou programmes informatiques pour générer des dessins, trois études de cas avant l’ère du numérique : les Méta-matics de Jean Tinguely, les wall drawings de Sol LeWitt, les dessins assistés par ordinateurs de Véra Molnar.

À partir de l’étude d’une sélection d’œuvres de ces artistes, opérée par le professeur et s’inscrivant dans le cadre de cette problématique, il s’agira de soutenir l’investigation de l’entrée du programme portant sur « Œuvre, filiation et ruptures ». Cette approche, en tant qu’études de cas, s’articule à d’autres références mobilisées dans la visée globale du programme qui interroge ce qu’est « faire œuvre » et nourrit la pratique plastique des élèves.

L’utilisation de machines, de protocoles de travail ou de programmes informatiques pour dessiner – avant même l’ère du numérique – a connu et poursuit des développements contribuant à l’évolution globale des pratiques, des démarches et des attitudes artistiques. Elle ouvre sur une variété de modalités de création et de finalités exprimant également des positions critiques dans l’art et sur la société.

Les Méta-matics de Jean Tinguely (1925-1991), les wall drawings de Sol LeWitt (1928-2007), les dessins assistés par ordinateur de Véra Molnar (née en 1924) reconfigurent, élargissent ou déplacent les manières de convoquer ou de générer le dessin. Héritières de lointaines traditions et témoignant de divers usages du dessin en art, elles sont porteuses de nombreuses caractéristiques de la modernité en art.

Axes de travail :On sera attentif, à partir d’exemples précis et de problématiques dégagées des démarches et productions de ces trois artistes, à :

- explorer les potentialités de l’usage à visée artistique de machines, de technologies, de protocoles de travail dans le champ du dessin ;

- analyser la nature et le statut du geste artistique dès lors que l’artiste n’est pas l’unique inventeur ou producteur du dessin ou qu’il l’intègre dans un processus plus large ;

- mettre en perspective les pratiques de ces trois artistes avec les différentes conceptions et usages du dessin en arts plastiques.

On veillera à ne pas confondre cette étude avec une histoire générale du dessin ou avec des monographies de Jean Tinguely, de Sol LeWitt et Véra Molnar, comme avec une investigation exhaustive de toute leur œuvre.

  1. thème général du travail en histoire de l’art et arts plastiques : l’oeuvre

(Bulletin officiel spécial n°9 du 30 septembre 2010)

Classe terminale : l’œuvre

L’œuvre est perpétuellement remise en cause dans ses fondements traditionnels comme unique, achevée et autonome. D’autres modalités de création se développent, tributaires du développement des objets et des images (production, reproduction, diffusion, etc.), dont les enjeux peuvent aussi être posés à travers la question du photographique. Instruments critiques et esthétiques d’une lecture de la modernité, les problématiques photographiques offrent des clés de lecture pour aborder les questions de l’œuvre. « Faire œuvre » engage le processus créatif de manière globale et ne se limite donc pas à la production d’une œuvre d’art. Il s’agit ici d’appréhender les dynamiques qu’entretient la création avec les éléments concrets qui consacrent ses réalisations : rapports à l’actualité artistique et esthétique, rapports aux étapes de la reconnaissance, condition de sa réception sensible dans les espaces culturels les plus ouverts.

Depuis les avant-gardes historiques, l’œuvre est confrontée à la production en masse des photographies.

  • Œuvre, filiation et ruptures

Ce point du programme est à aborder sous l’angle d’une interrogation de la pratique et de ses résultats formels au regard des critères institués à différentes époques. Être moderne ou antimoderne, en rupture ou dans une tradition. Penser sa pratique à l’aune des valeurs relatives au présent et dans l’histoire. Faire état de stratégie, goût, sincérité. Suivre, opérer des déplacements, transgresser, etc.

  • le chemin de l’oeuvre

Ce point du programme est à aborder sous l’angle d’une analyse du processus global qui fait suite à l’intuition et à la réflexion : la formalisation de l’œuvre engage les modes de sa diffusion, de son exposition et des commentaires qu’elle suscite. Ce cheminement de l’œuvre mobilise des rapports aux techniques et induit des choix plastiques déterminants pour porter l’œuvre en en servant le projet esthétique intrinsèque.

  • L’espace du sensible

Ce point du programme est à aborder sous l’angle de la relation de l’œuvre au spectateur. Comment réfléchir la mise en situation de l’œuvre dans les espaces de monstration, prendre en compte les éléments techniques classiques, du socle à la cimaise, jusqu’aux conditions les plus ouvertes, de la projection à l’installation ou tous autres dispositifs. Les conditions de la perception sensible (regard, sensation, lecture, etc.) sont à anticiper dans l’élaboration formelle du projet plastique.

  • L’œuvre, le monde

Ce point du programme est à aborder sous l’angle du dialogue de l’œuvre avec la diversité des cultures. Le contexte mondialisé de l’appréhension de l’œuvre met en tension la singularité culturelle qui préside à la création et la dimension globalisée des sensibilités qui lui assurent son existence. Cette tension entre la dimension locale et mondiale de l’œuvre en posera les enjeux éthiques et politiques afin de développer l’ambition d’une pensée humaniste. À travers sa pratique plastique, l’élève de terminale doit se doter d’outils intellectuels qui lui permettent l’exercice de la pensée critique et du discernement.

En relation avec cette question, un programme limitatif de trois questions renouvelables porte sur la mise en relation de trois œuvres importantes, choisies de manière à favoriser une étude approfondie (technique, plastique, symbolique et poétique). Les deux premières œuvres sont inscrites dans la production du XXème siècle, la troisième appartient obligatoirement à une période antérieure.

  1. organisation des épreuves :

L’évaluation est conduite sur une épreuve de coefficient 6 en deux parties, une partie écrite portant sur la composante culturelle du programme de terminale et une partie orale sur dossier, affectées chacune du coefficient 3.

A – Partie écrite portant sur la composante culturelle du programme

Durée  3 heures 30.  coeff 3

Deux sujets sont proposés au choix du candidat. Chaque sujet présente une œuvre plastique identifiée en rapport avec le programme limitatif publié au Bulletin officiel du ministère de l’éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative.
Le candidat doit répondre à trois questions : la première l’engage à mener une analyse plastique de l’œuvre reproduite par le sujet. Les deux autres concernent les questionnements induits par cette même œuvre.
Le candidat organise son temps de façon à répondre aux trois questions. Chacune d’elles est évaluée séparément.
La maîtrise de la langue française et de l’orthographe est prise en compte sur l’ensemble rédigé.
- Critères d’évaluation et notation
Cette partie est notée sur 20 points répartis comme suit :
la première question (analyse plastique) est notée sur 8 points ;
. chacune des deux autres questions est notée sur 6 points.

B – Partie orale portant sur la composante pratique du programme

coeff 3

Durée : 30 minutes, sans temps de préparation
L’évaluation se fonde sur le dossier de travaux réalisés par le candidat. Elle est conduite au moyen d’un dialogue entre le candidat et les membres du jury. Ces derniers vérifient les compétences et les connaissances liées à la pratique et à la culture plastiques. Le dialogue s’appuie exclusivement sur le dossier présenté par le candidat. Le dossier est composé de travaux choisis par le candidat, réalisés dans le cadre de l’enseignement d’arts plastiques de l’année de terminale et en référence à son programme. Ils permettent au candidat de témoigner au mieux des projets, des démarches et des aboutissements qui ont jalonné son année de formation. Ces travaux font l’objet d’une évaluation.
- Le dossier comprend une fiche pédagogique, des travaux et le carnet de travail du candidat.
- La fiche pédagogique précise que les travaux sont liés à l’enseignement de spécialité de terminale. Elle est établie par le professeur et signée par le chef d’établissement. Elle comprend la liste des travaux contenus dans le dossier. Elle décrit sommairement le travail d’une même classe de terminale ainsi que les conditions d’enseignement (temps de cours, conditions matérielles). Elle mentionne également la nature et le contenu des séances de travail de la classe, la démarche ayant présidé à la mise en œuvre du programme, les recherches et les activités communes, les lieux culturels visités, les rencontres et les partenariats éventuels ayant pu se faire au cours de l’année de terminale. Des indications concernant plus spécifiquement le travail du candidat et susceptibles d’éclairer le jury peuvent y être consignées.
- Les travaux sont choisis à l’initiative du candidat qui en juge l’intérêt et le bien-fondé. Leur nombre est au minimum de cinq et au maximum de dix. Ils témoignent de l’usage de médiums et techniques variés.
Trois travaux au moins sont présentés comme des productions plastiques considérées comme abouties par le candidat. Ils sont obligatoirement bidimensionnels et sur support physique. Ils sont réunis dans un carton à dessin n’excédant pas le format demi grand aigle (à titre indicatif 75 x 52 cm) et 5 cm d’épaisseur. Concernant tous les travaux en volume, ainsi que les travaux bidimensionnels de très grand format ou ceux impliquant la durée ou le mouvement, ils sont restitués et visualisés par les moyens de la photographie, de la vidéo ou de l’infographie. Ils sont réunis dans un dossier numérique. Les productions spécifiquement informatiques sont également incluses dans ce même dossier numérique.
Le visionnement n’excède pas cinq minutes. Le candidat est responsable du bon fonctionnement du matériel informatique requis. Des restitutions papier sont prévues et seront présentées en cas d’une éventuelle panne technique du dispositif numérique.
- Le carnet de travail du candidat est un objet personnel qui témoigne de ses recherches, abouties ou non.
Il vient en complément ou en appui de ses travaux et en favorise l’évaluation. Il doit seulement permettre au jury d’établir un dialogue plus fécond avec le candidat, permettre une meilleure compréhension de ses démarches et d’apprécier ses capacités de travail et de recherche. Sa forme matérielle est libre dans les limites d’un format qui ne peut excéder 45 x 60 cm et 5 cm d’épaisseur. Il peut prendre une forme numérique. Dans ce cas, afin de pouvoir être présentés aux membres du jury pendant l’épreuve, les vidéos ou les diaporamas doivent être des formes courtes.
Au total, le visionnement de tels travaux ne peut excéder deux minutes. Le candidat est responsable du bon fonctionnement du matériel informatique requis. Des restitutions papier sont à prévoir par le candidat et seront présentées en cas d’une éventuelle panne du dispositif numérique.
Le dossier est introduit par la fiche pédagogique dont un modèle est placé en annexe 1 de la présente note de service.
Chaque élément du dossier est authentifié par le professeur et visé par le chef de l’établissement d’origine du candidat. Les productions numériques sont certifiées par une extraction de quelques éléments caractéristiques de type photogramme sur support papier.
- Critères d’évaluation et de notation
Cette épreuve orale est notée sur 20 points répartis comme suit :
. l’entretien est noté sur 8 points ;
. les travaux du candidat sont notés sur 12 points.
Il s’agit d’évaluer les capacités du candidat à :
. maîtriser la mise en forme visuelle et plastique ainsi que les techniques de réalisation ;
. expliciter et justifier des choix artistiques ;
. affirmer un parti pris singulier et des qualités d’invention.

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