Dans son dictionnaire des beaux-arts, rédigés vers 1850 par des élèves qui ont suivi ses cours, Delacroix ne cesse de nous mettre en garde contre la ligne.
« le fameux beau que les uns voient dans la ligne serpentine, les autres dans la ligne droite, ils se sont obstinés à de la jamais voir que dans les lignes. Je suis à ma fenêtre et je vois le plus beau paysage : l’idée d’une ligne je me vient pas à l’esprit. »
(article « ligne ». page 122. toutes les citations sont prise dans l’édition de son « dictionnaire des beaux-arts » parue chez Hermann)
En parlant de « ligne serpentine, Delacroix répond à Hogarth qui dans son « analyse de la beauté » en 1753, avait défini la « ligne de beauté » comme ondoyante.
Delacroix définit le
« CONTOUR :
doit venir en dernier, au contraire de la coutume. Il n’y a qu’un homme très exercé qui puisse les faire juste. » (1857; p37)
(…)
Aux partisans exclusifs de la forme et du contour. Les sculpteurs vous sont supérieurs. En établissant la forme, ils remplissent toutes les condition de leur art. Ils recherchent également, comme les partisans du contour, la noblesse des formes et de l’arrangement. Vous ne modelez pas, puisque vous méconnaissez le clair-obscur qui ne vit que des rapports de la lumière et de l’ombre établis avec justesse. » (1853)
Pour Delacroix, le dessin est cependant ce qui restitue la pensée.
« Les premiers linéaments par lesquels un maître habile indique sa pensée contiennent le germe de tout ce que l’ouvrage présentera de saillant. »
(article « première pensée p146)
Et il ajoute en 1857 ce conseil :
« Lignes de la composition. Les lier, les contraster, éviter l’apprêt cependant »
(article « lignes » de 1857. p122)
Delacroix conseille d’éviter les répétitions entre les traits et les ombre hachurées : si le volume est dit par les hachures, il vaut mieux ne pas le « dire » par le contour ou la ligne.
Dans le dessin ci-dessus par exemple, les volumes des bras qui se soutiennent sont dits par les inflexions de leurs contours qui sont plus ou moins fortes. Il n’est pas nécessaire de l’indiquer par la courbure des hachures, telle qu’on peut le voir au contraire dans le mollet de droite.
De même dans le dessin ci-dessous dans lequel Delacroix varie infiniment ces contours supérieurs, car le modelé en hachure y est absent, et au contraire indique les volumes par des hachures en bas du corps car le contour y est invisible.
Delacroix cherche à organiser ses contrastes. Il évite toute symétrie, et rend les formes dynamiques par l’interversion entre des formes très délimitées et celles qui au contraire semblent s’ouvrir sur l’extérieur.
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