le réalisme pictural

Fernand Léger donne une conférence à l’académie Wassilief le 5 mai 1913 sous le titre « les origines de la peinture contemporaine et sa valeur représentative », qui sera publiée quelques jours plus tard dans la revue « Montjoie! ». Il y définit ce qu’il entend par « Réalisme pictural » :
« Le réalisme pictural est l’ordonnance simultanée des trois grandes quantités plastiques : les lignes, les formes, et les couleurs.
Aucune œuvre ne peut prétendre au pur classicisme, c’est-à-dire à la durée indépendamment de l’époque de création, si l’on sacrifie complétement une de ces quantités au détriment des deux autres.é (in « fonctions de la peinture. Folio p.26

La comparaison de cette définition avec ce dessin qui illustre sa publication montre pourtant combien le volume reste encore absent ainsi que la couleur.
 
  
 
  
 
   
   
   
   
  
Mais les toiles commencées dès 1912 sur le thème de la femme assise témoignent des recherches du peintre, qui invente alors ce « réalisme pictural ».

   
   
     
   
     
   
  
Cela est encore plus sensible dans sa toile suivante, reproduite dans la revue « Comoedia » à l’occasion de son projet d’exposition au salon des indépendants de 1913.
Il semble que Léger ai retirée la toile de l’exposition au dernier moment : Apollinaire le loue en effet d’avoir retiré un travail dont il n’était pas sûr.
  Ce « modèle nu » montre enfin pleinement les contrastes recherchés par Léger, en parallèle avec l’illustration de la revue Montjoie! pour la publication de la fin de la conférence. Sur cette toile, on voit en effet satisfaits ses trois « invariants plastiques ».
   
Les lignes, les formes, et les couleurs ont tous trois la même importance, même si le sujet reste encore présent.

Dans les peintures et les croquis qui suivent, ce sujet va peu à peu disparaître, ce qu’on mesure en comparant les croquis préparatoires de ces deux dernières toiles. Dans « le modèle nu », Léger ne pouvait sacrifier encore le sujet. Mais on sait la controverse qui opposait les cubistes et les futuristes sur la nécessité d’un sujet. Les futuristes voulaient un sujet, alors qu’ Apollinaire va bientôt appeler de ses vœux un peinture pure qui le rejettera au nom de l’autonomie de l’oeuvre d’art.
Désormais, Léger peut vraiment ne plus penser qu’à équilibrer ses invariants plastiques. la série qu’il entame avec ces contrastes de formes durera jusqu’à son départ pour le front en 1914.
          
          

  • Le dessin
  • est posé en premier ce qui permet de composer l’image, les blancs et les noirs, qui avancent ou reculent, mais aussi le rythme des formes.

  • Le volume est visible grâce à sa décomposition en 3 valeurs, le noir pour le creux où se logent les ombres, le blanc pour la lumière, donc au milieu de chacun de ses cylindres et le papier vierge comme demi-teinte (cette valeur devait être moins visible quand le papier n’avait pas jauni). Cette demi-teinte de papier vierge permet aussi de rappeler le travail des fauves, proche de l’esquisse. Cela donne un caractère expressif à ce travail. Les côtés des cylindres sont aussi convergents vers un point de fuite hypothétique, ce qui crée aussi de la profondeur.
  • la couleur
  • remplace les aplats de noir des dessins. Léger rejette l’utilisation des complémentaires. Il craint en effet leur mélange optique qui produirait du gris, qui représente la neutralité, le chaos, le repos voir la mort.

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