le passage des chaises (Kawamata. 1997)

passage des chaises  (Kawamata. 97)

passage des chaises (Kawamata. 97)

 

 

 

 

Le passage des chaises est une œuvre réalisées par Kawamata en 1997 à la chapelle de la Salpêtrière à Paris, dans le cadre du salon d’automne. On se demandera en quoi l’œuvre peut être qualifiée d’œuvre « in situ », c’est-à-dire en quoi elle répond à son lieu d’exposition. En effet, Kawamata semble donner un rôle symbolique aux matériaux utilisés pour sa réalisation, ici des chaises prises dans l’édifice religieux lui-même

 

Le « passage des chaises » semble être une œuvre « in situ » : ses caractéristiques viennent du lieu où elle est réalisée. Comme dans le cas de Buren qui inventa le concept d’oeuvre « in situ », tout dans l’œuvre vient du lieu. L’archétype en est les dites colonnes de Buren qui en fait s’appelle « les 3 plateaux ».

 

les trois plateaux (Buren. 1985-86)

les trois plateaux (Buren. 1985-86)

 

 

 

Les alternances de bandes noires étaient déjà présentes sur le site ainsi que l’alignement des colonnes. Buren semblait libérer l’œuvre de tout désir de représentation. L’œuvre était autonome par rapport à toute intention, ne faisantt plus que répondre au lieu. Kawamata lui aussi n’utilise dans le « passage des chaises » que des éléments présents sur le site, comme si l’œuvre ne voulait parler que du lieu lui-même. Mais Kawamata récupère les chaises qui évoquent la prière : ce sont aussi des vieilles chaises qui disent le temps passé par les fidèles à prier. On peut se demander la critique implicite contenue dans cette œuvre si on sait la défiance de K pour la religion, mais elle n’est pas évidente. Comme dans le Pop américain, la critique contenue dans l’œuvre reste ouverte.  Rien n’est imposé au spectateur.

 

Contrairement à certaines œuvres autonomes de la fin du XXème siècle, qui ne voulait plus se référer à autre chose qu’elle-même ou au lieu de leur exposition, Kawamata utilise des formes anciennes qui raisonnent particulièrement dans cette ancienne église.

 

Comme dans « Under the water », Kawamata n’assigne pas un rôle symbolique aux chaises ou aux tables et portes récupérées, mais il veut recréer un climat général qui évoque là le tsunami… ou ici la religion. Les chaises évoquent la prière. Leur empilement évoque la croyance humaine qui voudrait s’élever grâce à la prière. Pourtant, les chaises du lieu sont utilisées plus par commodité que pour signifier la prière. Si on compare l’œuvre au Merz de Schwitters, on voit que la configuration ouverte du lieu au moins aussi importante que la forme générale qui n’est perceptible qu’avant de s’approcher du « passage » : l’œuvre s’appelle « passage » pour bien dire que l’œuvre est à expérimenter. Il faut y pénétrer et s’y perdre. Dès qu’on pénètre dans le « passage », on perd tout repère, et on prend conscience de la fragilité de la construction. Comme toujours dans les œuvres de Kawamata, un côté brut et fragile est conservé, comme si on devait rester du côté d’une ébauche, comme si l’œuvre devait rester en supens, comme un perpétuel work in progress.

 

cathédrale de chaises. 2007

cathédrale de chaises. 2007

 

 

 

 

 

Le fait même que la forme de l’œuvre ait été réutilisée dans la « cathédrale de chaises » en 2007 dans le domaine de Pomery pour faire cette fois la publicité ou de la communication autour du champagne, montre bien combien Kawamata était loin d’un seul propos religieux.

 

Number One, (1949, Museum of Californian Art, Los Angeles)

Number One, (1949, Museum of Californian Art, Los Angeles)

 

 

 

 

On a pu rapprocher cette œuvre de l’exposition « high and low » qui se tint naguère au MoMA pour montrer combien depuis les années 60,  l’art s’était éloigné d’un propos « high ». dans l’art des années 60, il ne s’agit plus d’avoir un propos transcendant comme c’était encore le cas dans l’expressionnisme abstrait par exemple. Pollock pouvait chercher, comme il l’avait vu chez les indiens, à communiquer avec des forces invisibles qui le dépassent. Tel un chaman, il voulait comprendre le monde et atteindre une connaissance supérieure de lui-même. Il comparait la toile à l’arène d’un combat. Mais Warhol ne veut plus qu’utiliser la société et la consommation.   »Gagner de l’argent est un art, travailler est un art, et faire de bonnes affaires est du grand art ». Kawamata se situe dans cette filiation. Pour lui, il ne s’agit plus de faire rupture avec un passé trop romantique. Il s’agit simplement de réagir à un monde ordinaire.

 

Le passage des chaises est une œuvre in situ pour bien l’ancrer dans le réel, sans prétention transcendante. Pour lui, le plus important est la relation que l’œuvre lui permet d’établir avec les gens. « c’est juste ma propre façon de procéder avec les gens… Je ne les connais pas bien en fait, alors, j’essaie de les respecter, ouvriers ou pas. Travailler de concert avec eux est de loin beaucoup plus efficace pour le résultat final. » 

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