introduction au surréalisme

La récente exposition « Dada Africa » au musée de l’Orangerie témoigne de l’importance de Dada aujourd’hui, non plus mouvement de révolte, mais surtout de création.

L’exposition a été montée par le musée de Zürich qui pouvait utiliser les œuvres primitives vues et étudiées par les dada au début du XX°, et par les conservateurs de l’Orangerie, musée dont la coll d’origine est celle de Paul Guillaume un des premiers à avoir introduit en France l’art primitif au début du XXe.

 

Man Ray.  "rrose selavy". 1921

Hannah Höch
« “sans titre“ (aus einem ethnographischen museum XII) 1930. Hambourg museum für Kunst und Gewerbe Hamburg ».
1921

Le collage « sans titre » de Höch est

  • Collage de photo (photomontage, et non collage) => juxtaposition-confrontation de différents contextes photo de sport+pendentif en Ivoire
  • Utilisation du titre, même si l’œuvre s’appelle « sans titre »

« springende Neger Bill » témoigne du regard ethnocentrique de l’époque.

Juxtaposition avec le pendentif ikhoko était le sens de l’exposition qui montrait l’importance du primitivisme dans dada.

  • Le saut évoque le sport et le culte du corps très présent en Allemagne (cf. dans le contexte des années 30 en Allemagne).

 

Ces jambes qui bondissent et sont très loin du seul iconoclasme longtemps affiché par les critiques du mouvement :

Sautant = vigueur
C’est l’art primitif et non l’art classique, disqualifié par les boucheries de 14-18, qui saute !

 

  • Frontal. Le sol est très présent mais sans ombre portée

=> peut d’indication d’espace. On ne peut situer le saut. Mais les jambes gardent un lien avec le réel et ne deviennent pas un motif abstrait : il s’agit d’un photomontage et non d’un collage. Les motifs utilisés gardent une signification.

=> contrairement aux œuvres plus anciennes, où les motifs étaient mis à plat, elle introduit un espace, ce qui nous permet de nous y introduire. Le spectateur est inclus dans l’œuvre et non rejeté au dehors.

Man Ray.  "rrose selavy". 1921

G. de Chirico « Enigme de l’heure“ 1910-11

 
 
 
 
 
 

Ce nouveau traitement de l’espace doit être mis en relation avec la découverte entre temps des œuvres de Giorgio de Chirico (88Volos en Thessalie(Grèce)-78 Rome)(BA Athènes, puis Italie en 1905 à la mort de son père et de sa sœur, puis France en 1910)

  • Salon d’automne en 12 et 13 « L’art de ce jeune peintre est un art intérieur cérébral qui n’a point de rapport avec celui des peintres qui se sont révélés ces dernières années. Il ne procède ni de Matisse ni de Picasso, il ne vient pas des impressionnistes. Cette originalité est assez nouvelle pour qu’elle mérite d’être signalée. Les sensations très aiguës et très modernes de M. De Chirico prennent d’ordinaire une forme d’architecture. Ce sont des gares ornées d’une horloge, des tours, des statues, de grandes places, désertes ; à l’horizon passent des trains de chemin de fer. Voici quelques titres simplifiés pour ces peintures étrangement métaphysiques : L’Énigme de l’oracleLa Tristesse du départL’Énigme de l’heureLa Solitude et le sifflement de la locomotive10. »
  • Dans « de Chirico et l’avant-garde, G.Lista publie les lettres entre de Chirico et Tzara, qui témoigne de sa participation aux revues dada dès 1918.
  • Mais il est aussi mentionné dans les soirées de paris de G. Apollinaire (1912) : en avril 14, il y est annoncé une exposition de de Chirico à Berlin à la galerie Der Sturm.
  • Dans la revue « SIC » d’Albert Birot en 1918
  • La découverte par Breton des œuvres de Giorgio De Chirico a pu avoir lieu à l’occasion de ses visites du Salon d’automne ou à celui des Indépendants qu’il visite à partir de 1912-1913. Elle peut aussi avoir eu lieu à la galerie Paul Guillaume qui montre des œuvres du peintre dès 1914. À partir du 10 mai 1916, Breton ne pouvait plus ignoré De Chirico, dont il peut voir les peintures en grand nombre dans l’appartement de Guillaume Apollinaire qu’il commence à fréquenter. (Source : Chronologie établie par Marguerite Bonnet, OC, tome I, p. xxx).

 

Enigme de l’heure (1911)

Il faut réussir à comprendre la rupture crée par les œuvres de G.de Chirico

 

G.de Chiricog est né à Volo en Thessalie en 88 et mort à Rome en 78, d’un père ingénieur turc. Le père s’était engagé dans l’armée grecque en 87, ce qui contraint la famille à émigrer à sa mort en 1906.

Giorgio et Savinio et leur mère  visitent le nord de l’Italie.

Fin de l’été 1906, GdC va à Munich et s’inscrit à l’Académie des BA qui a alors des liens importants avec Athènes et la Grèce antique.

C’est là qu’il découvre Nietzsche, Schopenhauer, Weininger.

C’est là qu’il assimile l’œuvre des grands symbolistes munichois, Klinger, Kubin et Böcklin qui cherchent déjà à transfigurer le réel.

 

Fin 1909, il va à Milan et  à Florence. Cette confrontation avec l’art classique italien le libère de l’influence allemande.

Man Ray.  "rrose selavy". 1921

G. de Chirico « Enigme d’un après-midi d’automne“ 1909

 
 
 
 
 
 
 

Enigme d’un après-midi d’automne. (1909 copie de Ernst en 24.)

Exposé au salon d’automne 1912

« Par un clair après-midi d’automne j’étais assis sur un banc de la place Santa Croce à Florence. Certes, ce n’était pas la première fois que je voyais cette place. J’avais un peu surmonté une maladie intestinale longue et douloureuse et je me trouvais dans un état de sensibilité presque morbide. La nature entière, jusqu’au marbre des bâtiments et des fontaines, me semblait en convalescence. Au milieu de la place d’élève une statue représentant Dante, drapé dans un long manteau, serrant son oeuvre contre son corps, inclinant vers le sol sa tête pensive couronnée de lauriers. La statue est en marbre blanc; mais le temps lui a donné une teinte grise, très agréable à la vue. Le soleil d’automne, tiède et sans amour, éclairait la statue et la façade du temple. J’eus alors l’impression étrange que je voyais toutes ces choses pour la première fois. Et la composition de mon tableau me vint à l’esprit; et à chaque fois que je revois cette peinture je revis ce moment : le moment pourtant est une énigme pour moi, car il est inexplicable. J’aime appeler ainsi l’oeuvre qui en résulte une énigme »

 

 

« Enigme de l’oracle » G de Chirico 1910. 42×61.coll. Part.

Exposé au salon d’automne 1912

Infl. encore de Böcklin : il cite son « Ulysse et Calypso » de 1880 : comme Böcklin, il se rend compte que le degré de transfiguration obtenu en passant de l’histoire mythique à son objectivation plastique est identique à ce qui avait pu transformer une place de Florence en une chose complétement différente.

 

« Chant d’amour » 1914

Le 4 juillet 1914, Apollinaire faisait paraître un texte dans paris-journal intitulé « le gant rose »

« de Chirico vient de faire l’acquisition d’un gant de caoutchouc rose qui est une des marchandises les plus impressionnantes qui soient à vendre. Il est destiné, copié par l’artiste, à rendre plus émouvantes et effroyables que ne le sont ses tableaux passés ses œuvres de l’avenir. Et si on l’interroge sur l’épouvante que pourrait susciter ce gant, il vous parle aussitôt de brosses à dents plus effroyables encore qu’a inventées récemment l’art dentaire, le plus récent et peut-être le plus utile des tous les arts ».

 

Ce petit texte annonce un des tableaux les plus célèbres du MoMA. Celui-ci présente à droite une maison aux grandes arcades, à gauche, la cour de sa maison natale à Volo avec la silhouette d’une locomotive, et au centre, un plâtre avec la tête de l’Apollon du Belvédère, un gant et une boule d’étoffe verte.

 

La tête de l’Apollon revoit à la « naissance de la tragédie » où Nietzsche (1872) disitingue l’apollinien du dionysiaque.

Il y distingue un monde de rêve………………………………….. d’un monde d’ivresse.

Il y distingue un monde de d’apparence et d’illusion…….d’un monde d’ivresse.

 

Et Apollon est le dieu qui y préside.

 

Nietzsche et Schopenhauer ont pensé que seule l’ivresse dionysiaque (représentée par la musique) pouvait saisir l’essence véritable de la réalité. Elle seule pouvait nous permettre de dépasser l’apparence et atteindre l’essence des choses. Mais de Chirico pense au contraire que seule la peinture le pouvait, avec le Dieu Apollon au contraire qui y présidait.

 

 

Les motifs utilisés par le peintre évoquent un univers centré sur l’amour entre ses parents :

  • Le gant est utilisé en chirurgie et par les sages-femmes. Il célèbre ici l’anniversaire du peintre le 10 juillet 1888 qu’il devait fêter à Volo. La balle et le mur sont aussi des évocations de sa naissance ou de son enfance.
  • De même que la cheminée et son nuage qui fait face aux ouvertures béantes de la maison de droite, sont des évocations de  l’homme et la femme qui l’ont procréé.
  • Apollinaire écrit en 1915 « Le chant d’amour », véritable hommage à la peinture de G. de Chirico.

 

Voici de quoi est fait le chant symphonique de l’amour
Il y a le chant de l’amour de jadis
Le bruit des baisers éperdus des amants illustres
Les cris d’amour des mortelles violées par les dieux
Les virilités des héros fabuleux érigées comme des pièces contre avions
Le hurlement précieux de Jason
Le chant mortel du cygne
Et l’hymne victorieux que les premiers rayons du soleil ont fait chanter à Memnon l’immobile
Il y a le cri des Sabines au moment de l’enlèvement
Il y a aussi les cris d’amour des félins dans les jongles
La rumeur sourde des sèves montant dans les plantes tropicales
Le tonnerre des artilleries qui accomplissent le terrible amour des peuples
Les vagues de la mer où naît la vie et la beauté

Il y a là le chant de tout l’amour du monde

 

Ce poème aussi est un poème à l’amour et à la vie.

Le poème est publié en 1917 mais avait été écrit dès 1915.

 

 

 

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