champ de coquelicots

Analyser « champ de coquelicots près de Vétheuil » réalisé par Monet en 1878

A la fin du XIXe siècle, la peinture subit un bouleversement radical qui ouvre la voie de l’art moderne. Nous analyserons « champ de coquelicots près de Vétheuil » de Monet, de façon à mettre en évidence les causes principales et les effets de ces changements. Même si Monet reste marqué par sa formation, il ne porte plus le même regard sur la réalité et modifie sa technique de façon à en témoigner.

 » Champ de coquelicots près de Vétheuil » semble être composé selon trois plans, celui des coquelicots, celui de l’autre berge de la Seine et celui du ciel. Ces trois plans sont équilibrés sur la surface du tableau, comme si Monet voulait montrer que le monde entier était harmonieux. Comme dans le célèbre  » champ de Coquelicots » peint en 1874, Monet montre une famille – sans doute Camille, Jean son fils – se promenant avec deux autres amis près de Vétheuil où le peintre vient de s’installer.   L’oeuvre témoigne d’une des périodes les plus heureuses de la vie de Monet. La gamme chromatique des couleurs est essentiellement constituée d’un contraste entre les bleus-verts de l’arrière plan et les rouges orangés des coquelicots. Comme en 1974, Monet utilise les contrastes de complémentaires mis en évidence par Chevreul à la même époque. les deux couleurs complémentaires s’équilibrent tout en construisant un contraste dynamique. Mais contrairement à la version peintre en 1974, le tableau peint à Vétheuil est composé sur des horizontales. Celui de 1874 montrait des diagonales qui aidaient le regard à s’enfoncer dans le tableau vers les maisons de l’arrière plan. Ici les personnages s’échelonnent encore vers la Seine, amis l’horizontale du fleuve nous empêche de pénétrer vers l’arrière plan. Cette tension semble préfigurer la fin de cette période heureuse marquée par la mort prématurée de Camille en septembre 1879.

 » Champ de coquelicots près de Vétheuil » est peint avec des petites touches qui semblent rapides. Cette technique est mise au point par Monet auprès de Boudin. Celui-ci est un des premiers peintres à travailler directement en extérieur, sans passer par le travail de croquis repris en atelier, comme pouvait encore le faire Courbet quelques années auparavant. Cela lui permet d’être plus proche des « impressions » ressenties par peintre au contact de la nature. Cela lui permet aussi d’être plus rapide pour retranscrire le caractère changeant de la nature. On a pu opposer ces « virgules » impressionnistes aux points utilisés quelques années plus tard par les divisionnistes qui sont plus lent à mettre en place et supposent donc une plus grande distanciation entre le peintre et le monde qu’il représente.

Cette technique pouvait être la même que celle employée par Corot par exemple dans ses esquisse préparatoires, mais désormais, Monet s’arrête avant de passer à la toile définitive. Il décide de conserver le caractère inachevé, comme si cela garantissait une plus grande proximité entre le sujet et le spectateur. On sait cependant que cette technique est loin d’être spontanée. Monet travaillait ses fonds avant de les recouvrir de fines touches. Dans  » champ de coquelicots près de Vétheuil » par exemple, loin de s’abandonner à ses seules sensations, Monet a utilisé des touches différentes pour les trois plans. Le ciel est travaillé en large coup de brosse avec beaucoup de matière, contrairement à la berge de Vétheuil où les différentes valeurs de bleu et de vert se fondent pour reculer davantage devant les coquelicots traités en petites touches contrastées. Cette différentiation de la touche est volontaire, dans le but de recréer une perspective.

La technique inventée par les impressionnistes permet de travailler plus rapidement et donc de rapprocher le peintre du son sujet. Ce tableau est un très bon exemple de la nouvelle peinture impressionniste, mais par la variation de la technique employée sur une œuvre unique, elle semble aussi montrer que l’essentiel n’est plus dans l’impression seule. la recherche de nouveaux moyens d’expression atteste de son désir de dépasser la sensation toujours évanescente.

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