Yves Peyré publie « Francis Bacon ou la mesure de l’excès » et renouvelle les analyses des oeuvres de son ami. Il ne s’agit pas de chercher à dépasser celles de Deleuze (dans « logique de la sensation »(1981)) par exemple, qui s’attardait sur les constructions des célèbres triptyques, ou des entretiens de David Sylvester ou d’Archambaud. Tous ces textes restent nécessaires. Mais il manquait encore un texte à la fois proche – Peyré est un de ses amis – et précis dans les analyses picturales et historiques.
Les chapitres ne sont donc ni organisés selon une stricte chronologie ni mises dans un ordre philosophique qui tendrait à asservir l’oeuvre à une signification qui la dépasserait. Yves Peyré alterne les points de vue. Parfois il prend un peu de distance pour voir l’oeuvre entière. Dans « un défi permanent lancé à la peinture » par exemple, il dessine les traits caractéristiques de ses œuvres. » Un mot résume l’impression générale qui se dégage de la moindre peinture de Bacon, celui de tension, qu’il utilise lui-même pour définir son travail et dont Leiris souligne si bien l’importance. » En effet, devant toutes ses œuvres, nous sommes tiraillés entre les aplats frontaux et vivement colorés et des motifs très incarnés, palpitants de vie et de touches de peintures vibrantes. Fernand Léger analysait cette caractéristique en terme de rapidité de lecture : en effet, rien n’est plus long à décrypter que ses amas de chair, que ses couples copulants, que ces visages tuméfiés. Notre regard s’enfonce et se perd dans ce qui semble vouloir dire l’épaisseur de chacun de ces êtres. A l’inverse, les fonds vibrent d’une couleur en aplat vif, riches de teintes inusuelles, souvent à la limite de l’inconvenant. yves Peyré continue « L’exigence principale qui s’empare de lui est de rendre hommage à la vie, il n’oublie jamais son côté palpitant ». La tension se retrouve aussi dans son rejet permanent et de l’abstraction et de l’illustration.
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