Pascal Convert. P. Dagen. N.Laneyrie-Dagen et Georges Didi-Huberman. Ed. Flammarion

Trois textes précis et de nombreuses illustrations mettent en valeur le travail de Pascal Convert (né en 1957). Geoges Didi-Huberman a déjà consacré plusieurs textes à son travail sur le pouvoir symbolique des images, comme Ninfa Dolorosa en 2019 qui fondait son étude sur la pieta du Kosovo de Mérillon ou la demeure,la souche en 1999. « sortir du blanc » interroge ici sa façon de confronter nos histoires intimes avec la grande histoire. Son œuvre travaille en effet sur quelques-unes des grandes tragédies récentes, que ce soient les guerres à Bagdad ou en Algérie, ou les destructions comme celles des grands Bouddhas de Bâmyân. Il rend compte de ces tragédies récentes, par le choix de matériaux chargés d’un sens symbolique, comme la cire ou le verre. Dans un long entretien sur les problèmes soulevés par la réalisation des œuvres, comme ce fut le cas au cimetière de Djoulfa où de magnifiques croix millénaires furent détruites en Arménie en 2005. Dans ce cas précis, les problèmes politiques n’ont pas été levé, et l’œuvre n’a pu avoir le retentissement qui lui était dû. De même pour la célébration du bicentenaire de Napoléon Ier, pour lequel Pascal Convert avait prévu de suspendre le squelette du son cheval de l’Empereur au-dessus de sa tombe – l’œuvre fut décrochée à chaque visite officielle. Pascal Convert insiste sur le rôle politique et moral de ces œuvres : leur pouvoir symbolique nous interroge. Telle est leur fonction. Dans Matières à penser, Philippe Dagen définit la technique utilisée récemment par Pascal Convert : il coule du verre sur les souches d’arbres de Verdun, ou sur les livres anciens qui disparaissent dans cette « cristallisation » – c’est le terme employé par l’artiste – ou cette « transsubstantiation », terme plus religieux employé par P. Dagen, pour être plus proche de la signification du moulage. Les livres ou les sculptures anciennes, ou même les corps sont transférés comme des empreintes, mais le verre de cette « transsubstantiation », par sa fragilité et sa préciosité met l’œuvre à distance de toute la banalité du ready-made.

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