supermarché des images

Le supermarché des images. Coédition Gallimard/ Jeu de Paume
Ce catalogue est un très bel ouvrage qui réunit toutes les œuvres exposées, avec une analyse précise des raisons qui ont poussé le commissaire à les choisir. Mais c’est aussi et surtout un très passionnant livre de réflexion et de travail. Il nous permet de mieux comprendre le statut des images aujourd’hui, à l’ère des réseaux sociaux et de la circulation quotidienne de Millions d’images sur le net. C’en est définitivement fini des images concrètes. Elles ne sont plus que flux, nous explique le commissaire de l’exposition Peter Szendy dans « Voiries du visible, iconomie de l’ombre », texte qui introduit le lecteur dans cette réflexion. Reprenant l’allégorie de Chamisso qui, en 1824 dans son roman « peter Schlemihl », Peter Szendy raconte les déboires de Schlemihl qui a vendu son ombre. Il croyait bien faire et ne rien perdre. Il est devenu ce que sont les images actuelles, détachées de tout lien à notre contingence. D’ordinaire, ce roman est analysé comme la perte d’une qualité indispensable qui nous assure d’être au monde. La psychose dont il raconte l’horreur – Kirchner en fit quelques gravures mémorables – semble réellement inversée par la position de Peter Szendy, qui conclue son propos en observant que l’objet dépourvu désormais de son ombre – comme aujourd’hui toute image qui circule sur les réseaux – « se traduit dans l’incessant mouvement du protagoniste qui ne finit par s’habituer à la perte de son ombre que lorsque la chance lui donne une paire de « bottes de sept lieux ». Son manque d’ombre devient alors indissociablement lié à l’extrême vitesse avec laquelle il sillonne la planète, comme une image circulant à perdre haleine à travers les câbles de notre espace icononomique contemporain ». Jean-Joseph Goux et et Matthias Bruhn analysent ensuite les implications économiques de nouveau statut des images. Le constat de Walter Benjamin de la perte d’aura des images qui ont perdu leur unicité est ici démultiplié. Les textes de cet ouvrage nous permettent de comprendre ce que le commissaire appelle l’iconomie, une économie des images. De même le texte « faire abstraction » de E. Alloa est une véritable annalyse du propos de Guy Debord dans la société du spectacle » souvent cité mais finalement peu étudié en profondeur.

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