Hubris. La fabrique du monstre dans l’art moderne, Jean Clair. Ed. gallimard

Hubris. La fabrique du monstre dans l’art moderne, Jean Clair, Éditions Gallimard

« Hubris » le titre du dernier livre de Jean Clair, évoque la démesure qui, dans la mythologie antique conduit le héros à sa fin tragique. Mais le terme est détourné par Jean Clair. Celui-ci étend son application, non plus aux héros, mais aux formes prises par les œuvres contemporaines. Ce ne sont plus les transports des émotions dont il s’agit et qui pourraient nous égarer encore, mais l’emballement de l’art contemporain qui lui évoque l’hubris. Jean Clair donne quelques pistes pour comprendre cette déraison. L’anormalité semble avoir pris le pas sur le raisonnable, le laid sur le beau. L’essai se concentre sur trois figures de cette anormalité : l’homoncule, le géant, et l’acéphale. Il faut comprendre pourquoi la normalité disparaît alors même que le canon de la forme humaine devient si coercitif. La top model conduit à la chirurgie esthétique à mesure que le corps vrai, avec ses joies mais aussi ses pesanteurs et ses douleurs est de plus en plus occulté. Jean Clair étudie d’abord l’homoncule, représenté vers 1950 par le neurologue Wilder Penfield pour montrer les dérèglements de l’esprit et la perte de l’humanité dont il est le témoin. Puis il passe aux géants, autre figure de la démesure apparue sous le pinceau de quelques artistes majeurs comme Goya. Enfin, le « passage du commerce » de Balthus mène peu à peu à une réflexion plus générale sur la guillotine, la perte de la tête et la figure récurrente de l’acéphale. Selon Jean Clair, la date clef  de l’art contemporain n’est pas 1863 et son salon des refusés. Ce ne sont pas Manet et les impressionnistes qui répondent à la modernité comme le pensait Gaëtan Picon, mais bien 1895, la naissance du cinéma, la découverte des rayons X, de la radiotéléphonie,  de la psychanalyse ou de l’essor de la neurologie. Le progrès des techniques et des sciences devait s’accompagner d’une révision des normes de la beauté. Mais fallait-il aller jusque là ?

 

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