l’espace chez Kawamata

  1. Espaces privé/espaces publics. Transfert. (extraits de « domaines publics » de Brayer)

« la dualité espace privé/espace public se trouve anéantie par l’énergie rhizomatique de ses interventions. Kawamata creuse des passages, recycle le temps, s’immisce dans les interstices de l’architecture pour abolir ses limites.

L’architecture se transforme en sculpture cinétique.  Supprimant les hiérarchies qu’instaure l’espace, au-delà du chiasme privé/public, K déclara que ses constructions sont du « bruit », une perturbation entropique, qui insuffle le  « désordre » dans l’ordonnance du construit. »

(…)

Transfert,  à Saché, 1993.

Transfert, à Saché, 1993.

 

K résida pendant 6 mois en 93 à l’atelier Calder à Saché, près de Tours. Ce séjour aboutit, au cours de l’automne 94, à la réalisation d’un projet inédit transfert, reliant le CCC de Tours à l’atelier Calder. Son projet au CCC est emblématique de l’ « inversion topologique » (Y-A Bois) qui caractérise sa démarche.  Le visiteur circulait dans les coursives du centre d’art, déambulant à la périphérie d’un container où étaient apparentes les caisses d’emballages des œuvres et quelques maquettes. A l’atelier Calder, une passerelle de planches en bois reliait à travers les frondaisons des arbres l’atelier au lieu de séjour. Cette passerelle, ponctuée de petits toits à pente recouverts d’ardoises, laissés dans un état d’inachèvement, suggérait que des habitats privés avaient pu se former dans ce lieu de circulation. Des plaques de bois blanc contre-plaqué mimaient une privacité laissée à l’état d’ébauche. A Nouveau, intérieur et extérieur, privé et public, perdaient de leur résonance antinomique. Ces « abris » sur la passerelle se dressaient en même temps comme des « huttes primitives », délaissées par leurs constructeurs. Architecture et organisme naturel confluaient dans ses habitats enchevêtrés aux branchages des arbres. »

(…)

maquette de Transfert

maquette de Transfert

 

 

 

 

 

 

 

conique Intersect (détail) de matta-clark.1975.

conique Intersect (détail)
de matta-clark.1975.

conique-Intersect

conique-Intersect

 

 

 

 

« à la différence de Gordon Matta-Clark, le premier à développer ce parasitage de l’architecture dans les années 70, K ne cherche pas à contusionner l’espace, mais plutôt à déstabiliser ses paramètres à travers la surabondance de ses excroissances.  Empiriques, ses constructions brouillent le cadre d’inscription de nos repères spatiaux. A rebours de l’espace isotrope occidental, les constructions de K nouent espace privé et public pour en faire des espaces transitionnels. Au bout du compte, résolument « collectifs ».

Matta-Clark (22 juin 1943 – 27 août 1978) est un artiste américain connu pour ses œuvres sur site spécifique réalisées dans les années 1970. Il est célèbre pour ses « coupes de bâtiment» une série de travaux dans des bâtiments abandonnés dans lesquels il a enlevé des morceaux de planchers, de plafonds, et de murs et notamment « Conical Intersection » que la Biennale de Paris 1975 avait organisée : une percée architecturée dans le vif d’un immeuble rue Beaubourg.

Il a développé ses théories de An-ARCHITECTURE – une architecture déconstructiviste considérablement physique.

Cela renvoie à la volonté d’ouvrir l’architecture au XX°, à gommer la frontière privé-public, comme dans les bâtiments suivants sur lesquels nous reviendrons en cours.

-          la villa schröder (rietveld.24)

-          maison sur la cascade( .wright..1935)

-         pavillon de barcelone.(mies van der Rohe. 1929)

 

  1. les déambulations  et nouveaux points de vue

K improvise toujours. Il est contre toute coercition. Cette attitude permet de montrer une autre façon de voir :

« les gens [ont la possibilité] de choisir de marcher sur mes constructions ou non ; il peuvent le faire, mais il peuvent aussi bien ne pas le faire. C’est la même chose avec un [sidewalk]. Les gens peuvent très bien passer à côté, mais s’ils marchent sur mes constructions, s’ils s’en servent, il se passe quelque chose de différent… ils font une expérience totalement nouvelle… j’ai mis en place une façon de bouger qui n’est pas dictée par les choses. »

Ainsi, les ponts franchissent des obstacles et réunissent des espaces auparavant séparés, ainsi les constructions sont souvent en hauteur pour offrir un nouveau point de vue sur les choses.

  1. Voyage temporel

-          Pour la documenta VIII de 87, il redonne à une église en ruine depuis al guerre sa forme originelle par des madriers et parle de « l’épaisse couche du temps accumulé » qu’il voyait partout dans la vieille Europe, en constraste absolu avec les démolitions et constructions incessantes à Tokyo.

-          Dans son « projekt begijnhof sint elisabeth » de 89-90, à Courtrai, il travaille avec des madriers sur le murs du couvent , comme s’il voulait les étayer : « cela nous rappelle  que le Beguinage n’a cessé d’être rénové tout au long de son existence, cet acte de construire mettant lui-même l’installation en relation avec ce poids de l’histoire qui imprègne le contexte ».

-          Roosevelt Island  à NY. Il intervient sur un hôpital et aujourd’hui désaffecté (depuis 50)

Roosevelt-Island

Roosevelt-Island

Le bâtiment était déjà mélancolique, mais le travail de K crée un sarcophage de bois qui accentue ce sentiment en retranchant le bâtiment de Manhattan.

 

 

 

 

 

 

Ces structures faisaient penser au travail de Christo et Jeanne Claude, dans leur capacité à générer des associations avec l’histoire du lieu : les madriers donnaient à voir et soulignait l’architecture.

  1. Work in progress

« le résultat final passe après »

« mon projet n’est jamais achevé, il se prolonge indéfiniment. C’est de l’action pure »

Guy tortosa  : « vous dites que votre oeuvre n’est jamais achevée, qu’elle continue, mais la plupart de vos interventions sont éphémères, temporaires. Cela signifie-t-il que quelque part, dans votre esprit ou dans la mémoire collective, il existe une sorte de cité imaginaire en cours de construction ?

K : C’est toujours par une vue d’avion que je découvre les lieux que je vais investir. J’ai travaillé en Belgique, en Hollande, en France… dans certaines villes c’était éphémère oui, un mois, deux mois, mais je travaillais sur la mémoire des villes concernées, c’était le sens de mes projets. Vous n’avez qu’à les imaginer en connexion.

 

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