Avant d’aborder les fleurs de Nolde, j’aimerais faire une détour par celles de Jawkensky exposées l’an dernier à Marseille.
l’exposition montrait combien le peintre a forgé son style au contact des artistes rencontrés à Munich ; il y arrive en 1896 de Russie, et suit alors les cours de Anton Azbe avec sa compagne Marianne von Werefkin.
La « nature morte avec livre et pichet » témoigne de l’influence de l’école de Munich sur ses débuts, avec ses tons gris et bruns et ses empâtements.
la « table noire » de 1901 témoigne de son intérêt pour la composition, avec le rabattement du plan de la table dans la surface du tableau. Jawlensky est de plus en plus influencé par les nabis : « se basant sur le concept de synthèse tel que l’avait défini Gauguin, ces artistes aspiraient à articuler apparence extérieure et évocation de l’intériorité » (Angélica Affentranger-Kirchrath dans « méditations sur les fleurs et les couleurs » dans le catalogue de l’exposition). Cela le conduit à inventer un nouvel espace, plus mobile.
Cet espace s’est peu à peu affirmé au fil de son travail par série, tel qu’il l’élabora à partir de sa première série réalisée pendant la première guerre.
Jawlensky était contraint de rester toujours au même lieu et de peindre toujours la même vue, de Saint Prex en Suisse. Voici deux versions différentes dans lesquelles on voit les motifs et les couleurs gagner en autonomie.
Dans le même temps, il s’est intéressé à nouveau aux natures mortes comme on le voit ci-dessous.
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Dès cette époque, il donne de plus en plus de force aux couleurs et aux formes. Cela s’accentuera encore quand au début des années 30, alors même qu’il traverse une grave crise existentielle.
Depuis 1929, il se sait atteint d’une polyarthrite incurable qui allait le clouer au lit de plus en plus, alors même que les nazis l’empêchent de plus en plus d’exposer.
Dans ce contexte très sombre, les fleurs envahissent davantage son cadre de vie et son œuvre. Chaque jour de 1934 à 1937, son épouse Hélène et son assistante Lisa Kümmel réarrangeait les bouquets qui sont un réconfort importants pour le peintre qui ne peut plus désormais quitter sa chambre. Angelica Jawlensky Bianconi attribue aux quelques 200 natures mortes qui sont alors crées la même importance qu’aux visages qui ont fait la célébrité du peintre. « il ne s’agissait pas pour lui de simplement reproduire ce qu’il voit, mais de condenser les données visuelles pour les affranchir de tout contexte descriptif en une accentuation dynamique des couleurs.
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Comme dans les méditation, les larges coups de pinceau horizontaux sont déterminants. Intériorisant la réalité observée, Jawlensky crée des images au parfum de fleur, non pas les fleurs elles-mêmes, mais l’essence de la fleur.
Ce qu’il saisit, c’est la floraison – de manière semblable à Paul Klee, qui dans son tableau précisément intitulé « Floraison », de 1934, avait cadpturé le phénomène de la croissance et du devenir .’ « (Angelica Affentranger-Kirchrath in catalogue »jawlensky, la promesse du visage » p76). Ces bouquets n’avaient jamais été analysés à leur juste place : face à ses visages dans lesquels il cherchait à saisir une représentation de la face divine, ou au moins une transcendance, ses fleurs témoignent de la joie simple de l’existence terrestre. .
Ces bouquets sont très proches alors du travail de Nolde qu’il appréciait tout particulièrement.
Dans ses aquarelles de fleurs, il faut tout particulièrement réfléchir à l’ordre dans lequel les couleurs sont posées. Dans l’exemple de « tournesol et Dalhia », on voit qu’il a commencé par le fond gris bleu dans lequel les fleurs bleues violettes se mélangent. des réserves ont été préservées pour que les fleurs jaunes orangées puissent ensuite être réalisées sans que le jaune soit altéré par le fond proche de sa complémentaire. les tiges vertes ont été ajoutées ensuite, mais pas trop tard pour éviter qu’elles ne se détachent trop sur le reste (comme on le voit dans la partie centrale ou le vert diffuse un peu dans le fond.
La réserve sous le jaune orangé permet à ces fleurs de se détacher du fond et donc de se mettre en valeur.
Nolde joue avec le temps. il ajoute de l’eau sur certaines parties pour que le fondu puisse se faire un peu plus tard, alors que pour d’autres parties, il accélère le séchage au contraire.
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Dans ce deuxième exemple, à nouveau, le fond bleu est placé en premier. Les fleurs blanches du centre se fondent dans le ciel. Elles ont d’abord été laissées en réserve, comme les deux fleurs rouges et violettes. certaines tiges aussi ont été laissées en réserve.
les fleurs blanches ont été traitées avant que le fond ne soit sec pour qu’elles ne se détachent pas trop sur le fond.
Toute la richesse de cette aquarelle vient du choix du moment où il faut intervenir, et der la force des couleurs posées.
Je vous propose de travailler sur ce type de motif en partant d’une vue du jardin de Nolde à Seebüll, en choisissant de vous restreindre à seulement quelques fleurs.
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voici quelques dessins réalisés sur ces sujets, d’après un détail de la photo du jardin de Nolde à Seebüll (en haut centre gauche), mais dans ces deux premiers exemple, le rapport entre les parties humides et sèches n’est pas encore assez travaillé. Trop de flou ou de dureté dans les dessins.
Pour continuer, nous avons travaillé sur les fleurs suivantes , choisies justement parce qu’elles montrent des parties nettes et floues, qu’il faut travailler à la fois dans le sec et dans l’humide.
Le dessin de Amhed est particulièrement réussi
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Pour continuer, nous avons travaillé sur les fleurs suivantes , choisies justement parce qu’elles montrent des parties nettes et floues, qu’il faut travailler à la fois dans le sec et dans l’humide.
Le dessin de Pascale est particulièrement réussi.
On peut aussi travailler sur ce bouquet qui m’a été donné hier par quelqu’un qui m’est chère
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