Jean Delville(1867-1953). maître de l’idéal.

L’Idole de perversité,1891

Jean Delville(1867-1953). maître de l’idéal. sous la direction scientifique de Denis Laoureux..éd Somogy

Né en 1877, Delville reste tout à fait méconnu en France. Il s’était rapidement  inscrit dans la mouvance symboliste belge, qu’on associe habituellement au salon des XX organisés à Bruxelles entre 1883 et 93, et à la revue l’art  moderne. Mais Delville est toujours resté à l’écart de ce salon et cette revue célèbre! Denis Laoureux avance ici quelques explications de cette invisibilité. La composante dans laquelle Delville évolue est moins orientée vers le pointillisme ou l’art défendu par Maus, qui cherche avant tout une place internationale. On pourrait davantage qualifier sa recherche d’idéaliste. Entre 1888 et 1895, après des débuts réalistes, sa production s’intensifie : il publie ses premiers sonnets, peint sa première œuvre monumentale (le Cycle passionnelinspiré de la Divine Comédie de Dante), participe à divers Salons, comme en 1892 au premier Salon de la Rose-Croix organisé par Joséphin Péladan. En 1895, il reçoit le Prix de Rome, puis, à partir de 1896, Delville organise, pendant trois années successives, les Salons d’Art Idéaliste, tout en dirigeant une revue du même titre et un recueil de textes intitulé Le Frisson du Sphinx. Une exposition au printemps  au musée F. Rops et cet ouvrage rendent accessible son art si particulier, tout imprégné d’idéalisme théosophique. En effet, la plupart des œuvres sont difficiles à montrer : beaucoup de Delville sont immenses, fragiles et intransportables. Cet ouvrage permet de mesurer combien son art  « idéaliste » est différent des autres symbolistes belges. Catholique au départ, il devint spiritualiste, franc-maçon, Rose-Croix, influencé par la Kabbale, ce qui explique son idéalisme philosophique (Delville a énormément écrit), son homme devient « Homme-Dieu », et ses grandes allégories sont autant de réflexions sur la vie spirituelle.