Le théâtre des émotions .

Le théâtre des émotions .
jusqu’au 21 août
musée Marmottan
L’exposition ré unit 70 œuvres du XIVème au XXème siècle qui montrent comment les émotions ont pu, au fil des siècles être représentées. Cette histoires des codes esthétiques qui ont peu à peu été mis en place, témoigne des évolutions de notre perception, de notre vision et partant de là, de nos émotions mêmes. Au XXIème siècle, après la pandémie qui nous a longtemps cachés nos visages, nos émotions ont changé. L’exposition est captivante car elle nous rappelle à un langage des corps qui semblait avoir disparu pendant des mois. Les deux premières œuvres de l’exposition sont là pour rappeler qu’au moyen-âge déjà, l’émotion était mise en scène. Dans le traité sur le vices et vertus de Ambroise Autpert au XIème siècle, la tête penchée sur le côté, main sur la joue, montre la tristesse, comme on peut le voir dans le « siège du château d’Amour » (vers 1325-50. musée du Louvre) présenté au début de l’exposition. Les corps sont déformés pour signifier, comme les Vierges littéralement « cassées » en deux au niveau des lombaires dans les déplorations du Giotto à Padoue en 1305. Plus près de nous, au XIXème siècle, l’apparition de la photographie qui permet de conserver nos images, et de la psychanalyse qui permet de les analyser plus profondément, ont révolutionné ces représentations, ce dont cette expositions rend compte avec les œuvres récentes de Dali, Music, Fautrier ou Boltanski.
Comment regarder les gestes et expressions. Barbara Pasquinelli. éd. Hazan/ Guide Hazan
Léonard de vinci définit son art comme une poésie « muette ». En effet, les expressions, postures et gestes se substituent au mots. « les mouvements de l’âme s’expriment à travers ce langage non verbal qu’est celui du corps ». Ce guide propose de le déchiffrer à travers dix chapitres : les gestes descriptifs, qui illustrent un caractère, les gestes expressifs qui traduisent un état intérieur, les gestes de communication qui soutiennent souvent nos discours, les gestes de déses poir, qui sont liés à la souffrance, les gestes obscènes, les gestes rituels et un chapitre consacré à la communication avec Dieu. Ce guide permet, avec quelques exemples d’utilisation, de comprendre la complexité et la richesse de ce langage des gestes et expressions.
Le théatre des émotions . Éd Hazan
Le catalogue de l’exposition est un véritable outil de travail. Le texte de Dominique Lobstein étudie précisément l’évolution des codes esthétiques, en partant de la célèbre Iconologie de Cesare Ripa publiée à Rome en 1593. Ce texte fondateur est omniprésent dans les ateliers d’artiste jusqu’au XXème, car il leur est nécessaire pour fonder un langage visuel. Dès la seconde édition en 1603, 150 illustrations sont ajoutées au texte de Ripa, qui précisent les signes que les artistes utiliseront désormais. L’exposition présente la troisième édition de 1636, avec les célèbres gravures de Jacques de Bie. Sans ces images, il serait vain de comprendre des œuvres aussi différentes que la vertu de Vouet en 1640 ou la liberté guidant le peuple de Delacroix en 1830 : sa figure de la République, seins nus dans un drapé jaune vif, fusil d’une main et drapeau le la nouvelle République française de l’autre montre son origine dans le texte de Baudouin en 1636 « elle est nue jusqu’à la ceinture (…) sa nudité signifie qu’il n’y a jamais de fard dans les actions glorieuses, parce qu’elles paraissent à découvert en quelques temps que ce soit. La sphère qu’elle port [ici transformée en fusil], que lqes considérations d’ici-bas ne l’obligent pas tant à des exploits héroïques, que celles du ciel où elle se promet la récompense de ses travaux : et l’image qu’elle soutient de la main droite, qui est celle de la Victoire [ici le drapeau] ; quelles sont toutes deux inséparables, puisque l’une assurément est l’effet de l’autre. » Les deux textes suivants du catalogue, sur les dessins de Le Brun et Grandville poursuivent et approfondissent cette analyse, avant que Jérôme de Wijland, conservateur en chef de la bibliothèque de l’académie de médecine, ne les poursuive avec l’analyse des photographies de Duchenne de Boulogne. Selon lui, « la photographie seule peu montrer la nature telle qu’on l’observe dans des espèces de manifestations pathologiques ». On voit dans son texte l’opposition entre l’analyse scientifique de Duchenne, et les déformations qu’ils trouve chez Poussin ou le Caravage. Ses photographies ont exercé une influence sur le travail de Charcot à l’hôpital de la Salpêtrière, ce dont témoigne le dessin de Richier, présenté dans l’exposition. On pourra regretter que ces analyses ne se poursuivent davantage vers l’univers de Dali ou des peintres surréalistes, mais cela aurait sans doute nécessité bien des salles (pour l’exposition) ou des pages supplémentaires(pour cet ouvrage).

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