De Staël au musée picasso d’Antibes et au Muma au Havre

stael.Nicolas de Staël Étude de nu, 1952-1953 Encre de Chine sur papier

stael.Nicolas de Staël Étude de nu, 1952-1953 Encre de Chine sur papier

 

 

  • Lumières du Nord. Lumières du Sud

du 7 juin au 9 novembre 2014 au MUMA au Havre

  • « Staël, la figure à nu, 1951 – 1955 »

au musée Picasso à Antibes (17 mai – 7 septembre 2014)

 

« Je n’oppose pas la peinture abstraite à la peinture figurative. Une peinture devrait être à la fois abstraite et figurative. Abstraite en tant que mur, figurative en tant que représentation d’un espace ». (Nicolas de Staël, 1952.)

Fin 1951, alors qu’il termine ses bois gravés pour « Poèmes », livre réalisé avec René Char, Nicolas de Staël met en place une nouvelle représentation de l’espace. Après avoir été proche de l’abstraction pendant quelques années, il revient peu à peu au réel. Pour ses paysages, il s’attache aux grandes lignes qui structurent l’Ile de France, la Normandie ou le Sud. A partir de 52, le paysage représente plus de la moitié de son œuvre. Il écarte tout pittoresque et s’attache à  l’espace et la lumière.  A l’occasion du centenaire de la naissance de l’artiste (Saint-Pétersbourg, 1914 – Antibes, 1955), le MuMa organise la première exposition consacrée au paysage avec 130 dessins et toiles. Dédié à la lumière, ouvert sur la mer et haut lieu de la peinture moderne de paysage, le musée du Havre a été conçu dans les années mêmes où Staël« retourne sur le motif » et travaille en Ile-de-France, dans le Sud de la France, mais également en Normandie. Les paysages de la Côte de la Manche ont été à l’origine d’une quarantaine de peintures réalisées en 1952. L’exposition d’Antibes quant à elle se concentre davantage sur les nus qui peuplent ses toiles de figures qui se confrontent toujours à la force du fond. Que ce soit en dessin ou en peinture, ses personnages semblent tour à tour apparaître ou disparaître.

stael gallimardNicolas de Staël. lumières du nord, lumières du sud. Ouvrage collectif. éd. Gallimard

Ce catalogue réunit tous les éléments nécessaires pour bien comprendre son retour au réel. Ces différents textes multiplient les approches, tour à tour historique, biographique ou esthétique. On sait l’importance du livre mené de concert avec René Char en 1951. Les bois gravés par de Staël sont reproduits face aux premiers croquis et à un texte « l’orée du bois » de R. Ego qui analyse l’entreprise. Char écrit à la fin de l’année combien de Staël  a « fait là une très impressionnante œuvre réelle ». Lorsque les bois sont présentés à la galerie Dubourg, Camus, Bataille et Leiris s’enthousiasment : R. Ego écrit que « ce fut bien pour [de Staël] une renaissance, renaissance à la nature et aux paysages en vue d’une autre sensation picturale ». Ces bois fondent toute l’œuvre à venir. Le texte de Marie du Bouchet aussi analyse les dessins de Nicolas de Staël trop souvent survolés! On y voit pourtant évoluer le rapport du trait à l’espace. on voit peu à peu l’artiste élever son regard : « ce que j’ai, c’est une formidable volonté de faire toujours plus fort, plus aigu, plus raffiné, toujours plus absolu, avec au bout l’idée du chef-d’œuvre suprême, qui serait fait d’une ligne et de vide ».

stael. la figure à nuStaël, la figure à nu, 1951 – 1955. Ouvrage collectif. Éd. hazan/musée Picasso d’Antibes.

Nicolas de Staël montre 26 peintures à la galerie Rosenberg de New York en mars 1954. Parmi elles, beaucoup de nus, dont la prodigieuse « jeanne debout » de 1953. Face à la peinture américaine toute puissante alors, face aux débats de l’époque entre l’expressionnisme abstrait et l’action painting qui voulaient tirer la peinture, plus vers l’art en train de se faire que vers la peinture en tant qu’œuvre d’art, l’art européen est souvent apparu comme provincial, désuet.  Cette exposition de 1954, largement reprise aujourd’hui par le musée d’Antibes, permettait au contraire de voir une nouvelle conception de la peinture. Jean-Louis Andral raconte dans « le lieu du leurre » ce  que la peinture est alors pour Nicolas de Staël : « je me suis senti gêné de peindre un objet ressemblant, parce qu’à propos d’un objet, d’un seul objet, j’étais gêné par l’infinie multitude des autres objets coexistant. On ne peut absolument pas penser à quelque objet que ce soit, on a tellement d’objets en même temps que la possibilité d’encaissement s’évanouit. J’ai cherché à atteindre une expression libre ».  Nicolas de Staël est loin des débats entre la figuration et l’abstraction qui animent alors la scène française. Parti de l’abstraction, les textes de ce catalogue permettent de comprendre son retour au réel au début des années 50. Pour lui, il ne doit et ne peut y avoir de différence entre les deux (cf. la citation en début d’article). un peintre doit être tout à la fois dans la tradition et hors d’elle : «il s’agit toujours et avant tout de faire de la bonne peinture traditionnelle et il faut le dire tous les matins, tout en rompant la tradition en toute apparence parce qu’elle n’est (la) même pour personne »

 

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