« Le corbusier, penseur du musée » (éd. Flammarion. 2019).
Catherine de Smet analyse ici une part importante du travail de le Corbusier et réunit une anthologie de texte de l’architecte sur le sujet. Le Corbusier fut d’abord peintre : en 1918, il fonde avec Ozenfant un mouvement important, le purisme, dans lequel on peut voir le reflet du cubisme, mais aussi de sa réflexion sur le monde et ses représentations. La multiplicité de ses activités (peinture, publicité, auteur) le pousse bientôt à s’intéresser au rapport que l’intellectuel peut entretenir avec le public. Le musée devient vite pour lui un « outil de propagande et un laboratoire expérimental, support didactique et plateforme artistique » nous dit l’auteur. Même s’il n’en a réalisé que trois (ceux d’Ahmedabad et de Chandigarh en Inde entre 64 et 68, et le musée national d’Art occidental de Tokyo en 1959), les réflexions qu’il mène sur le sujet sont omniprésentes, et répondent à des innovations importantes dans la scénographie et l’organisation des exposition au XXème siècle. Cet ouvrage est organisé en grands chapitres thématiques comme « production de masse et art contemporain » dans lequel l’auteur analyse l’accrochage méticuleux auquel l’architecte s’attachait. Comme il sse doit l’ouvrage s’ouvre par une longue analyse du pavillon de l’Esprit nouveau, érigé en 1925 dans les jardins du Grand Palais à l’occasion de l’Exposition internationale des arts décoratifs. Le pavillon mêlait des sièges humbles et standards comme le fauteuil Thonet, à un accrochage soigné d’œuvres prêtées par Paul Rosenberg. Dès à présent, l’architecte démontre la validité de l’alliance de la production de masse avec l’art contemporain, avant que cela ne soit développé dans l’Almanach d’architecture moderne ( 1926). Dès les premières œuvres, Le Corbusier est favorable au musée. Contrairement à un grand nombre de ses contemporains,comme Marinetti qui veut les brûler ou Valéry et Adorno qui y voient des « caveaux de famille des oeuvres d’art », Le Corbusier s’attache à penser le musée pour y faire entrer autre chose que le grand art. Plus qu’un lieu didactique ou autoritaire qui enseignerait la beauté qu’il faut apprécier, le musée est un lieu d’échange et de réflexion. Le projet du « musée à croissance illimitée » qui se développe surtout à partir de 1939 est tout à fait caractéristique. A. Barr, premier directeur du MoMA à New York , ou Arensberg un des plus importants collectionneurs d’art moderne ont souligné l’importance de ce qu’imagine le Corbusier : « c’est un musée de la « connaissance », c’est-à-dire qu’il peut rassembler dans une diversité d’exposition extraordinaire tous les objets susceptibles de former une unité autour d’une époque : passé, présent, ou projet d’avenir ».
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