Formica Jean-Pierre

Jean-Pierre Formica. Olivier Kaeppelin. éd. Actes Sud

Né en 1946, Jean-Pierre Formica développe son oeuvre en dehors de tout mouvement ou tendance moderne. Olivier
Kaeppelin, auteur de
cette monographie
ne se réfère que très
peu aux critères qui
d’habitude relient
chaque peintre à son
époque. Il raconte
surtout comment l’oeuvre se déploie à partir
des nombreux portraits qu’ils réalisaient dans
les années 70. Déjà à cette époque, raconte-til,
« je voulais peindre un processus qui me
permettait d’approcher l’apparition d’un être
pictural. J’enfouissais le portrait initial dans
dix, vingt autres portraits. Ils se mêlaient,
« s’embrassaient », puis, chose faite, je me
lançais dans une autre expérience, le peintre
s’emparait du portrait ». Ces notes montrent
combien c’est avant tout le processus de réalisation
qui intéresse Jean-Pierre Formica. Il
ne cherche pas à « représenter » la réalité mais,
grâce à son travail de peintre, à se perdre dans
le travail de peinture pour faire surgir quelque
chose d’autre. L’auteur nous explique combien
son travail se déploie par série, chaque toile
appelant la suivante, dans le développement
du temps. Citant Andréi Tarkovski, O. Kaeppelin
explique son travail à partir de la mémoire
que chacun accumule à son insu : « le temps
est nécessaire à l’homme de chair pour réaliser
sa personnalité. (…) Le temps et la mémoire
se fondent l’un dans l’autre comme les deux
faces de la même médaille. (…) Privé de
mémoire, l’être humain devient le prisonnier
d’une existence, tout en illusion. Il resta alors
incapable de faire le lien entre lui et le monde
et il est condamné à la folie ». Jean-Pierre Formica
cherche justement à faire lien avec le
monde en laissant apparaître le passé et la
mémoire dans son travail. Ses sculptures de
sel sont sans doute ce qui témoigne le mieux
de ce travail. Après avoir modelé une sorte de
matrice en polymère ou en bronze, il laisse le
sel s’y cristalliser, comme il l’avait observé près
de son atelier de Aigues-Mortes. Chaque jour,
il y observait le processus de cristallisation
: « j’étais fasciné. Je me voyais comme un
passeur entre la nature et moi. » La seconde
partie du texte de cette monographie est un
entretien du peintre avec Aymeric Mantoux.
Jean-Pierre Formica y revient sur ce qu’est son
travail, passer sa vie à essayer de se comprendre,
de se faire comprendre. Pour cela, il faut se
bousculer soi-même avant de bousculer les
autres. « Ce que j’ai fait, je l’ai fait pour moi,
pas juste pour faire, ou juste pour les autres.
L’art doit apporter une place et une identification
à l’artiste dans l’univers dans lequel il
vit. L’artiste ne vaut qu’à travers l’histoire qu’il
raconte ».

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