Mariane réussit ce travail de superposition des plans : cela permet aux couleurs de réaliser des liaisons entre les plans, et ainsi de créer la profondeur du paysage. le jaune du premier plan continue dans la vigne au centre du paysage et le bleu du ciel continue dans la montagne du fond. Sans doute manque-t-il quelques réserves de blancs qui éclaireraient le paysage et lui donnerait un peu de légèreté.
Attention au jaune du premier plan. Comme le disait J.Itten dans le cours qu’il dispensait aux nouveaux élèves du Bauhaus, le jaune a plus de force que les autres couleurs. il en faut moins que les autres en surface ou en intensité, pour contrebalancer les autres couleurs :
- 1/4 de jaune permt d’équilibrer 3/4 d’outremer
- 1/3 de orange permet d’quilibrer 2/3 de cobalt
- le rouge et le vert ont autant de pouvoir et s’équilibrent naturellement
Cette règle ne nous impose rien, mais signifie que le pouvoir colorant de chaque couleur est différent. Nous voyons mieux le jaune que le violet car son pouvoir colorant est supérieur à celui du violet.
La comparaison des deux états de son travail nous permet de comprendre ses choix.
Le ciel dégradé en arrière-plan crée une profondeur progressive qui permet un premier plan saisissant. Il était fort et puissant dans son premier état.
La sinuosité de la route a été mise en évidence par la réserve de blanc qui la détache des autres motifs. Le vert des arbres au dessus de la route s’arrête trop tard dans le bleu, ce qui crée un contour sombre par la superposition des deux teintes. Sans doute, aurait-il fallu réabsorber le vert, de façon à diminuer sa quantité à la jonction des deux teintes.
Sur les maisons de gauche, trop de renseignements sont donnés, qui entrent en contradiction les uns avec les autres. Les maisons n’ont pas assez de volume, ce qui aurait pu avoir l’avantage de ne pas attirer le regard. Mais dans ce cas, il faudrait moins laisser de blanc lumineux entre elles, et moins faire de contraste entre le vermillon des toits et le bleu de l’arrière-plan.
La maison principale présente un contraste très fort à sa gauche, mais dans ce cas, ne faudrait-il pas atténuer le contraste en son mur de gauche et le bleu du fond?
Le premier plan léger de la première étape n’aurait-il pas pu être conservé?
Dans un premier temps, Marie-Noëlle a choisi un paysage lui aussi avec un ton jaune très fort, sans doute trop important en surface, car on ne peut plus apprécier la profondeur douce et nuancée du second plan.
Dans un second temps, Marie-Noëlle a travaillé sur le même paysage que Jean-Luc, et choisit aussi de mettre la sinuosité de la route en évidence. Sans doute la rigidité des champs en bas à gauche ne permet-elle pas autant que chez Jean-Luc de répondre au « S horizontal » de la route. Cette courbure descendante de la route n’appelle-t-elle pas une courbure inverse des champs, comme en contrepoint?
Les choix autour des maisons sont forts et convaincants, aussi bien dans leur dessin que dans l’espace. Leurs tons chauds résonnent avec l’arrière plan plan plus froid.
Le travail que je vous propose avec Cotman est sans doute plus dur et cassant, en rupture, mais permet de mieux contrôler l’étagement des plans. Nous pouvons essayer de traiter ce paysage par plan.
Il faut faire attention à mesurer et doser les contrastes entre les plans, comme on le voit sur la dernière aquarelle ci-dessus. Catherine réussit tour à tour à approfondir l’espace, ou au contraire à mettre des parties en relief.
Pour réussir ce travail, il faut faire ses choix progressivement, comme on peut le voir sur l’exemple ci-contre, d’après le Prieuré de Marcevol. Dans la première étape, seuls les arrière-plans reculent avec leurs tons bleus.
Puis dans le motif principal, seul le clocher ressort grâce à son ombre portée. Les montagnes ont été reprises pour les faire reculer par rapport au Prieuré, et le petit bâtiment de gauche sert déjà de lien car il recule un peu.
Le mur devant le bâtiment qui était en réalité ocre jaune est laissé en lumière car je ne sais pas quel sera son contraste ensuite, par rapport aux tons qui lui seront voisins. A ce stade, je prévoyais de le recouvrir ensuite d’un ocre léger pour le colorer. J’ai encore approfondi le bleu des montagnes pour les faire reculer.
Mais dans les étapes suivantes, sa lumière est finalement apparue nécessaire. Il est donc finalement resté en réserve, de façon a le détacher encore entre les deux plans plus bleuté pour les montagnes ou plus ocre pour le premier plan.
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