Mondrian figuratif

MONDRIAN FIGURATIF jusqu’au 26 janvier au musée Marmottan
L’oeuvre de Mondrian (72-44) est essentielle dans l’histoire de l’art moderne : aux côtés de Van Doesburg, Mondrian est le principal peintre du mouvement de Stijl (« le style », nom de la revue de Van Doesburg), appelé aussi Néo-plasticisme. Les textes parus dans la revue ont établi peu à peu la théorie de ce mouvement qui tend vers un équilibre parfait auquel les toiles des années 30-40 et le photos de ses ateliers de Neuilly puis de New York permettent de penser.

Matisse

« Composition en rouge, jaune, bleu et noir ».1921

L’oeuvre figurative de Mondrian (72-44) est essentielle pour comprendre ce qu’est cette abstraction, appelé Néoplasticisme. Une exposition organisée en 2002 au musée d’Orsay se concentrait déjà sur ces « chemins de l’abstraction ». La particularité de l’exposition organisée aujourd’hui par le musée Marmottant tient à la personnalité d’un des principaux collectionneurs de l’artiste, Salomon Sluijters (1884-1971)qui prête sa collection au musée Marmottan. L’exposition s’ouvre sur le « lièvre mort » de 1891 qui est la toile la plus ancienne et s’achève sur « composition with large red plane » de 1921, alors que le néo-platiscisme est déjà bien défini. Désormais, en 1930, lorsque Slijper lui demande d’exécuter une toile figurative « à l’ancienne », Mondrian refuse de revenir en arrière, ce qui maquera la fin de leurs relations très privilégiées : « Je n’ai absolument pas le temps de produire une oeuvre dans l’esprit dont tu me parles,ce qui me désole. Mais cette oeuvre me prendrait beaucoup de temps et je n’en ai pas ».

Mondrian commence à peindre avec son oncle en 1886 et obtient le diplôme de professeur de dessin puis une bourse dans les années 1890.

Matisse

« maison. aquarelle gouache et blanc opaque sur papier. kunstmuseum den Haage ».1898-00

Il reste d’abord fidèle à la tradition de la peinture hollandaire du XVIIeme. Cette tradition utilise souvent une ligne d’horizon basse, un point de vue surplombant et souvent un premier plan qui nous permet de pénétrer facilement dans le paysage, avec souvent une bâtisse ou des arbres de taille minuscule au fond, ce qui donne toute son ampleur à la scène. Comme chez Ruisdael, il y a un refus du grandiose, comme pour signifier le retrait de la subjectivité du peintre.

Matisse

« le coup de soleil » de Ruysdael.1670. 83×99. louvre

Le paysage hollandais reposait sur une conception de la réalité liée au protestantisme, lequel considère la nature comme un véritable livre « divin », à côté de la bible : selon cette conception, la représentation de la réalité permettrait d’accéder à la révélation de « vérités supérieures ».
Chez Mondrian, la fidélité à la nature demeure, que la subjectivité de l’artiste teinte d’un caractère poétique. Même s’il commence dès lors à s’intéresser au symbolisme, il garde ses distances avec ce mouvement qui s’affranchit de l’observation fidèle à la nature.

Matisse

« grand paysage ». kunstmuseum den Haage.huile sur toile.1907-08

Il écrit « d’abord je changeai la couleur de l’aspect nature des choses en couleur pure (…). Je sentais que, pour exprimer la beauté de la nature, la peinture devait s’engager dans un chemin nouveau ». Jacques Meuris (« Mondrian »éd. cercle d’art p.43) décrit combien « la lutte s’engagea inévitablement entre une vision existentielle, crue et cruelle, et une vision spirituelle, idéaliste et même utopique, du caractère humain. »
En 1904-05, il s’isole à Uden avec un ami, loin d’Amsterdam et de l’Académie. Cet ami raconte que le vrai Mondrian est né alors, au contact avec « ces êtres presque primitifs, avec des caractères directs et très religieux ». Mondrian prend ses distances avec son calvinisme originel et se rapproche bientôt des milieux symbolistes et de la théosophie. Pour la première fois, il réfléchit à la forme abstraite. Mondrian dit alors en parlant de la forme des cercles : « on ne la trouve pas dans la nature, et pourtant elle a été crée. Elle est ce que nous pensons qu’elle est. »

l'harmonie dominant la discorde, scultpure de Récipon en 1900

Piet_Mondriaan. « passion flower ». 1901-08. aquarelle et craie. Gemeentemuseum Den Haag

Vers 1908, il se lie avec Marie Simon et réalise plusieurs portraits de sa compagne théosophe dans lesquels les fleurs en forme de cercle symbolisent l’unité (en théosophie) (contrairement aux triangles se chevauchant qui incarnent l’unité de l’esprit et de la matière).

l'harmonie dominant la discorde, scultpure de Récipon en 1900

Piet_Mondriaan. « topurnesol mourant I ». 1908. huile sur carton

 
 
 
 
 
 

Mondrian peint aussi des fleurs aux différents stades de leur floraison. les fleurs fanées ne symbolisent pas la mort comme dans les vanités du XVIIème, mais permettent de prendre conscience du cycle de la vie.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Mondrian se lie avec Cornelis Spoor qui, depuis 1905 est membre de la société théosophique. En mars 1908, Rudolf Steiner, secrétaire général de la Société théosophique en Allemagne, donne plusieurs conférences aux Pays-Bas, y compris à Amsterdam. Il conforte Mondrian dans sa réflexion sur la coexistence d’un monde visible et d’un monde invisible. La compilation de ces conférences est un des livres que Mondrian gardera précieusement jusqu’à sa mort. Mondrian commence à pratiquer le yoga en véritable initié.
Cette évolution transparaît dans l’évolution des thèmes qu’il choisit, dunes, vues maritimes, clochers d’église, qu’il traite avec des jeux de lumière plus contrastés, ce qui met en valeur la splendeur de la nature.

l'harmonie dominant la discorde, scultpure de Récipon en 1900

Piet_Mondriaan. « phare à Westkapelle ». 1909

En 1909, une grande exposition est organisée, qui réunit les trois amis Spoor, Mondrian, Sluijters. Dans un échange avec le journaliste Israël Querido qui allait écrire un article sur l’exposition, Mondrian explique qu’il y voyait une tentative de « parvenir à une connaissance de l’occulte » et  » la rude ascension jusqu’à l’abandon de la matière ». Mondrian adhère lui-même à la société théosophique peu après, ce dont atteste aussi son célèbre triptyque « évolution »

l'harmonie dominant la discorde, scultpure de Récipon en 1900

Piet_Mondriaan. « Evolution ». 1911

En 1910-11, il fonde avec le peintre symboliste Toorop, Spoor et Conrad Kickert, le Cerlce d’art moderne pour les artistes néerlandais progressistes. Au printemps 1911, Mondrian expose à Paris, au salon des indépendants. au printemps, il vient pour la première fois dans la capitale et découvre le cubisme. La synthèse des multiples points de vue au sein d’un même tableau qu’il y découvre lui apparaît sans doute comme une voie vers la « dématérialisation » qu’il recherchait dans ses oeuvres de Domburg. En octobre 1911, le Cercle d’art moderne organise sa première exposition. Mondrian y expose des œuvres parisiennes et néerlandaises.

l'harmonie dominant la discorde, scultpure de Récipon en 1900

Piet_Mondriaan. « portrait d’un dame ». 1912

Il décide alors de rester à Paris, rompt ses fiançailles récentes, et modifie son nom de Mondiraan en Mondrian. il rencontre rapidement l’avant-garde parisienne, Le Fauconnier, Fernand Léger, Severini… mais ne se lie pas avec beaucoup d’entre eux et reste à l’écart.

Ses recherches lient ses thèmes anciens avec la décomposition cubiste, tout en gardant certaines préoccupations théosophiques. Dans ses carnets, on lit par exemple : » deux voies pers la spiritualité : la voie de l’élève, qui passe par une pratique directe (méditation, etc…) et la voie lente et sure de l’évolution. Cette dernière se fait jour dans l’art. On décèle en effet dans l’art l’évolution vers le spirituel, qui se produit à l’insu de ceux-là mêmes qui en sont les auteurs. La voie consciente con duit le plus souvent en art à la corruption de l’art. Lorsque les deux voies convergent, c’est-à-dire lorsque le créateur se situe sur l’échelle de l’évolution à un niveau qui lui permet d’atteindre directement un esprit conscient, on est en présence d’un art idéal. »

l'harmonie dominant la discorde, scultpure de Récipon en 1900

Piet_Mondrian. « Tableau n°4 composition VIII. composition 3″ 1913

En 1913-14, il tente d’écrire une « théorie théosophique de l’art » mais le texte sera refusé par l’éditeur Théosophia car jugé trop révolutionnaire.

Mondrian écrit alors à H.P. Bremmer, un de ses défenseurs : « je construit des lignes et des combinaisons de couleurs sur une surface plane dans l’intention de dépeindre autant que possible un sentiment général de la beauté. La nature (ou ce que je vois) m’inspire, suscite en moi, comme en presque chaque peintre, l’émotion dont découle l’urgence de créer quelque chose. Mais je veux m’approcher le plus possible de la vérité, c’est pourquoi j’extrais tout jusqu’à parvenir à l’essence (toujours externe!)des choses. (…) Je pense qu’on peut y parvenir par l’intermédiaire de lignes horizontales et verticales, à condition de les construire de manière consciente mais non calculée, de se laisser guider par une bonne dose d’intuition et de les réduire à un rythme et une harmonie. Je pense qu’avec ces formes de beauté basiques – complétées au besoin par d’autres lignes droites ou courbes -, on obtient une oeuvre d’art à la fois forte et vraie. Une personne perspicace n’y verra rien d’imprécis, l’oeuvre ne paraîtra imprécise qu’à la personne futile à la recherche de la nature »

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