surréalisme au centre pompidou et dans les galeries parisiennes jusqu’à fin 2024

Surréalisme
Centre Pompidou jusqu’au 13 janvier

Riche et foisonnante, l’exposition montre comment le mouvement apparaît, puis se développe. Comment il a changé notre perception du réel et de l’art. Hans Richter nous accueille à l’entrée en filmant la disparition magique d’un homme « derrière » un lampadaire : il nous introduit dans un long couloir sombre, vers une véritable renaissance hors du monde ancien. L’entrée de l’exposition est ce passage par la gueule qui ouvrait un cabaret près del’appartement de Breton : elle nous introduit ailleurs, entre l’enfer et le « paradis de ces cabarets ; la spectaculaire mise en scène continue par un couloir de portraits, génial citation de la Revolution surréaliste qui présentait tous les poètes-artistes endormis autour d’une femme nue peinte par Magritte. Après ces multiples introduction, nous voici enfin au cœur du surréalisme, véritable oeil du cyclone. Dans cette rotonde, autour du manuscrit du manifeste prêté par la Bnf, les portraits des artistes se succèdent superposés aux poissons dans lesquels Breton avait l’impression de se fondre dans son texte Poisson soluble (c’est là que le texte paraît en 1924). Pour la première fois, on entent Breton le lire (l’IA a reconstitué sa voix sur ce texte). Comme il se doit, aucune peinture n’a encore été montrée : le surréalisme reste jusqu’alors aventure littéraire. Après toutes ces salles sombres, où la magie est omniprésente, la lumière jaillit enfin, comme dans une révélation : Thierry Lefevre qui a organisé cette première partie de l’exposition, m’expliquait qu’à l’origine, l’exposition devait s’arrêter là. Le Centre Pompidou devait déjà être fermé aujourd’hui pour cinq ans de travaux. Pour notre bonheur, des retards de calendrier nous permettent d’accéder à la somptueuse présentation thématique du surréalisme. Ces thèmes sont présentés dans des salles distinctes, comme celles d’Alice au Pays des merveilles, de l’amour, des chimères, de la forêt ou de la nuit. Cette succession aurait pu devenir ennuyeuse, mais des fenêtres ménagées entre les salles nous donnent des vues sans cesse nouvelles. La composition générale des espaces qui s’enroulent comme un escargot, ou mieux, comme une spirale hypnotique, organise clairement ce désordre apparent autour de quelques révélations fulgurantes. On est loin du white cube que fustigeaient les surréalistes lors de leur première exposition au MoMA en 1936, et la scénographie ménage ici de nombreuses surprises. On peut regretter que les frictions politiques ou des questions gênantes comme les exclusions par Breton de quelques-uns de ses amis, ou le désaccord entre Breton et Bataille par exemple soient traités trop rapidement. Les questions politiques ne sont évoquées que par quelques « tracts politiques » affichés dans les salles. Cela aurait pu faire l’objet de quelques développements plus importants. De même, une salle est consacrée à la revue Documents de Bataille et aux photos de Boiffard ou de Lotar qui y paraissent sans que soit mise en évidence le nœud de leur discorde. Cette exposition est tout de même une des plus vaste et des plus riches qui ait été jamais consacrées à ce mouvement.  Cela est heureux, tant le mouvement longtemps discrédité auprès des jeunes artistes bénéficie aujourd’hui d’un large regain d’intérêt. C’est la première fois en effet que le Centre s’associe avec tant de galeries qui célèbrent l’anniversaire. La galerie Jeanne Bucher Jaeger consacre une exposition à l’ouvrage de  Max Ernst paru en 1926 chez Jeanne Bucher, et la Galerie Jean-François Cazeau à Masson, pendant que d’autres comme la galerie Benichou montrent comment les jeunes artistes actuels se réfèrent à ces illustrent ainés (le plan de ces expositions est disponible sur https://www.comitedesgaleriesdart.com/wp-content/uploads/2024/06/galeries-et-librairies-participantes-paris-surrealiste-2024-2.pdf)

 

Surréel. Guitemie Maldonado. Ed In Fine/ Le minotaure
galerie Le Minotaure, galerie Alain Gaillard,  galerie Kaléidoscope jusqu’au 30 novembre

Les galeries le minotaure, Alain Gaillard et Kaléidoscope s’associent avec l’historienne Guitemie Maldonado pour organiser un véritable évènement surréaliste. Trois petites histoires y racontent combien les lieux où sont ces galeries restent aujourd’hui encore chargés de l’histoire surréaliste. C’est là en effet qu’étaient la galerie Pierre où eut lieu la première exposition surréaliste en 1925, aussi bien que la galerie Gradiva dirigée par Breton, avec sa célèbre porte dessinée par Duchamp. G. Maldonado poursuit son enquête sur les galeries marquantes depuis lors autour de la rue de Seine, et témoigne de la permanence de cet épicentre. C’est là en effet que Iris CLert ouvre aussi sa galerie en 1956 pour révéler Yves Klein puis Arman, les nouveaux réalistes puis quelques américains. C’est là aussi que  l’existentialisme se révèle, ou que le groupe CoBrA retrouve l’automatisme surréaliste. Cet ouvrage permet de poursuivre les rencontre initiées par ces trois galeries, rencontres entre les artistes surréalistes et nos contemporains, qui témoignent de ce que le surréalisme et son « pouvoir de choc exceptionnel » reste omniprésent.

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