Bohêmes au Grand Palais jusqu’au 14 janvier

Le propos de cette exposition est de faire comprendre comment le concept de « Bohême «  qui nous est aujourd’hui familier a pu apparaître en particulier à Paris en des lieux aujourd’hui mythiques, comme Montmartre . Comment est–on passé d’une représentation plus ou moins fantasmée, magnifiée ou dépréciée des Bohémiens à un portrait de l’ « artiste en saltimbanque », pour reprendre le titre de l’ouvrage de référence de Starobinski.

Les œuvres picturales ont fréquemment pris pour sujet les bohémiens et les saltimbanques. Le visiteur est invité à cheminer. Le thème de l’errance et du voyage est suggéré par la scénographie : La disposition des œuvres organisée le long d’un large couloir, les empreintes de pas dessinées sur le sol. Il s’agit aussi d’un voyage dans le temps rappelant comment fut perçue, et souvent fantasmée la présence des Bohémiens. Les œuvres magnifiques  prêtées par des musées aussi prestigieux que le Metropolitan donnent à voir des campements, la diseuse de bonne aventure, le musicien, le prophète… Très intéressant aussi est le rapprochement de entre la vierge et la bohémienne. A l’origine de ce renversement, de vieilles légendes tsiganes mais aussi peut-être une vision théologique : le bohémien an marge est celui qui possède peut-être la vraie richesse, d’ordre spirituelle. Le tableau de Courbet« la rencontre » se situe à mi-chemin et constitue un moment charnière, comme l’explique le commissaire de l’exposition. En effet, Courbet est le premier peintre à  revendiquer une vie de Bohémien. Avec lui est inaugurée une lignée d’artistes qui revendiquent ou assument la vie de bohême. La deuxième partie de l’exposition, plus spectaculaire, propose de voir les œuvres dans des contextes  reconstitués, dans une sorte de mise en scène théâtrale : la mansarde, l’atelier de l’artiste , le café. La bohême rima avec liberté, aspiration à l’infini et les textes littéraires mythiques de Baudelaire (« Bohémiens en voyage ») qui le premier a défini le « bohémianisme », de Rimbaud(« Ma Bohême ») le rappellent magnifiquement mais la bohême , ce fuit aussi  parfois  déchéance,  suicide, misère, marginalité , solitude et incompréhension. En exergue  dans une mise en scène théâtrale, cachées comme des reliques, le manuscrit de « ma bohême », des portraits  de Rimbaud et Verlaine. Enfin l’exposition, hommage à la figure de l’artiste en saltimbanque et aux tsiganes, évoque par la mention de l’expo organisée en 37 sur l’art dit dégénéré, l’effroyable génocide  perpétré par les nazis , retour à un autre réel …

De magnifiques œuvres, une présentation intéressante, avec un contrepoint musical … à ne pas manquer.

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