Philippe Cognée au Domaine national de Chambord Jusqu’au 12 octobre

autoportrait. 2014

autoportrait. 2014

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jean d’Haussonville, directeur de Chambord, nous explique combien la programmation d’expositions d’art contemporain est importante dans le domaine national de Chambord. On est loin des expositions très médiatisées à Versailles avec  quelques figures autant célèbres que controversées. A Chambord, Philippe Cognée prend la suite Tatah ou  Rebeyrolle, ou G. Rousse, tous des artistes dont je parle régulièrement dans ces colonnes…. Il ne s’agit pas de réunir ces artistes par le choix de la peinture ou de quelques autres medium, mais par leur du regard posé sur le monde. Les 70 œuvres accrochées au 2nd étage du château montrent l’ « éblouissement »que le peintre recherche face au monde, puis face à la peinture.

Philippe Cognée. Collectif. Ed. somogy

les trois textes de ce catalogue permettent trois approches. La première est historique. François Bon replace l’œuvre de Cognée dans l’aventure moderne. Puis Clélia Zernik, professeur de philosophie à l’ENsBA où Cognée enseigne lui-même, aborde plus spécifiquement l’ensemble exposé cet été à Chambord. Enfin, un entretien de Cognée avec Y.Mercoyrol  permet d’approcher d’un peu plus près la pensée de l’artiste. François Bon, après avoir rapidement résumé la biographie de Cognée – enfance au Benin, école des Beaux arts de Nantes, passage à la villa Médicis à Rome – avant d’en venir à l’essentiel. « Peindre, c’est une façon de dire le monde ». Il parle de violence, violence du monde, violence aussi des distorsions qu’il fait subir à ses sujets. Cognée travaille avec des pigments qu’il mélange à de la cire avant de la chauffer.  Lorsqu’il retire le film protecteur, les couleurs se sont mêlées entre elles, comme si le sujet avait un peu été altéré par  le travail du peintre. François Bon écrit « violence de la peinture contre le peintre : quand ça se défait, quand ça rate ». Cognée est toujours entre deux. Il part de la photographie, « comme séparatrice du monde », mais dans la peinture à l’encaustique qu’il utilise,« j’oublie de sujet qui est dessous ». Il travaille toujours dans cet entre-deux, entre le réel et la peinture. Cela est sans doute le plus sensible dans les portraits où les visages auxquels la peinture nous confronte semblent se fondre sous l’effet de la chaleur qui rend la couleur malléable. Si on les compare aux aquarelles qui illustrent le texte de C. Zernik ( qui sont rarement montrées), cette déformation rend les personnages plus fragiles, et nous renvoient à notre propre fragilité. Cognée dit « je dessine dans un double geste d’écrire et de gommer ou d’effacer », car, dit-il à Y.Mercoyrol, « la vraie ressemblance est dans la captation de quelque chose qui n’apparaît pas dans l’imitation tout court. C’est au-delà. Ce jeu de déformation invite à passer outre, à aller chercher au-delà, à faire surgir ce qui est caché.  […cela introduit] pour le spectateur la nécessité d’un effort pour reconstituer ce que l’on ne voit pas, c’est-à-dire un travail de mémoire ».

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