Le legs Turner conservé à la Tate depuis son ouverture en 1897 a permis la réunion de la plus importantes collection des œuvres de Turner. Ainsi en avait-il décidé dès 1831, vingt ans avant sa mort. La collection est prodigieuse, mêlant les carnets où Turner consignait les notes prises sur le vif, avec les aquarelles plus abouties qu’il réalisait de retour dans son atelier ou dans l’hotel où il résidait, et les huiles . L’exposition couvre l’ensemble de sa carrière, depuis ses premiers paysages empreint d’idéal, jusqu’à ces dernières ébauches et notes qui font sa célébrité dans le monde contemporain. Il ne s’agit pourtant pas d’une rétrospective exhaustive, mais plutôt d’une anthologie qui couvre tous les voyages qu’il ne cesse d’entreprendre dès que la paix lui permet de parcourir l’Europe. Ainsi par exemple de l’aquarelle « Dinant, Bouvines et Crevecoeur : coucher de soleil » : l’exposition présente toute une série peinte sur ce papier bleu. Les touches d’aquarelle sont vives et contrastées. On croit le voir travailler sur le motif comme le front bientôt les impressionnistes qui lui doivent tant. Le clocher qui se détache dans la brume ou les reflets sur l’eau ont la fraîcheur de l’observation première.
Il n’en est rien pourtant : Turner travaillait la plupart du temps en revenant dans son hôtel, de mémoire et à partir des notes rapides prises dans ses petits carnets. Ceux-ci ne sont pas exposés au musée, mais l’état plus ou moins poussé de ses aquarelles permet néanmoins d’imaginer son travail. A partir de ses notes, il traçait quelques traits au crayon avant de couvrir la feuille d’humidité où il laissait les taches colorées se diffuser dans l’espace. Les huiles présentées dans l’exposition ont été travaillées de la même manière, en y ajoutant toutefois de la matière, au couteau ou à la brosse.
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